Chapitre 4, Fêter la nouvelle année

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C'est alors que je vois la tête toute innocente de Jacques. Ce petit bout, tout timide, tout calme, qui a du mal avec les codes sociaux de la société dans laquelle nous vivons. J'avais presque oublié qu'il aimait la compagnie de Liam, il était toujours doux et patient avec lui. J'étais tellement obnubilé par mon mal être que je n'ai pas pensé une seule seconde à donner une quelconque explication à mes neveux qui se sont attachés à leur « tonton » d'adoption.

Je m'en veux. Et pendant que je cogite encore et encore dans ma petite cervelle. Un ange passe dans la pièce. À ce stade-là, c'est plus un ange et mais une armée carrément. Je décide de prendre la parole en faisant signe à Jacques de me rejoindre.

- « Tu sais, parfois, les adultes sont heureux ensemble et d'autres fois, ils deviennent malheureux, commençais-je, pendant qu'il s'assoit sur mes genoux sans me lâcher du regard. Parfois, on tombe amoureux et d'autres fois, l'amour s'en va. Alors je sais que c'est peut-être un peu compliqué de comprendre à ton âge.

- J'ai quand même 6 ans me dit-il tout fier, une moue boudeuse du sous-entendu que je viens de faire.

- C'est vrai, rigolais-je. Et d'un coup, la tension, avant palpable diminue. Chacun regarde notre petit enquêteur avec tendresse. Je poursuis : Liam n'est pas venue ce soir car nous ne sommes plus heureux à deux mais ça ne veut pas dire qu'il ne sera plus heureux avec toi. Seulement, vous vous verrez moins, maintenant.

- Pourquoi ? Demande-t-il de toute son innocence.

Mon frère intervient alors :

- Parce que maintenant, il aura moins d'occasion de venir à la maison puisqu'il n'est plus avec tata. »

Jacques semble comprendre en hochant la tête. Mais savoir le manque qu'il va ressentir pour son ancien tonton me brise le cœur.

***

L'intervention de mon neveu fut bénéfique. Même si j'ai dû parler de ma rupture, dans les détails les plus discrets. Je suis contente que ce soit Jacques qui est posé la question. Donnant de la tendresse à la scène. Plutôt que si ça avait été mon père, des disputes auraient pu éclatés. Bien que je n'aime pas ma présence au sein de ce groupe, c'est toujours mieux quand ça se passe dans le calme.

J'enfile mon manteau duveteux pendant que Leo s'agrippe à mes jambes comme à mon arrivée. Il me supplie en pleurant de rester un peu plus. Mais le repas est fini depuis il y a bien une heure. Après le café/clope de tout bon fumeur et quelques autres banalités échangés, il est temps pour moi de rentrer.

Leo ne comprend pas mon envie de fuir, et Adam ne comprends pas Leo. Il a une certaine sensibilité, les aurevoirs lui font du mal. Mais Adam ne veut pas l'entendre, alors il s'énerve, lui qui n'est doté d'aucune patience. Le voyant bouillir et haussé la voix sur son ainé, je décide d'emmener Leo avec moi dehors. J'attrape vite son manteau, lui ordonne de le mettre rapidement et le pousse à l'extérieur.

La porte refermée, je souffle, Leo aussi. Je fais un énorme câlin à mon neveu. Je le serre si fort que je me demande si je ne lui fais pas mal. Mais mes doutes s'envolent quand il redouble de poigne en me serrant à son tour. On se comprends. Je m'inquiète pour lui mais je serais toujours là pour me tenir à ses côtés.

Il accepte enfin de me lâcher, nous rentrons, je dis aurevoir au reste de la famille, câline ma belle-sœur, tape dans la main de Jacques et pars à ma voiture. J'insère la clé dans ma portière, et allume mes phares, le moteur ronronne, c'est alors qu'une alarme m'avertit que je n'ai pas attachée ma ceinture. Pour faire taire ce vacarme, je m'exécute et roule vers le portail.

Il était une fois un Noël heureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant