𝗺𝗼𝗻 𝗽𝗲𝘁𝗶𝘁 𝗽𝗼𝗶𝘀𝘀𝗼𝗻

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***=changement de narrateur (il y a 2 narrateurs)

...=changement de mouvement du texte 

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C'est entre ses mots que je m'en vais ,que je me laisse vaciller , que je pars ,que je quitte ce monde .Pourtant quand je le vois , j'ai la nausée . Je n'en peux plus de glorifier son visage , de le glorifier dans son entièreté comme s'il n'en fut qu'un comme lui .Alors que c'est faux ,il n'est pas unique ,il n'est pas singulier . Il n'est rien .Il est laid ,inutile ,disgracieux ,faux , menteur ,aigris , mélancolique ,méchant , mauvais . Et tout ça ,je le pense à cause de vous .

N'avez vous pas compris le principe de "beauté " et tout ce qui s'y rapporte ? Pour vous , que signifie être beau ,au final ? Qu'est-ce qui est beau ? Qu'est ce qui ne l'est pas ? Comment savoir si quelque chose est laid ou magnifique ? Et surtout , comment osez -vous porter un jugement quand la beauté est subjective et dépend de celui qui regarde ?

A qui s'apparenterai un bel homme ? Un beau monsieur monté comme une armoire à glace , avec un visage net et symétrique , un nez ni trop concis ni trop imposant , un front régulier ,une belle bouche ,et que sais -je encore  , s'il est brun il se doit d'avoir un regard ténébreux , tandis que s'il est blond ,mieux vaut qu'il ait les yeux bleus . Et car tout à coup , la beauté comprend le visible et l'invisible , le paraitre et le fond de la personne , vous me direz qu'il doit être galant , respectueux , aimable mais juste ce qu'il faut , qu'il soit fort ,imposant , doté d'une prestance sans égal .Le voilà l'homme parfait . Pour vous . Pour ceux qui ont décidé d'agréer ce que les dites "normes" nous imposent . Comme un accord que l'on aurait d'autre choix que de signer , dans lequel il nous serait dit de fermer les yeux .

Mais moi j'ai décidé de les garder ouverts . 

...

C'est quand je mange du poisson que je me dis que j'en ai vécu des choses , que je suis allé loin . C'était mon premier béguin ,qui s'était présenté devant moi avec une bassine et une truite morte . Ah si elle savait combien j'adule les poissons , mais que je ne m'aviserai jamais de les pêcher . 

J'ai mal de trop penser à lui(lui = le béguin) , à ses yeux pétillants dans lequel valsait une flamme verdâtre . Alors je pleurais , je pleurais à m'en fendre les yeux car je ne sais rien faire de plus , et j'ai rempli un bocal de mes larmes , dans lequel j'ai installé deux beaux poissons rouges et une petite sardine grise. 

Je vivais par mes larmes , je salais mes plats et agrémentais mes récits avec . Car de nos jours , les gens aiment quand il y a de l'âme dans ce qu'ils voient . Il aiment les choses remplies d'âme , car ils ont perdu la leur . Ils ont perdu leurs âmes et leurs âmes sœurs aussi , car j'ai souffert d'avoir trouvé la mienne si tôt et d'avoir dû m'en détacher . Mais une partie de moi la chérit toujours autant . 

Je pensais à cela tout en regardant les poissons faire le tour du bocal rond . J'attendais . Mais j'attendais quoi ? 

***

Je continuais à interroger les gens sur le portrait de l'homme parfait , et de ceux qui ne le sont pas . J'ai esquissé , dressé des portraits , fait des croquis tous plus beaux les uns que les autres . Mais j'étais continuellement déçue .Je ne trouvais pas cela charmant . Je me lassais de ces dessins , mais me suis dit qu'il fallait que je m'y fasse . C'est ça la beauté , parait-il . J'ai aussi eu des discussions avec ces même personnes sur quelqu'un de bien particulier . Et au fil des jours , j'adhérais à leur opinion sans même avancer la mienne . Et donc quand je parlais de lui je ne valorisais rien , pas même son caractère .

Recueil de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant