Agathe and the Shadow Empire

4. Le centre biologique

Lorsque le soleil aride indique la moitié du cycle, je rejoins Gus. Mon corps s'élance et lui saute dans les bras, définitivement apeurée par tout ce que peut comporter le Nouvel Eden. Ce qui me surprend le plus, est que les personnes recrutées se trouvent être dans la majorité des cas en formation pour devenir membre de la Garde du Milieu. Déjà entraînés, déjà arrogants, déjà quasiment volontaires, ils n'attendent que cette convocation pour définitivement s'épanouir. Je ne comprends fichtrement rien et je tends à Gus tremblante, le papier.

—Agathe, que t'est-il arrivé ? Tu as saigné ? Par mon guide, qui t'a fait ça ? M'interroge-t-il. Je décèle de l'inquiétude dans la manière dont il me touche et m'appuie sur le bras.

Je lui raconte alors mon calvaire.

Il déglutit plusieurs fois avant de m'adresser la parole.

— Tu veux rejoindre les rangs de la Garde du Milieu après tout ce qu'ils nous ont fait ?

Mon souffle se coupe de façon presque tranchante.

— Gus, t'as un problème ? Le questionné-je bouillonnante de colère.

— Agathe, comment aurais-tu pu recevoir une convocation sans que... sans que j'en reçoive une moi aussi ? Enfin, désolée, je ne veux pas te manquer de respect, mais on sait bien que les personnes choisies sont des machines de guerre. Alors, ok, tu ne te débrouilles pas trop mal avec ta dague, cependant de là, à être sélectionnée ?

Mon sang ne fit qu'un tour parce que je comprenais sa réaction, mais je me sentais quand même vexée, diminuée. Les hommes avaient toujours besoin d'afficher leur domination lorsque ça ne les concernait pas même si je ne me reconnaissais pas dans les critères de choix comme il l'affirmait. Il n'était pas question de Gus et ses biceps et encore moins de son phallus.

J'étais même furieuse. Parce que j'étais en colère contre ces empires qui décidaient du sort du peuple sans qu'on ne les interroge sur leurs propres volontés avant qu'on ne les envoie au casse-pipe. Puis je voulais être au niveau, je souhaitais ardemment montrer que j'en étais capable. Pas pour le Nouvel Eden, mais pour rendre fière ma famille, revenir et les sauver.

Je balance avec aigreur :

— Peut-être parce que mon quotient intellectuel est bien supérieur au tien monsieur muscles sans neurones. Cinglé-je.

Il baissa la tête, je suppose de honte. Je n'avais pas la force de me disputer avec lui. J'étais si désemparée, seule, condamnée.

La perspective des festivités me donnait envie de vomir actuellement. J'irais au centre biologique, puisque j'étais coincée et je trouverais une solution sur place.

— Gus, ils ont parlé de m'infliger la peine d'extinction. Tu te rends compte ? Juste si je refusais de m'y rendre, ce qui était mon idée de base. Mais, qu'ils tuent ma famille et moi. Gus, je ne peux pas porter autant sur mes épaules. Étouffé-je dans un sanglot.

Gus s'approcha et déposa un baiser sur ma chevelure me murmurant que tout se passerait bien et qu'il serait là.

Et c'était tout ce que je souhaitais.

Sur le chemin du retour, je décide de faire un tour au marché noir pour essayer de dénicher quelques informations précieuses sur ces tests d'aptitudes. À vrai dire, je compte sincèrement sur eux pour trouver quelque chose à me dire qui rendra moins flou mon rendez-vous demain matin.

J'ai fui la réunion d'information des scientifiques et du nouvel Eden sur la Grande place. Puis je me suis engouffrée sur une des artères d'un des bourgs. Il me semble apercevoir Francesco, le chef de file du marché. Je me précipite vers lui sans trop m'inquiéter des saluts cordiaux. Mon père était proche de ces commerçants de fortune. J'ai toujours été accepté cordialement dans leur cercle, je sais que je le dois à mon patriarche. De loin, j'aperçois Charlotte dans son élément naturel sortant de la forêt accompagnée d'un drôle animal.