« Eleanor ! Combien de fois faudra-t-il que je te répète de ne PAS toucher à mes affaires ! hurlait la voix furieuse de Dorian dans la chambre d'à côté.-J'ai rien fais ! Tu fermes toujours ta porte à clé en plus ! criais-je pendant que Mortimer ricanait.
-Je ne comprend pas pourquoi il en a après toi alors que c'est évident que c'est Belle qui s'amuse à fouiller dans ses affaires, lâchait Mortimer en riant doucement.
-Il me déteste simplement parce que je ne fais pas partit de votre famille.
-Heureusement que tu ne fais pas partit de la famille, sinon je serai obligé de t'embêter comme j'embête Belle.
-Quelle horreur, » fis-je en riant légèrement.
Le sourire doux de Morti et son rire me faisait instantanément oublier les torts que me reprochait constamment Dorian. Je profitais de la douce chaleur que procurais le feu de cheminé et m'étalais sur son lit comme si je souhaitais prendre tout l'espace.
« Oh qu'est-ce que c'est bien d'être riche, t'en as de la chance, fis-je en baillant sans limite.
-Je suis pas que riche Eleanor, je suis un Brown et ça, c'est moins bien.
-Et bien soyons des riches mais pas des Brown !
-Pas si facile, répliquait Mortimer en riant.
-Tu sais Morti, moi je suis sure qu'on finira riches tous les deux. On vivra dans une grande maison loin de Raincliff et sans Dorian pour crier tout le temps, je le pensais, vraiment. L'idée de vivre avec Mortimer était incroyable, un quotidien toujours drôle.
-Je l'espère, tu me promets que tu ne changeras d'objectif ?
-Promis, m'écriais-je avec joie. La promesse d'un avenir heureux avec lui était le plus beau cadeau que pouvait m'apporter la douleur de quitter Raincliff.
-Vu que je suis déjà riche, je t'aiderai à l'être aussi de toute façon, ricanait Mortimer.
-Tu as intérêt, quel plaisir de se vêtir dans de beaux vêtements, de dormir dans un grand lit auprès d'un doux feu de cheminée. En plus, Belle a eu un tigre pour son anniversaire. Tu t'en rends compte toi ? Un tigre ! Je ne comprend même pas comment vous comptez vous en occuper, vous avez un enclos au moins ? Et la nourriture alors ? Ça mange quoi un tigre de toute façon ? »
Mortimer m'écoutait parler sans m'arrêter avec un léger sourire, il était habitué à mon caractère bavard et ne me l'avait jamais reproché, c'est ce qui me faisait tant l'aimer. Je m'étais toujours demandé comment Morti faisait pour ne pas m'arracher la langue, mais il était toujours resté indulgent, buvant presque mes paroles. Il avait un sourire particulier dans ces moments là, comme si il aimait ma mauvaise habitude à trop parler. Ce sourire, je ne l'ai vu que sur lui. Cette impression d'être acceptée, seul lui la procurait. Mortimer, son calme et sa douceur si apaisante, son intelligence et sa maturité. Il était un pilier pour moi, une béquille pour avancer dans la vie. Raincliff, plus les années passaient, était devenue une ville très froide. Les habitants sortaient peu, la crainte du patriarche des Brown hantait les rues anciennement animées. Mes parents se désespéraient de me voir fuir tous les jours en direction du manoir des Brown, mais je n'y croisais que Morti, Belle et Dorian, leurs parents trop occupés en dehors de la maison. En ces temps d'hiver, je ne me voyais plus fuir avec Mortimer à la tour, ou encore au moulin, je devais alors prendre le risque de croiser l'homme qui hantait tant la vie de ses enfants. Je ne l'avais jamais vu, pourtant. Voilà déjà 7 années que je fréquente les Brown mais jamais mes amis n'avaient accepté que je rencontre leur père, de toute façon très occupé et peu présent. Toujours au travail d'après Morti, toujours dans son bureau d'après Dorian. De nombreuses rumeurs couraient sur lui, certaines plus farfelues que d'autres. Quelques personnes l'appelaient même « le baron sans tête », de quoi faire frissonner le pauvre peuple de Raincliff qui ne pouvaient plus que chuchoter sur cette famille si puissante mais étrange.
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Raincliff
Mystery / ThrillerRues froides, abandonnées. La neige termine son voyage depuis les cieux sur les dalles gelées de l'allée. La ville, privée d'âmes, possède l'odeur de la peur, du désespoir. Quelconque voyageur changerait de chemin face à ces façades obscures et ce s...