Je suivis Marco dans les différents couloirs de la Tour. Si j'avais récupéré maintenant toute possession de mes sens, j'étais complètement perdue dans ce nouvel environnement. Les hommes de Riccardo nous avaient laissés dès le départ de ce dernier.
Marco, l'homme qui s'était présenté avec Riccardo, apparaissait moins bavard que son chef. Il m'avait longuement étudié.
— Tu peux marcher ? s'enquit-il.
J'avais répondu par un hochement de tête.
— Très bien.
Puis il s'était retourné avant de sortir du box.
Comprenant l'ordre dissimulé de le suivre, je m'étais relevée péniblement avant de le talonner. Nous étions dans un immense parking sous terrain. Seules quelques voitures trônaient. Je me sentais toute petite au milieu de cet espace.
J'observais l'endroit d'où je venais en lançant un regard par-dessus mon épaule. Sur ce côté du mur, des box, qui auraient pu être des places de stationnements couvertes, se succédaient.
En réalité, elles étaient sans aucun doute prévues pour offrir aux invités de Riccardo un accueil aussi chaleureux qu'il m'avait été destiné. Mais plus j'y pensais, plus j'étais sûre que mon traitement ait été réellement cordial, à la manière de Riccardo. J'osais à peine imaginer les choses que fabriquaient les hommes de Riccardo dans ces box.
Je suivis Marco qui marchait à grandes foulées jusqu'à deux accès. La première, qui, je supposais, menait aux étages de la Tour, une autre, bien plus large, pour en sortir. Était-ce la seule ?
Marco poussa la porte du poing puis se retourna pour me la tenir. Cette attention me perturba, mais je tâchai de rester de marbre. Il se remit en route, et je continuai mes observations. La cage d'escalier était éclairée par des néons qui laissaient transparaitre des larsens, faisant vibrer mes tympans. Les murs étaient peints d'une couleur grisâtre qui s'écaillait par endroit.
Mon regard se posa sur Marco. Ses épaules tombaient vers le sol alors qu'il avançait l'échine basse. Il progressait d'un pas léger, mais semblait guider comme un automate. Je lassais ma tête penchée sur le côté pendant que je détaillais cet homme étrange. D'un évident calme absolu, il jouait pourtant nerveusement avec la peau de ses ongles. Peut-être que ma présence ne l'enchantait pas.
Au même moment, nous passions un niveau et mes yeux s'attardaient sur l'inscription de celle-ci : « Étage des combats ».
Marco s'arrêta et tourna son œil brun dans ma direction.
— Ne t'inquiète pas, tu auras bien assez de temps pour venir ici. Ne sois pas si pressée.
Je le contemplai, la bouche ouverte.
— Mais que fabrique-t-on dans cette salle ?
Marco esquissa un demi-sourire en posant un regard sur moi que j'aurai pu qualifier d'amical.
— Tu le découvriras bien assez tôt. Je laisse Riccardo faire les présentations, il les aime... remarquables.
Son ton résonnait différemment de celui de son confrère. Là où Riccardo aurait été malveillant ou sarcastique, Marco paraissait las.
Il reprit son chemin et je devinai que la discussion était close. Nous nous arrêtâmes à l'étage supérieur. Je fronçai les sourcils en lisant « réfectoire ». Je pensais qu'on allait à l'infirmerie.
Je n'osais pas poser de questions. Alors que j'allais le suivre, il me fit signe de patienter devant. Il s'y engagea rapidement et revint une minute après. Une sacoche dans les mains.
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La Tour
General FictionAlek Tavares reçoit une offre d'emploi pour le moins mystérieuse. Elle, qui se retrouve promptement au pied du mur, voit ce signe comme une chance à saisir. Mais elle ne se rend pas encore compte dans quel monde elle a mis les pieds. Le moins que l'...