Prologue

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Une chambre d'hôtel sordide, des rideaux miteux aux fenêtres, un éclairage vacillant et des draps tachés, voilà le lieu qui accueillerait Magnus et son client du soir. Le jeune homme alla s'enfermer dans la minuscule salle de bain attenante à la chambre pour se préparer. Il réprima un frisson de dégoût en voyant des tâches douteuses sur les WC et se concentra sur sa tâche, se lavant soigneusement avant de ranger son matériel dans son sac et de rejoindre son client. Ce dernier était déjà nu, assis contre la tête de lit, branlant son sexe déjà dressé. Son regard capta celui de son amant d'un soir et s'illumina de concupiscence.

ー Viens me sucer. Ordonna l'homme.

Magnus s'avança du lit de sa démarche féline et grimpa à quatre pattes sur le lit en avançant lentement vers son client. Arrivé à hauteur de son sexe, il s'abaissa vers elle pour en embrasser la longueur avant d'y dérouler un préservatif pour le prendre dans sa bouche. Il s'activa sur la queue bandante de son client, un homme d'une quarantaine d'années probablement père de famille, hétéro-curieux à la recherche d'un frisson d'extase a l'idée de baiser le cul d'un petit jeune. L'homme agrippa les longues mèches de cheveux du jeune prostitué, et s'enfonça brutalement dans sa gorge jusqu'à se répandre dans la protection de latex dans un rugissement rauque.

Magnus s'éloigna, s'asseyant sur ses talons et essuyant le filet de salive qui avait coulé sur son menton. Il déglutit, ignorant la légère douleur de sa gorge meurtrie. Il avait l'habitude de la brutalité de ses clients, et parvenait parfois à y trouver une forme de plaisir ou même de puissance. Magnus avait beau faire ce métier par besoin d'argent, il en appréciait malgré tout certains aspects. Il prenait son pied a se faire baiser rudement, et chaque orgasme qu'il arrivait à voler à ses clients était en quelque sorte une victoire sur eux mais aussi sur toutes les personnes qui jugeaient son métier. Certes il n'aurait jamais choisi d'être pute s'il en avait eu le choix, mais en tant qu'enfant ballotté d'orphelinat en familles d'accueil toute sa vie, il désirait ardemment faire quelque chose de sa vie. Ne plus dépendre des autres, trouver sa voie et dire merde à tous ceux qui un jour avaient pu douter qu'il saurait s'en sortir. C'est ainsi que Magnus avait choisi d'intégrer et d'étudier les beaux-arts. Malheureusement cette filière étant extrêmement coûteuse, il lui avait rapidement été nécessaire de trouver un moyen de gagner de l'argent en quantité suffisante pour vivre et payer ses études. Prostitué s'était imposé à lui. Le plus vieux métier du monde et qui payait suffisamment pour subvenir à ses besoins.

Il fut tiré de ses pensées par une main rude se posant sur son épaule pour le faire basculer en avant, visage plaqué sur les draps tachés du lit, fesses en l'air. Le client de Magnus écarta ses fesses sans douceur et y planta aussitôt deux doigts à peine lubrifiés. Le jeune homme serra les dents en tâchant de ne pas grogner de douleur. Il avait beau avoir l'habitude des clients rudes, il éprouvait toujours un pincement de douleur lorsque ceux-ci le pénétraient sans lubrifiant. Heureusement pour lui, certains avaient un minimum de douceur avec lui et prenaient le temps de le préparer correctement, mais ils n'étaient pas bien nombreux.

L'homme retira ses doigts et après avoir enfilé une nouvelle protection, il pénétra brutalement Magnus et sans attendre qu'il puisse s'habituer à sa présence, il se mit à le bourrer de coups de reins rapides. L'étudiant se mordit la peau de la main pour ne pas crier de douleur ni de crisper, puis il se força à laisser sortir des gémissements sensuels pour attiser son client. Peu à peu, et grâce à quelques coups bien placés sur sa prostate, la douleur céda la place au plaisir et Magnus se mit à gémir plus fort, plus voluptueusement. C'était le moment qu'il aimait le plus dans son métier, dans ce putain de métier qui l'enfermait parfois dans une spirale obscure: le plaisir qu'il arrivait à arracher a ces étreintes dégradantes et impudiques. Car oui Magnus parvenait dans la majorité des cas à prendre son pied et c'était ce qui le grisait tout en l'aidant à tenir le coup, passe après passe.

ー Ah putain tu as un cul tellement bandant ma petite pute, tu aimes ça hein, que je t'explose la rondelle, que je te prenne comme une chienne en chaleur? Gronda le client en s'accrochant férocement aux hanches du prostituté.

Magnus se contenta de crier au moment où la jouissance le faucha et qu'il éjacula sur les draps à la teinte douteuse. Son client ne tarda pas à le suivre quand le cul du jeune homme se crispa sur sa queue. Il rugit de plaisir en donnant quelques derniers coups de butoir et il se répandit dans le préservatif avant de s'affaisser contre le dos de Magnus. Ce dernier se dégagea de l'étreinte qui le répugnait soudain et se leva pour se rhabiller rapidement.

ー Tu t'en vas déjà ? Demanda l'homme en se retournant sur le côté pour le regarder s'habiller.

ー L'heure est finie. Répondit simplement Magnus en posant son regard vert ambré sur son client. Donne moi mon fric, que je rentre chez moi.

L'homme dévisagea longuement l'étudiant, avant de se lever à son tour et d'aller chercher dans son pantalon les billets dûs pour la passe. Il les lui tendit avec un sourire et retint sa main au moment où Magnus les saisissait.

ー Merci pour cette belle baise, j'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir un de ces jours, un cul comme le tien ça ne s'oublie pas.

Magnus força un sourire sur ses lèvres et tourna les talons pour quitter la chambre sordide sans un regard en arrière pour son client. Il ne savait pas s'il le reverrait ou pas, mais si ça devait être le cas, tant qu'il payait le prix, Magnus accepterait la passe, après tout c'était son métier...

The Price to PayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant