Nous nous sommes rencontrés de nouveau.
Pas dans un bar cette fois, mais bien dans un restaurant, un de son choix.Notre rencontre fut soulignée par une vaste variétés de sentiments. Pour moi, je crois que je ressentis sûrement de la confusion et peu après, sûrement un soulagement des plus ignobles. Elle ressentit du plaisir. On aurait dit qu'elle était joyeuse. Peut-être était-ce le ciel bleu ou le fait que la date de sa mort fut décidée, mais durant notre rencontre, Mme Jisoo ne cessait de sourire. Jamais ce sourire radieux ne s'évapora de son joli visage. Elle mangeait, me regardait, me souriait.
Vint la première vague de confusion.
Pourquoi souriait-elle? Où était passée sa dépression si glorieuse? si ravageuse? Était-ce un acte fourbe? un stratagème calomnieux?
M'avait-elle manipulé à participer dans une illusion aberrante afin de me forcer à montrer de la compassion, aussi inutile qu'elle avait été?
Des misérables fleurs étaient ce que je lui avais offertes. Ces fleurs étaient probablement fanées. Quel mauvais cadeau.
Donner à une femme suicidaire et dépressive des fleurs qui mourront sans attention. Un cadeau carrément aussi momentané que sa vie.« Quel âge avez-vous? » elle déglutit, évita mon regard.
« 19 ans. Bientôt 20 » me répondit-elle et j'hoche de la tête.
« Comment voulez-vous mourir? » quelque chose dans cette question sonnait solennelle. Je l'avais pourtant demandée à plusieurs reprises, à des centaines de personnes différentes, mais jamais je ne l'avais demandée à une suicidaire. Voyant le sourire malicieux de Mme Jisoo, je me dis que rien n'était réellement différent. Chacun souriait quand je lui posais la question. Ils étaient heureux de penser au meurtre, à l'arrêt d'une vie. Mais pourquoi souriait-elle? Elle était celle qui allait mourir. Les autres souriaient dû à un bonheur inhumain, dû au plaisir d'assassiner la personne qu'ils haïssaient, mais quelle était sa raison? La perspective de sa mort la rendait-elle heureuse?
Incompréhension. Encore une fois, ce mot décrivait ma condition.
Puis, vint la vague du soulagement. Une sensation exceptionnelle. Pourquoi devrais-je me sentir mal à la perspective de la tuer alors qu'elle-même ne semblait pas affectée du tout?Elle riait, souriait. Elle agissait comme une fille régulière de son âge. Une femme aimant la vie, une femme étant à la recherche du plaisir, de l'épanouissement de soi-même. Une épicurienne.
« Avec un fusil. Une balle directement dans le crâne. Une mort directe » répondit-elle, pointant sa tempe à l'aide de deux doigts, imitant un fusil d'une façon que je trouvais tragique, mais adorablement enfantine.
Ensuite vint l'inquisition, un maigre nuage en dissimulant un grand, celui d'une mince colère.
« Où est donc passé votre dépression? » mon ton était un peu plus abrupt que je ne le voulais. Mes sourcils se fronçaient instinctivement. Une attitude dont toutes les caractéristiques étaient, je le crois bien, reliées à l'énervement.
« De quelle dépression parlez-vous, Mr Kim? » elle le savait très bien. Son air simple, légèrement nerveux le disait. Elle savait de quoi je parlais.
« Une incapacité à bouger dû à une fatigue mentale, des pensées suicidaires, des intentions suicidaires » j'appuyai involontairement sur le mot "intentions". « Une tristesse immense. Une perte de poids. Vos cernes sont visibles. Dormez-vous assez? Êtes-vous dans la capacité de dormir comme il faut? Vous êtes restée confinée dans un appartement pendant deux semaines, sans bouger, sans rien faire. Je ne suis pas un expert, mais je crains que ce ne soit une dépression. Où est-elle donc passée? Je ne vois aucun désespoir sur votre visage. Vous semblez même assez heureuse Mme Jisoo. Que s'est-il donc passé de si extraordinaire récemment? » demandais-je et elle ne parut point incommodée. Elle souriait de nouveau.
« Quelque chose d'incroyable. Quelque chose de bien plus joyeux que d'avoir un bouquet de fleurs livré chez moi à tous les jours » dit-elle et son sourire semblait menaçant. Elle exigeait que je prenne mes distances et ce, avec le regard.
« Vous n'avez pas aimé mes fleurs? C'était des roses pourtant. Toutes les femmes aiment les roses, non? »
« Les roses sont un symbole d'amour. Vous m'en avez offertes 7 à tous les jours. 7 roses signifient que vous ressentez une passion amoureuse des plus ferventes pour moi. Cela expliquerait beaucoup de choses »
« Je l'ignorais. Seule l'intention était passée par mon esprit. La signification avait peu de valeur pour moi »
« C'est un problème fréquent chez les hommes j'imagine. Vous n'échappez pas à la règle »
« Peu échappent à la règle. Pardonnez mon manque d'intérêt. J'aurais dû faire mes recherches. Mon champ d'expertise n'est pas réellement les femmes »
« Je ne vous crois pas. Vous mentez »
« Qu'est-ce qui vous pousse à croire le contraire? » elle hausse des épaules.
« Une simple déduction » marmonne-t-elle, les yeux neutres, froids. « Dites-moi Mr Kim, pourquoi insistez-vous tant à me laisser en vie? » j'eus une sorte de grimace. Le sort de l'aliénation frappa mon visage et elle le vit.
« Détrompez-vous, seul un humain avec une audace des plus grandes oserait dire que je voudrais qu'il reste en vie. Que vous soyez vivante ou morte ne m'importe peu, Mme Jisoo. Comment est-ce que votre mort m'affecterait? Vous n'êtes qu'une étrangère » rectifiais-je et j'ignore ce qu'elle ressentit après avoir entendu ces mots. J'aurais voulu le savoir.
« Alors pourquoi êtes-vous venu chez moi? Pourquoi me donner ces fleurs? » me demande-t-elle et je la regarde.
« C'est la première fois que je contribue au suicide d'une personne. Blâmez cette hésitation sur mon manque d'expérience et un certain code moral que je suis depuis ma naissance »
« Un code moral? Je comprend que vous ayez des règles, mais comment est-ce qu'un tueur à gages pourrait avoir un code suivant certaines moralités humaines? Vous êtes le paroxysme de la haine et du mal » je ris face à ces mots.
« Croyez-moi, j'ai vu pire comme humain dans ma vie. Ce métier m'a permis de réaliser qu'il y a toujours pire » elle se contenta de sourire.
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𝐋𝐄 𝐒𝐏𝐀𝐃𝐀𝐒𝐒𝐈𝐍 | 𝘬.𝘵𝘩
Fanfictiondans lequel un tueur à gages détaché de cette réalité ou des conséquences de ses actes se met au service d'une femme qu'il pense inoffensive et simplement suicidaire