IV/Epilogue?

473 27 13
                                    


Il va falloir que je nettoie tout ça, songea Nightmare. Il était assis dans son fauteuil, rhabillé et couvrant un Killer fourbu (et nu comme un ver) de ses tentacules pour le maintenir sur ses genoux.

La fenêtre qu'il avait entrouverte laissait entrer un léger courant d'air frais. D'un mouvement de la main, il appela à lui l'âme de son subordonné pour la énième fois afin de vérifier encore ses statistiques.

Il n'était pas en train de mourir dans ses bras, ce qui était en un sens, rassurant.

Nightmare finit par trouver la motivation de se lever, soulevant son fardeau avec beaucoup de facilité, et se mit en chemin vers la salle de bain. Un bref son d'agonie émana du squelette blanc, mais une caresse sur la tête le calma aussi efficacement que si il avait été un petit animal endormi.

Killer était parfaitement immobile, plongé dans un profond sommeil qui risquait de durer un sacré bout de temps. Nightmare eut l'impression de laver un mannequin inanimé. Mais au moins, il eut une opportunité de contempler le visage (si rarement détendu) de son petit tueur.

" Mon " petit tueur ? Mais d'où est-ce que ça sort ? songea-t-il en essuyant avec une serviette les traces noires sur les joues dudit tueur. Il savait bien que les larmes sombres couleraient de nouveau plus tard, mais là leurs... ébats en avait étalé des quantités impressionnantes sur les os blancs.

Je ne vois pas pourquoi je me donne autant de mal, pensa ensuite le squelette corrompu en faisant enfiler à l'endormi un t-shirt et un short propres (qu'il avait au préalable réchauffés sur le radiateur). Il le récupéra avec précautions dans ses bras et se mit en route vers sa chambre.

(La chambre de Killer. Il n'était pas non plus assez dérangé pour foutre un de ses subordonnés dans son lit bien-aimé.)

La pièce... Faisait carrément pitié à voir, honnêtement. Il y faisait sombre et il y avait de la poussière et des déchets partout. La couverture avait été traînée en boule sur le sol, et les draps se faisaient la malle du lit, révélant une multitude de petits sachets et paquets de clopes coincés entre la housse et le matelas.

Nightmare repéra quelques bouteilles qui dépassaient de sous le lit. Ce qui le dérangea plus, cependant, fut la puanteur indescriptible qui hantait la pièce. Lui qui avait humé les effluves cadavériques d'HorrorTale, qui s'était tenu debout parmi des champs de corps pourrissants, fronçait violemment tous les muscles inexistants de son visage osseux depuis qu'il avait mis un seul pied dans la pièce.

Hors de question. Il n'avait pas lavé Killer pour le coucher dans cette... cette porcherie.

Nightmare détestait avoir l'impression de ne pas savoir quelque chose, il détestait qu'on lui reprenne quoi que ce soit des mains, et il détestait avoir fait le moindre effort pour rien.

C'est donc tout naturellement qu'il fit un demi-tour rapide pour prendre le chemin de sa propre chambre.

Le contraste le soulagea. Les draps parfaitement lisses et repassés, le sol brillant, les carreaux impeccables – il inspira profondément avec un grondement satisfait la douce odeur de la propreté.

Le second contraste de voir les os blancs de Killer dans ses draps noirs lui plut encore plus. Assis sur le bord de son lit, il resta un moment à caresser la joue du squelette profondément endormi.

Le soleil se levait derrière les rideaux épais. Nightmare était parti nettoyer le bureau. Killer rouvrit un œil et toucha sa bouche où il l'avait embrassé avant de sortir.

Quelque chose avait été planté au beau milieu de son âme, mais au lieu d'en mourir il eut, brièvement, l'impression d'en être plus vivant.

(Aucun des deux squelettes ne connaissait les mots 'Je t'aime'. Mais ils savaient ce que voulait dire une lueur plus douce dans un œil glacial, ils savaient ce que ça voulait dire de manger ensemble le repas d'Horror, ils savaient ce que ça voulait dire de partager une bouteille ensemble à l'occasion.

Ils comprirent la vraie signification de deux mains qui se frôlent en se passant un briquet. Et, quelque part, ils en furent plus heureux.)











bon anniversaire en retard <3

Full of c⭐mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant