[𝟭𝗘𝗥 𝗝𝗘𝗧]
La période de Noël ne sera plus jamais comme avant pour December. Sans Augustus, le dernier mois de l'année, qu'elle attend toujours avec impatience, lui paraît terne et sans saveur. Les traditions de l'avent, qu'elle a l'habitude d...
"Chocolate is God's apology for broccoli." — Richard Paul Evans
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9 décembre 2022 December
Hier, quand j'ai finalement atteint l'arrêt d'autobus après avoir versé sur Connor le liquide transparent, incolore, insipide et inodore de sa bouteille, Snow s'était déjà éclipsé. J'ai donc fait le trajet du retour seule, plongée dans l'incompréhension la plus totale.
Je n'ai pas arrêté de cogiter sur le chemin vers la maison, cherchant en vain des réponses.
Pourquoi Snow a-t-il été aussi fuyant après que nous soyons passés porter des pains d'épices, comme lui-même m'a convaincue de le faire, chez notre ami d'enfance, à mon frère et moi?
Est-ce tout simplement qu'il ne peut pas supporter celui qui est dans ma vie depuis pas loin de douze ans, ou ce comportement cache-t-il une autre raison?
Après tout, la personnalité pétulante de mon ami peut se révéler rebutante...
Pourquoi a-t-il eu exactement la même réaction hier, après que Connor se soit incrusté dans notre nacelle?
Est-ce que ça a un lien avec quelque chose que cet abruti a dit, ou est-ce tout simplement le malaise que l'irruption de ce dernier a engendré qui l'a fait prendre ses jambes à son cou?
Je n'ai pu m'empêcher de maudire Connor. À cause de ce simple d'esprit de première, j'ai reculé de dix pas avec Snow à la vitesse de la lumière. En à peine plus de quarante-huit heures, j'ai parcouru en sens inverse chaque pas en avant que j'ai réussi à franchir avec ce dernier en près d'une semaine.
Retour à la case départ.
Quand j'ai enfin franchi le seuil de la porte, la voiture de mon père faisait encore défaut dans l'entrée, mais le manteau de Snow était bien accroché sur le porte-manteau du vestibule, signe qu'il était rentré. Ma mère était, comme à l'accoutumée, dans le séjour. Installée devant le foyer, garni des ornements que j'y avais disposés, son regard était subjugué par les flammes qui dansaient dans l'âtre de la cheminée. Les braises qui crépitaient sous le feu miraient dans ses iris de la couleur d'un ciel ensoleillé sans nuages. Pourtant, ses yeux m'ont semblé éteints, couverts d'un brouillard trouble.
Entre ses mains, j'ai vu un objet que j'ai de suite reconnu. Un cadre de bois, dans lequel repose une photographie. Un cliché d'Augustus et moi, décorant un petit sapin de boules de Noël argentées dans la véranda qui longe la façade du salon. Nous devions avoir six et cinq ans là-dessus.
Mon frère, de profil, était debout sur une vieille chaise de bois qui lui faisait office de marchepied. Il portait son pyjama, composé d'un bas uni gris foncé et d'un haut beige aux rayures bordeaux, ainsi qu'une veste de laine boutonnée souris que notre mère lui avait tricotée. Ses cheveux, blonds comme les miens à la naissance, commençaient déjà à foncer, adoptant petit à petit le brun clair de la châtaigne. Quant à moi, j'étais de dos. Je portais une robe rétro champagne, dont le corsage était parsemé de petites fleurs de la même couleur que les bandes sur le t-shirt d'Augustus. Je portais des accessoires vieux rose : une paire de bas aux genoux et des rubans, qui attachaient les deux nattes torsadant mes cheveux dorés.