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 Les roues glissaient sous cette neige qui recouvrait la route sur plusieurs kilomètres. Le chemin était dangereux et personne n'osait s'aventurer aussi loin. La route goudronnée se terminait sur un vieux chemin de pavés, c'était là. Après plusieurs longues heures à parcourir des paysages enneigés, je me retrouvais enfin devant l'énorme portail ouvert qui séparait le monde entier de cette ville maudite et froide, Raincliff. Je n'y étais pas retournée depuis des années, cette ville anciennement animée était désormais abandonnée, gelée même en été. Tout avait changé depuis mon départ, les habitants restants étaient partit, en tout cas de ce qu'on avait dit. Mais je me retrouvais aujourd'hui là, dans le cadre d'une enquête sur la disparition de 5 étudiants. Aillant grandit dans cette même ville, on m'avait d'office donné le papier et jeté sur le terrain. Mais il n'y avait personne, pas une âme pour m'accueillir, pas une voix pour me donner d'indice. Enfin, d'apparence. Les étudiants n'avaient pas disparu seuls, sauf en cas d'accident. Est-ce que les Brown étaient toujours présents...? Etaient-ce eux les coupables de l'absence des étudiants ? Je n'osais y penser, la peur m'empêchait d'imaginer ne serait-ce qu'un instant ces retrouvailles avec les Brown. Toutes ces années nous avaient séparés encore plus que les événements aillant précipité mon départ. Je ne pouvais visualiser à quel point la solitude avait du transformer cette fratrie déjà torturée.

  Un vent puissant me servit d'accueil quand mes pas franchirent le portail. Je grelottais déjà sous ce froid paralysant, en un réflexe de survie , je commençais à chercher un appartement accessible, une source de chaleur. Enormément de fenêtres étaient brisées, des pièces pleines de neige et de pluie. La brise murmurait à mes oreilles, faisant doucement danser mes cheveux humides sur mon front. Enfin, une petite maison attira mon attention. Pas de vitres cassées, une cheminée. Je parvins à m'engouffrer à l'intérieur, il ne faisait pas bien chaud, mais le bois sec dans l'âtre promettait un bon feu plein de chaleur. Me servant de mon briquet et de quelques feuilles blanches, la cheminée s'alluma, faisant briller de milles feu la pièce d'apparence toujours habitée. Bien qu'en désordre, ce salon était encore plein des affaires personnelles de son propriétaire, comme si celui ci avait disparu sans laisser de traces. Je me trouvais face à une veste de shérif, était-ce donc son appartement ? Des documents lui appartenait, utiles pour mon enquête je ne pouvais que les lire. Le dernier papier datait déjà de 5 ans, mais tous racontaient des phénomènes surnaturels. Un témoin disait que la ville était hantée, qu'il avait vu de ses yeux des objets voler, se casser seuls. D'autres racontaient que de nombreuses personnes avaient été agressées par des fantômes invisibles. Un jeune enfant avait, quant à lui, assuré avoir vu des traces de pas se former toutes seules dans la neige en direction du manoir Brown. Malgré le son agréable et chaleureux du feu faisant craquer le bois, ces récits me glaçaient le sang. Les fantômes n'existaient pas, mais comment autant de personnes pouvaient raconter les mêmes choses? Ces êtres surnaturels avaient-ils attaqué les étudiants ? Etaient-ils la cause de leur disparition ? Il me fallait le découvrir, pas uniquement parce qu'il s'agit de mon travail mais surtout parce ce que ça concerne ma ville, mon histoire. Et je savais déjà avec précision que, peut importe le lien, les Brown y étaient pour quelque chose.

 Un bâillement m'arrachait à mes recherches, j'avais complètement oublié la réputation malsaine de cette ville. Le poison empestait l'air, fatiguant n'importe qui. Je me protégeais donc la bouche. Déjà 13 ans auparavant, l'explosion de la production des Brown avait contaminé la ville, poussant les habitants courageux à porter des masques. Je ne pouvais pas me permettre de dormir maintenant, encore moins contre mon gré. Réchauffée et motivée par mes récentes trouvailles, je me décidais à sortir pour parcourir les ruelles de la ville. L'air contaminé était dispersé par le vent et la neige, le rendant plus respirable. Je surveillais précautionneusement le sol, à la recherches d'empreintes ou de quelconque indice. Rien n'attirait mon attention, pourtant, ma respiration était plus courte. Preuve d'un sentiment d'être observée, je cessais de scruter les pavés. Mais je ne voyais personne, pas même un animal. Rien. Rien ne semblait me surveiller et pourtant, je le sentais. Les souvenirs des rapports du shérifs vinrent me hanter, mon coeur se serra de peur. Je ne pouvais pas croire à ces prétendus fantômes, et pourtant. Mon regard tentait de percer les ténèbres des ruelles mais la neige rendait difficile, presque impossible, l'accès visible à l'horizon. Chaque mouvements, bien même produits par le vent, mettait tous mes sens en alerte.

RaincliffOù les histoires vivent. Découvrez maintenant