CHAPITRE 2 | Des amies

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Orphelinat des Pinsons, 30 mars 2020 :: 20h14

[ pdv Charlie ]


Quand Alizée a commencé à me parler j'ai su qu'elle n'était pas comme les autres guignols qui me regardait, je le savais.
Elle était différente, je l'avais senti sans vraiment savoir ni pourquoi ni comment.

Mais là, je remis en question mon jugement soudain.

Comment peut-on rester ici quand on a vu ces choses ? Je commençai à douter de la santé mentale de ces gens.

« — Hum... Je partirai ce soir, dis-je d'une voix égale.

Mais t'es folle ?! s'exclama Alizée, inquiète.

Nan, juste libre, me défendais-je, je ne sais pas pour toi, mais moi, je ne veux en aucun cas être prisonniers comme vous l'êtes ! Cette dame vous exploite sans même que vous vous en rendiez compte ! Moi, je veux être libre. »

Alizée sembla réfléchir.

« — Mais, et si jamais on te rattrape ? Tu y as pensé ? Je ne peux pas laisser Mme Rasscoff te faire du mal et encore moins te tuer... me dit-elle, attristée. »

Perplexe devant sa réponse, je songea. Jusqu'à maintenant personne, hormis mes parents adoptifs, ne m'avait accordé de l'importance, alors de là à se soucier de ma vie !

D'habitude, je ne montrai guère mes émotions mais je ne pit m'empêcher, sous le coup de l'affection d'esquisser un sourire.

J'aurais tant voulu lui dire que je ne craignerais rien, qu'elle n'avait pas à s'en faire. Or, il y avait des chances que ce soit faux, et je détestais mentir.

Je chassa ces pensées sombres d'un coup de main et regarda Alizée.

« — Mais tu peux rien y faire, tu serais prête à me suivre dehors ? Tu ne me connais à peine. »

La jeune fille ouvrit la bouche pour répondre, quand Sasha débarqua dans le couloir. Elle paraissait exaspérée.

« — Les autres n'arrêtent pas de vous traiter de sorcières là-bas ! J'ai essayé de les raisonner, mais ils n'ont rien voulu entendre... »

La nouvelle arrivante jeta un comme regard d'excuse dans ma direction.

« — Je m'en fiche de ce que les autres pensent de moi, ils ne me connaissent pas, déclarais-je simplement. »

Alizée, qui avait l'air un peu gênée, expliqua à Sasha mon plan, en accentuant bien sur les risques qu'ils encouraient. Les deux filles avaient l'air très débrouillardes mais aussi très proche. Le problème : pourrais-je vraiment faire confiance à ces deux filles sachant que je ne les connait à peine ? Hésitante, je me tourna vers Sasha comme en attendant une réponse de sa part.

« — Mais je ne connait presque pas Charlie... elle jeta un coup d'œil furtif dans ma direction. Je... Et si c'était le mauvais choix ?

Ne juge pas mes choix sans connaitre mes raisons. l'interrompis-je d'un ton cassant.

Eh bien, quelles sont tes raisons ? déclara-t-elle, irritée. »

Une voix me soufflait de lui raconter mon histoire, de lui montrer que moi aussi j'ai souffert, je voulais lui lâcher à le figure que, si j'était là, c'étais contre mon gré. On m'y avait emmener de force et que si je le pouvais, je sortirai d'ici au plus vite.

Mais je ne le fit pas.

Simplement car je ne voulais pas compromettre mes plans et que paraitre violente ne pourrais en aucun cas, améliorer ma situation.

  « — Simplement car moi, j'ai - enfin j'avais, si ils ne sont pas morts - une famille... Une famille adoptive qui m'ont recueilli à l'âge de 9 ans quand mes parents biologiques sont morts. La semaine dernière encore, tout allais pour le mieux. Puis ils se sont fait emmener en prison par les gardes-montagnes pour un crime qu'ils n'avaient pas commis... Et c'est là qu'on s'est mit en tête de me mettre dans cet orphelinat de dégénérés. »

A peine eu-je fini d'expliquer les faits de ma venue tardive ici que Sasha et Alizée se rapprochèrent de moi et m'enlacèrent. En temps normal, j'aurait repousser quiconque pénétraient mon espace vital, mais je me sentais tellement mal que je ravala ma fierté et posa mon bras sur les épaules des deux filles. 

Le contact avec leur peau me fit comme un choc électrique mais contrairement à tout les chocs que j'avais reçu depuis ma naissance, celui-là était agréable et un frisson de bonheur parcourut mon corp.
J'avais surement juger Sasha plus vite que ce que j'aurait dû mais qu'importe, elles étaient là maintenant.

ELLES | ᶰᵒᵘᵛᵉˡˡᵉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant