Rose

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Tout le monde connaît ce sentiment.
On le sait quand on le ressent. Il est là, à l'intérieur de nous, quelque part entre notre ventre, notre poitrine, et notre gorge. Il serre le coeur et nous occupe l'esprit, un peu trop à mon goût. Comme un poison il s'insinue lentement dans notre organisme, et quand on s'en rend compte il est déjà trop tard : nos pensées ne vont que dans une seule direction, notre cœur ne nous appartient plus réellement, nos envies ne dépendent plus que de nous, on se découvre de nouvelles facettes de nous, de nouvelles sensations plus agréables les unes que les autres, on cherche à impressionner, faire rire, passer du temps avec cette personne...
Cupidon nous a touché.

Sa flèche a déposé en nous une graine, et cette graine a donné une rose. Cette rose grandit, grandit, et grandit encore. Et notre amour en fait de même. Notre rose a de délicats et beaux pétales, et on sent vivre sur un nuage. On goûte au bonheur ultime. Aimer, être aimé... Que demander de plus ? On nage dans le bonheur et l'euphorie.

Mais la rose a des épines.
Ses épines ont grandit avec elle, et plus la rose est développée, plus ses épines sont longues et leurs piqûres douloureuses. Plus l'amour est grand plus le mal qu'il cause est étouffant.
Il suffit d'une pensée qui se perd, sort du bonheur et se dirige vers la noirceur du cœur, pour que les épines commencent à piquer de l'intérieur.
Il suffit d'un manque de confiance, en soi ou en l'autre, pour que la tige de la rose s'abime, que la rose tangue de droite à gauche, d'avant en arrière, et que ses épines se plantent, dans chaque parois de notre cœur, notre poitrine, notre estomac, notre gorge nouée, avant d'en ressortir, nous laissant criblé de toute part, en proie au désespoir et aux idées noires, puis d'aller transpercer une part de nous encore intacte. Jusqu'à ce que nous soyons entièrement recouvert de vide, de trous, comme une passoire, par laquelle chaque émotion positive, chaque espoir, chaque baiser, chaque "je t'aime", chaque regard amoureux, s'échappent.

La rose est belle, délicate, tendre, apaisante, agréable au regard et au toucher.
Mais elle est dangereuse, piquante, douloureuse, venimeuse, et surtout addictive.
On peut couper cette rose nous même si on ressent le besoin, avant que sa tige, ses fondations ne s'effritent. Mais cela demande un effort que beaucoup ne sont pas capables de réaliser. C'est pourquoi beaucoup finissent criblés de vide et incapable d'accueillir en eux une nouvelle rose.
On peut également prendre soin de cette rose, l'arroser régulièrement, passer du temps avec, lui parler, rire avec elle, lui murmurer de jolis mots, lui dire "je t'aime", et lui consacrer une partie de votre vie. Et si jamais la rose vient tout de même a tanguer, ce qui arrive dans l'ordre naturel des choses, on peut l'enlacer pour l'aider à tenir en place, lui apporter encore plus d'affection, prendre soin d'elle encore plus que de coutume, jusqu'à ce qu'elle soit guérie. Et elle en ressortira que plus belle, plus forte, avec plus de pétales, et moins d'épines.

Prenez soin de vos roses.
L'amour n'est que trop beau.



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