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20/10/2022-J-31

J'avais passé une journée pourrie. Premièrement, Mia était absente, pour raison familiale -sur papier, en vrai ses parents l'avaient couverte pour qu'ils puissent sortir tous ensemble-, Mickaël était plus déterminé que jamais à me draguer, Amarok nous regardait de loin, mais de moins en moins loin et de plus en plus mal et Samantha ne daignait même pas regarder son ex, ou faisait des allusions bizarres, à croire qu'elle pensait que je veuille sincèrement le récupérer. Et la cerise sur le gâteau: depuis ce matin ma tête tournait comme une toupie et mon ventre faisait des montagnes russes, à croire que mon corps était devenu une fête foraine.

Bref, après cette journée qui m'avait semblé durer une éternité, je rentrai chez moi. La deuxième paire de chaussures dans l'entrée m'indiquait que ma mère aussi était là. Retenant mon souffle, je cherchai une preuve auditive qu'elle n'était pas réveillée, mais l'exercice devint encore plus compliqué que d'habitude à cause de mon état.

En soupirant et me préparant au pire, j'avançai sans un bruit dans le salon, dans le seul but d'atteindre l'escalier qui était dans la cuisine.

- Violette.

Je me figeai. Visiblement, elle n'était pas endormie. Lentement, je me retournai et fis face au dos du canapé où elle était très probablement assise.

- Viens ici.

Sa voix tremblait, pas de peur, mais parce qu'elle avait entamé son stock personnel dès qu'elle était rentrée. Je pouvais voir les cadavres de bouteilles qui gisaient à ses pieds. Je fis le tour du fauteuil et ne bougeai plus une fois debout à ses côtés. Ne pas rester devant elle, ne pas lever la tête, ne pas lui répondre sauf si elle le demandait, ne pas, ne pas, ne pas...

Je sentis mon mal de tête redoubler tandis qu'une colère sourde m'envahissait.

- Ma mère arrive dans une heure. Range la maison.

- Oui maman.

Son regard noir se tourna vers moi. J'aurais dû paniquer... Qu'est-ce que j'avais fait de mal? Mais au lieu de ça, ma colère augmenta et ma tête me parut exploser.

- Ne me parle pas sur ce ton.

- Et pourquoi pas?

Qu'est-ce qui me prenait? Je le devinai dans les yeux écarquillés de ma mère, c'était moi maintenant qui la fusillait du regard. Mais j'en avais marre. Marre de cette vie pourrie coincée avec elle, marre de son état, marre de celui dans lequel elle me mettait, marre de cette journée, de cette semaine, de cette année et bon sang ce que mon crâne me faisait mal!

- J'en ai marre de tes ordres.

- Parle moi sur un autre ton! Tu m'entends: je ne veux plus jamais t'entendre me répondre! Insolente! Ingrate! Imbécil-

- La ferme! Explosai-je. La! Ferme ! C'est toi que je veux plus entendre!

Si tout s'était passé comme d'habitude, je n'aurais pas crié. Je ne me serais jamais rebellée. Mais rien n'allait comme d'habitude récemment, et surtout rien n'allait comme je le voulais.

Ma mère se leva, au ralenti. Elle s'avança vers moi, et si tout mon esprit semblait vouloir fuir, mon corps ne bougea pas d'un poil. Elle se dressa face à moi, me dépassant d'à peine quelques centimètres.

- Tu es comme ton père.

Ces mots n'auraient pas dû m'atteindre, je les avais entendus mille fois. Mais pour une raison que j'ignorais, cela me vexa. Dans sa bouche, ces mots ressemblaient à la pire des insultes. Et aujourd'hui, ça ne passerait pas.

- Je préfère être comme lui que finir comme toi.

Et alors, elle fit quelque chose qu'elle n'avait jamais fait jusqu'ici: elle me frappa au visage. Une gifle violente qui m'envoya au sol. Mon arcade se cogna sur la table du salon et je pus sentir le sang s'écouler sur ma paupière.

La gueule du loup: L'appel De La LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant