La folie a toutes sortes de nuances...
Mais il se pourrait que Ella Sloane soit la plus pourpre d'entre elles.
Pour Zade Alridge, célèbre courtier qui a la bourse dans le sang, parier sa vie sur des actions est une chose qu'il fait tous les jours...
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Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir foutre avec un prêtre ? Sa soutane va-t-elle nous permettre de récupérer nos fortunes ?
Assis derrière le siège d'Ella qui s'est arrêté à un feu rouge, mon genou bat la mesure de l'anxiété qui ravage ma poitrine. Je me penche sur son épaule et fronce les sourcils, bien déterminé à obtenir des réponses.
- Je commence à en avoir marre de toujours devoir te demander des explications, Ella. Je crois qu'on a bien dépassé le stade, à ce point-là, non ?
- Ah oui ?
- Ouais. Au moment où je me suis pris une balle pour toi.
- Tu t'es fait tirer dessus parce que tu n'as pas fait attention à Nick. Pas pour me protéger. Ne prétends pas être un sauveur, alors que tout ce que tu es, c'est un boulet.
Je l'étranglerais bien avec sa ceinture de sécurité.
Néanmoins, je n'ai pas l'occasion de plus l'insulter mentalement. Inclinée sur son volant, Ella récupère son souffle. Elle aussi, est sérieusement amochée. Les coups qu'elle a reçu ont fait creuser des cernes violacés sous ses yeux que je capture depuis le rétroviseur et je m'en mords la lèvre. Si j'avais su dès le début ce que cette voiture représentait pour elle, je l'aurais aidé sans sourciller.
Rien que pour voir la tête de Judd, quand il aura vu l'un de ses trophées disparaître de sa liste...
Mais je n'aurais jamais cru qu'elle en était elle-même un.
Je devrais ressentir de la peine. De la compassion. De la pitié.
Sauf que c'est impossible, avec elle.
Ella est bien plus forte que ce que j'imaginais. Bien au-delà du strass et des paillettes, de sa féminité si envoûtante qui tenterait les plus repentis des hommes... Elle représente la vengeance à l'état pur.
Un véritable brasier.
Je prends donc mon mal en patience et tandis qu'elle scrute avec impatience le feu rouge, je croise mes mains sur mes genoux et l'interroge :
- Je peux te demander quelque chose ?
- Si c'est par rapport à Karel, je t'ai déjà dit que tu verras bien le moment venu... grogne-t-elle en me décochant un regard agacé.
- Non, lui assuré-je en m'avançant. Non, je voulais savoir pourquoi maintenant. Pourquoi tu as attendu tout ce temps, avant d'agir.
- Ah... Le moment opportun s'est pointé.
- C'est-à-dire ?
- Judd m'a laissé toute seule à la maison pour la première fois depuis que nous sommes fiancées.
Maman, j'ai raté l'avion version la Casa De Papel.
Je souris, intrigué et incline la tête pour mieux la regarder. Dans la lumière rouge, son visage s'affine comme s'il avait été dessiné au pinceau. Quel genre de maître fou a osé façonner une si grande beauté fatale ? Et pourquoi l'avoir infligé à une femme comme elle ?
