Les Rêves des Anciens

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Chaque foulée apportait à Sylvain un nouveau niveau d'appréhension. Il se demandait ce qu'il faisait là, pourquoi il faisait cela, si le véhicule se trouvait toujours là... Pour l'instant, il n'y avait rien d'autre autour de lui que des herbes brûlées à la fin de l'été.

Il faisait nuit, Sylvain n'avait pu se résoudre à dormir après avoir revisionné les images captées ce jour-là par les GoPro, quand lui et son collègue avaient testé cet engin capable de traverser les univers – il n'y croyait toujours pas, mais les images ne mentaient pas, n'est-ce pas ?

Éclairé à la seule lumière de son téléphone en mode flash, il progressait à pied vers, il l'espérait, le véhicule abandonné. Ça ne faisait que quelques jours et c'était un lieu si reculé, personne n'avait pu la voler. Mais tout n'était que conjecture, des hypothèses faites pour se rassurer. Il faisait trop noir autour de lui, il y avait trop de bruits inconnus et il était seul. Il avait besoin de se rassurer. Il se frappait mentalement de ne pas avoir continué son repérage en voiture, pensant qu'il était déjà assez proche de ce qu'il cherchait. Ce n'était visiblement pas le cas...

Alors Sylvain marcha. Il marcha et marcha encore à travers la nuit, sentant ses jambes faiblir à chaque nouveau pas. Il ne voulait pas tenter de revenir en arrière, il ne voulait pas penser au moment où il devrait retrouver sa voiture, pas maintenant qu'il avait tant marché... Il avait trop peur d'admettre qu'il était perdu.

Soudain, un bruit de moteur. Un bruit fracassant qui déchira l'aube rougeoyante à l'horizon. Le vrombissement était encore lointain, mais Sylvain se raidit malgré tout et se tourna vers la source du bruit, derrière lui. Il s'attendait presque à voir le véhicule le suivre, ce ne serait pas si bizarre après ce qu'il avait vécu à l'intérieur. Il se concentra vers le point noir qui roulait vers lui jusqu'à reconnaître la voiture. Une vraie voiture, de celles qui se vendent sur le marché. Un peu haute, un peu large, un peu élevée. La voiture de Pierre.

Le soulagement de voir quelque chose de connu après tant de temps à marcher seul et chercher une chimère le poussa à courir vers son ami, réduisant d'autant plus la distance entre eux. Il en pleurerait presque, tant il se sentait perdu, tant il avait mal aux jambes, ce que courir n'aidait pas.

Pierre se stoppa devant lui et immédiatement Sylvain vint ouvrir sa portière, essoufflé et la peau rougie par l'effort.

« Bordel mais qu'est-ce que tu fous là ? demanda Pierre un peu brusquement. »

Il se détacha et coupa le contact.

« Je cherchais le... le truc, là, répliqua vaguement Sylvain avec un geste pointant le lointain. »

Il était épuisé et chancela sur ses jambes tremblantes, se rattrapant à la portière. Pierre sortit du véhicule et le retint.

« Mais qu'est-ce que tu fous à pied ? T'es parti quand ? Ta voiture est même pas à cinq cent mètres, t'es complètement con !

-J'ai soif bordel... »

Sylvain n'avait pas écouté son ami, mais il ne lui en voulut pas. Il récupéra la bouteille d'eau dans sa portière et lui ouvrit avant de le laisser boire.

La bouteille vidée, Sylvain se reposa contre la portière un peu plus longtemps, avant d'enfin s'expliquer :

« Je cherchais la voiture. Le véhicule. Le truc là, qu'on a essayé...

-Ça j'avais compris, mais c'était pas ici.

-C'était pas ici ? »

Sylvain leva vers Pierre un regard confus et désespéré qui le fit rire. Lui ne savait bien combien de temps son ami avait passé à errer, étant donné que sa voiture était si proche.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 19, 2022 ⏰

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