𝐿'𝒜𝒱𝐼𝒪𝒩 𝐸𝒩 𝒫𝒜𝒫𝐼𝐸𝑅

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Je rentrais d'une journée de travail sempiternelle , vers dix-neuf heures , en espérant , après m'être couché , ne plus jamais me réveiller . Je ne souhaite plus vivre une journée de plus de ma piètre existence . Je suis malade pour sûr , je tremble ,j'ai mal au dos , j'ai les yeux rouges et la gorge nouée . Je suis un homme qui a envie de pleurer . J'ai mangé un œuf Bénédicte et une plâtrée de haricots vite préparés devant la télévision , assis sur mon canapé gris . Ce canapé me servait aussi de lit , n'ayant pas de chambre . Mon appartement comportait une salle de bains , une cuisine et une pièce un peu plus grande me servant de salon , de chambre ou de "pièce à vivre". Quand j'eus fini , j'ai posé mon assiette et mes couverts sales sur la table en bois qui trône au centre de la pièce . J'ai éteint ma télévision , diffusant un reportage sur avions , et me suis endormi , en priant pour ne plus être de ce monde le lendemain . A mon réveil , j'ai immédiatement regardé l'heure . Huit heures douze . Ce qui signifiait que ... je m'étais levé avec deux heures douze de retard , et que je devrais déjà être au travail depuis au moins quarante- cinq minutes . Mais je me sentais lent , nonchalant . Et surtout malade . Je n'irai pas travailler aujourd'hui . J'ouvris la fenêtre , et y vit passer un avion en papier . Du haut de l'immeuble dans lequel je travaille , je le vois toujours ,cet avion , à huit heures quinze . Et aujourd'hui , je me lève comme pile pour le voir .

Cet avion me fait l'oublier , elle ,celle qui m'emprisonne chaque jour dans un cercle vicieux de toute sorte de pensées indésirables , et qui me donne envie de me jeter par la fenêtre pour voler comme cet avion qui est la seule note d'espoir qu'il me reste . J'aimerai croquer la vie à pleines dents , mais depuis qu'elle est là , je suis dans l'impossibilité de faire quoi que ce soit sans être triste . Je n'ai pas d'amis avec qui boire le soir , je n'ai pas de femme avec qui partager ma vie , je n'ai pas de père à rendre fier , ni de mère pour m'aimer . Je n'ai pas de famille , pas de semblables . Je suis juste un employé . Et je n'ai que mon patron dans la vie . J'aimerai avoir des gens autour de moi , j'aimerai devenir père , avoir un meilleur ami , avoir eu la chance de grandir avec des parents aimants . Je suis fidèle à moi-même , c'est tout . Mais cet avion en papier qui vacille devant ma fenêtre chaque matin , ce petit avion blanc immaculé , me fait oublier qu'elle est là ,elle ...

ma mélancholie . 

A suivre  ...


écrit le : 24/11/2022

posté le : 27/11/2022

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prochaine nouvelle : Cosmos et perce-neige


remarque : la suite de l'avion en papier sera postée ultérieurement 

Recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant