III

656 28 4
                                    


Killer le détestait.

Killer le détesta quand ils se réinstallèrent dans le fauteuil, lui sur ses genoux et lui tournant le dos. Killer le détesta quand il le pénétra terriblement lentement, les mains serrées sur ses hanches.

- Je te - mmh - déteste."

- Je sais," soupira Nightmare avec un certain degré de satisfaction.

- Je te hais, même."

Le squelette à tentacules grogna cette fois, la joue appuyée contre son dos. Il était bien, enfoncé jusqu'à la base dans une chaleur accueillante et confortable, et il n'allait pas laisser Killer lui gâcher ça.

- Ferme là," grommela-t-il en laissant ses mains vagabonder sur les côtes blanches d'un tueur très embarrassé. Il était de bonne humeur ; il ne bougeait même pas le bassin, attendant patiemment que son partenaire s'ajuste.

Malheureusement le partenaire en question ne semblait pas réceptif à sa gentillesse.

- Toi, ferme-là!" siffla-t-il en se tortillant piteusement, ce qui le força à retenir un gémissement. "Et puis d'abord, pourquoi c'est moi qui doit me prendre un truc dans le cul?! Je te dét-"

- J'ai dit FERME-LÀ!" Nightmare lui flanqua un grand coup de hanches pour se faire entendre, resserrant une main sur les vertèbres de son cou. "Tu veux pas profiter un peu?! J'en ai ras le bol de t'entendre chouiner! Si il faut que je te fasse taire moi-même je n'hésiterai pas!"

Il s'attendait à une réplique cinglante. Une protestation. Mais à la place...

- Mnnh..."

...un couinement. De plaisir, qui plus est. Surpris au premier abord, Nightmare finit par s'autoriser un sourire. Quelle plaisante surprise - cette nuit n'arrêtait pas de l'étonner.

- Oh, mon pauvre," susurra-t-il avec compassion.

Killer sentit son visage brûler.

- Je comprends mieux, maintenant."

Sa voix était douce, sucrée comme du miel, et ça n'aurait pas dû faire réagir Killer de la sorte mais pourtant il sentit son âme se serrer, son corps trembler et, malgré lui, son attention se tourner seulement vers Nightmare, qui continuait à lui parler, le visage enfoui contre son épaule.

- Tu aimes ça. Tu veux être guidé, discipliné, obéissant. Tu veux que je te rende obéissant."

- Non," s'étrangla piteusement Killer, fermant les yeux pour essayer de ne plus regarder sa honte en face. La tentative était dérisoire. Nightmare souriait toujours.

- Il n'y a pas de quoi être embarrassé, Killer." Il remonta une main le long de son torse frissonnant, jusqu'à toucher son menton du bout des doigts. L'autre main, qui serrait son cou, retomba jusqu'à ses hanches. "Je peux t'aider. Considère ça mon remerciement pour m'avoir appris à me... dérider."

Nightmare avait commencé à donner de petits coups de bassin réguliers, presque gentiment, affectueusement. À chaque fois qu'ils étaient de nouveau réunis la respiration de Killer se hachurait, dans sa tentative désespérée de retenir ses bruits. Il en avait tellement envie. Il avait envie d'être malléable et docile dans les bras de son chef, d'être contrôlé et, en un sens, rassuré.

Or une part de son esprit faisait toujours front contre cet idéal qui paraissait autrement évident (l'idéal de la soumission totale. De la douceur et de la protection d'un maître absolu. De la caresse d'un tentacule).

Il finit par admettre, dans le secret de son esprit, que Nightmare disait la vérité. Il avait besoin qu'on le rende obéissant. Qu'on le brise et qu'on ramasse les morceaux pour le remodeler en quelqu'un de plus sage et plus bon.

Full of c⭐mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant