Chapitre 3

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Paris, novembre 1943.

« ... vous les avez impressionnés ma chère, à tel point qu'ils en redemandent. A chaque fois que je pense que vous avez atteint le sommet de votre gloire, vous ne cessez de croître encore, comme pour me prouver que j'ai tort...

-Je ne le fais pas en connaissance de cause, Monsieur. » Je répondais au lieutenant Heller qui se trouvait face à moi dans son bureau, d'un sourire entendu.

« C'est évident... » Il me dit en me rendant une grimace acérée.

Un ange passait et j'allais m'apprêter à me lever quand son regard se posa de nouveaux sur moi. Ses yeux étaient d'un brun profond, presque noir d'où transperçait une lueur vacillante d'humanité éclipsée par la ruse.

« Je me demandais, quel genre de relation entretenez-vous avec le soldat Erwin Becker. » Me demandait-il d'une voix traînante. Si j'avais siroté le thé fumant qui se trouvait devant moi à ce moment là, je me serais inéluctablement étouffée.

Mais ce ne fut pas le cas et à la place, je soutenais le regard du dirigeant devant moi.

« Strictement professionnelles, Monsieur. Le soldat Becker est droit et amical, ni plus, ni moins. Cela répond-il à votre question ? » Dis-je d'un ton tranchant, connaissant trop la perfidie des hommes.

Comme il l'avait si bien exprimé quelques minutes plus tôt, je n'avais pas gravi tant d'échelons pour me mettre dans une position potentiellement inconfortable en fricotant avec le soldat qui m'accompagnait.

Cela fit fleurir une nouvelle grimace sur son visage, une grimace de satisfaction, ou de défi, je n'aurais su le dire.

« Ne soyez pas blessée, il n'est pas rare que ce genre de choses arrivent... » Puis, il détourna son attention et pour la seconde fois, j'allais m'excuser et partir mais il revint à la charge.

« Pourquoi avez-vous commencez à apprendre notre langue ?

-Est-ce interdit ?

-Non, non, bien sûr que non. Mais pour quelle raison ? D'où cette soudaine envie de savoir ce que nous pouvons nous raconter ? Il disait, se rapprochant sensiblement, maintenant ainsi sur le coin de la table à côté de moi.

-Je suis sans cesse entourée de personnes dont je ne connais pas un traître mot de leur langue, j'aimerais pouvoir m'exprimer librement avec mes interlocuteurs.

Il hocha la tête semblant se satisfaire de cette réponse, mais ce n'était pas le cas.

-Est-ce là la seule raison ?

-Quelle autre motivation pourrait en être à l'origine ?

-A vous de me le dire ? » 

Je haussais un sourcil, de manière insolente.

« Bien, bien, si vous souhaitez parler le langue de Wagner et de Dietrich, libre à vous. »

Il marqua une pause et alluma une cigarette, à la lumière de la lampe, ses cheveux plaqués par la brillantine laissaient apparaître des cicatrice sur son crâne. Cette fois, je frissonnais.

« Que ferez-vous lorsque vous maîtriserez notre langue ?

-Je répondrai aux personnes qui s'adressent à moi, en allemand.

-Ne seriez-vous pas présomptueuse au point d'espérer jouer là-bas ?

-Où cela Monsieur ? Je lui demandais de mon air le plus innocent.

-En Allemagne. »

Cette fois, je lui offris mon plus beau sourire.

« C'est donc cela, enfin soit. Que ferons-nous de Becker ? Nous n'aurons plus qu'à le congédier.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 01, 2023 ⏰

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