32. Tu n'auras jamais le droit au bonheur

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Lorsque Mayze se réveilla, elle ne dit rien. Elle attendit juste que son heure arrive. Elle vérifia dans une poche de son pantalon qu'elle avait toujours la dague de Rav. Elle la lui avait dérobée alors qu'il la portait. Pauvre fou. Idiot. Elle lui trancherait la gorge avec, ça serait drôle. Se faire tuer grâce –ou à cause ?- de sa propre arme était assez ironique. Et elle aimait ça, l'ironie.

Quand Layre fit son entrée, elle soupira de dépit. Elle tentait de cacher son angoisse du mieux qu'elle le pouvait mais d'un autre côté aussi, elle commençait à trouver ce petit jeu assez ennuyant. C'était assez étrange en fait. Elle avait juste hâte que ça se termine, d'une façon ou d'une autre.

— Comment te sens-tu aujourd'hui ?

— D'humeur assassine, rétorqua-t-elle.

Layre émit un petit sourire mauvais.

— Tu n'es pas en position de force, Mayze, aussi tu ferais mieux de montrer un peu plus de respect.

— Aucun de vous ne mérite mon respect.

— Hum. Zane t'as pourtant aidé, n'est-ce pas ?

Elle laissa le silence répondre à sa place. Layre s'approcha d'elle et lui enfonça une aiguille dans le bras. Mayze serra les dents. Elle avait envie de se jeter sur lui et de l'étrangler.

— Ne t'a-t-il pas libérée ? Et Ax ? Ce bellâtre te plaisait bien aussi fut une époque.

— Ce sont des traitres, cracha-t-elle.

Elle commençait à transpirer à grosses gouttes en fixant la menace du pouce de son frère qui attendait de presser le contenu dans ses veines. Il caressait le pressoir, comme s'il savourait ce moment. Oh, il savourait sûrement au vu de son petit air supérieur. Elle savait qu'elle allait avoir mal, très mal.

— Oui, j'ai entendu les rumeurs. Et je trouve ça cocasse. Tous ceux qui t'entourent te trahissent, Mayze. Tous ceux que tu aimes t'abandonnent. Combien de temps avant que ce ne soit le tour de ton petit contrebandier ? Je me le demande. Peut-être l'a-t-il déjà fait ? Après tout, personne n'est venu te sauver.

Et même si Mayze savait que c'était faux, elle ne put s'empêcher de réagir à ces paroles. Les larmes perlèrent aux coins des yeux alors qu'une douleur semblait éclater dans sa poitrine. Une douleur qu'elle avait toujours contenue au plus profond d'elle-même.

Elle était seule.

Tout le temps.

Celle qu'on laissait de côté, qu'on rejetait, qu'on méprisait, qu'on montrait du doigt, qu'on voulait tuer, qu'on bannissait. Celle qui était trop folle, trop faible, trop imprévisible, trop meurtrière. Celle de trop.

Parfois elle aimait entendre les voix. Ca lui donnait le sentiment d'être accompagnée. Mais c'était dans sa tête, elle le savait bien. Mais les autres se demandaient-ils seulement si elle avait choisie d'être ainsi ? Non, jamais. Sauf son frère, mais même lui... Même lui l'avait quitté.

Une larme roula sur sa joue pâle et creusée. Layre profita de ce moment de faiblesse pour presser le contenu de la seringue et l'envoyer dans l'organisme de sa sœur. Il lui chuchota des insanités pendant qu'elle se noyait dans la douleur, il lui raconta des mensonges, approfondit ses peurs et sa douleur. Il se devait de la briser à nouveau pour la remodeler.

— Tout le monde te trahi, Mayze. Ca ne vaut plus le coup de se battre. Abandonne la lutte et toutes les souffrances disparaitront, je te le promets. Personne ne t'aime. Tu effraies les gens, tu effraies tous ceux qui t'entourent, alors à quoi bon résister ? Tu ne seras bien nulle part car tu ne le mérites pas. Tu te complais dans la souffrance et tu le sais. Tu ne connais rien d'autre que la mort. Tu n'auras jamais le droit au bonheur. Seulement la mort.

La Folie du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant