Maudite mémoire!

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Cette fois, je me réveillai pour de bon et doucement. J'étais couvert de sueur. Mes cheveux étaient plaqués sur ma tête et mes vêtements collés à ma peau. Je me relevai lentement sur mes coudes. Ma vision se brouilla immédiatement. J'attendis quelques secondes avant de me lever complètement. Je me trouvais dans ce qui semblait être une chambre. Je fis rapidement le tour de la pièce. Elle n'était pas grande, mais restait confortable. Alors que je passais près de la porte, des bruits de pas se firent entendre. Ils se rapprochaient de plus en plus. Je me jetai dans le lit et me glissai rapidement sous les couvertes. Un objet tomba de sous mon oreiller et je m'empressai de le ramasser avant de "m'endormir" paisiblement. Quelqu'un entra dans la pièce et poussa un soupir de découragement. Il se rapprocha de moi et déposa une main sur mon front. J'ouvris les deux yeux et le renversai sur le lit. Je l'immobilisai sous mon poids et lui plaquai le couteau que j'avais trouvé sur la gorge. Étonnamment, il me regardait en souriant

-Qu'est-ce qui te fais rire? Je pourrais te trancher la gorge d'un seul coup si je le voulais.

L'homme éclata de rire et m'envoya rouler au sol avant que je n'ai le temps de réagir. Il se releva et me tendit la main pour m'aider à faire de même. Je le regardai avec méfiance sans bouger. Sa main retomba aussitôt, tout comme son air joyeux.

-Tu ne te rappelles pas de moi, c'est ça? m'interrogea-t-il ses yeux bruns remplis de déception.

-Parce que je devrais? répliquai-je, glacial.

En voyant une profonde tristesse envahir son regard, je compris que cela aurait dû être le cas. Malgré la méfiance qu'il m'inspirait, je tendis la main vers lui, demandant ainsi silencieusement son aide. Il l'agrippa et d'un coup sec, me releva.

-Au moins, tu te souviens comment te battre, lança-t-il sur un ton faussement moqueur.

-Oui..., répliquai-je en percevant la vrai émotion derrière ses paroles, j'ai eu, disons, de la pratique.

Un silence étrange s'installa entre nous.

-Tu dois être affamé... Tu viens manger? me proposa-t-il.

J'hochai la tête, même si seule la perspective d'avaler quoi que ce soit me tournait l'estomac en envers. Je le suivis au travers d'un dédale de couloir. Lorsque nous arrivâmes dans ce qui semblait être une salle à manger, je me laissai tomber sur une des chaises, épuisé par cette longue marche de trois minutes. Le jeune homme me jeta un regard inquiet, mais ne dit rien. Il se dirigea vers le poêle et commença à cuisiner.

-Où est-ce qu'on est?

-Dans notre petit paradis, lança-t-il en me jetant un coup d'oeil, guettant ma réaction.

Je me figeai à cette annonce.

-Est-ce que... Ça veut dire que...toi et moi...nous....?

Il s'approcha de moi et s'assit sur mes genoux. Il passa ses bras autour de mon cou. Je le regardai étrangement, regrettant d'avoir posé la question.

-Mais bien sûr, minet, on habite ensemble! Tu ne t'en souviens pas?

-Je ne me rappelles même pas de ton nom.

-Ah oui! C'est vrai! J'ai oublié de me présenter: je m'appelle Sam...

Il se rapprocha de mon oreille.

-...et je suis ton frère, chuchota-t-il à mon oreille.

Je le poussai au sol avec un air faussement indigné. Il éclata de rire.

-Oh mon dieu! Ton expression! s'exclama-t-il plié en deux.

-Tu n'as pas honte! Profiter de mon état! m'exclamai-je avec un sourire.

-Tu t'es bien moqué de moi lorsque j'allais bien plus mal que toi. C'est disons...une revanche bien méritée, m'expliqua-t-il en retournant au fourneau.

Sam revint avec deux assiettes fumantes et des cafés. Je figurai que nous devions être plus au moins le matin puisqu'il me servit une omelette. Je pris une bouchée et l'avalai difficilement. Mon estomac se mit aussitôt à protester, mais je l'ignorai et en avalai une autre.

-Alors, qu'est-ce qui t'es arrivé avant l'épisode du dépanneur? Tu saignais pas mal plus que tu aurais dû lorsque je t'ai trouvé, m'interrogea-t-il.

Je baissai les yeux sur mon assiette. Les images de la fillette me revinrent en mémoire. Mon expression dû l'alerter, car il me posa davantage de questions.

-Dean, est-ce que ça va?

-Ouais... Hum... Je suis juste fatigué..., répondis-je en lui adressant un sourire forcé.

Il me rendit mon sourire et retourna à son assiette, respectant mon choix de ne pas parler. Je me forçai à manger désireux de trouver une excuse pour ne pas répondre à ses questions. Lorsque nous eûmes fini, il me fit faire rapidement le tour de la maison qu'il appelait le "Bunker". Parfois, des flashs me revenaient,lorsque nous passions devant des photos ou des objets quelconques, mais ce n'était jamais rien de très précis.

Une fois le tour terminé, il me suggéra de me reposer et partit pour une bonne partie de la journée. Je tournai en rond un moment, ne sachant pas trop quoi faire. Je finis par trouver un ordinateur portable. Je m'installai dans ma chambre et entrepris de le fouiller de fond en comble. La majorité des dossiers semblaient normaux, mais je finis par tomber sur un répertoire étrange... Il contenait au moins une centaine de fausses identités avec comme photo mon visage ou celui de Sam. Mais ce n'était que le début. En cherchant davantage, je tombai sur des centaines de dossiers, tous possédant d'étranges noms: vampire, Leviathan, Loup-Garou, Shapeshifter, Anges, Démons... Je cliquai sur celui des anges et me figeai. Il comportait au moins une centaine de dossiers identifiés au nom de chacun d'entre eux. Un en particulier attira mon attention, il était totalement à l'opposé des autres. Il ne comportait que trois lettres: CAS. Mon rêve me revenant soudainement en mémoire, je l'ouvris et découvris une centaine d'articles de journaux, d'extraits de reportages et de notes personnelles.

Je me mis à consulter chaque document, mais m'arrêtai, incapable d'en voir davantage, après avoir visionné une vidéo de surveillance. Un homme était entré. Il portait un long manteau. Pour faire courte une longue histoire, il avait assassiné froidement une vingtaine de fonctionnaires. Étrangement, une fois qu'il fut couvert de leur sang, il se mit à regarder autour de lui, paniqué par ce qu'il venait de faire.

Je fermai l'ordinateur et me tournai vers l'horloge grand-père près du mur... 22h... Déjà...et Sam n'était toujours pas rentré. Malgré les questions qui commençaient à tournoyer dans ma tête (où était-il? Qu'est-ce qui pouvait lui prendre tant de temps? Il aurait déjà dû être de retour...), je me levai et allai me coucher. Je n'avais pas réalisé à quel point j'étais épuisé jusqu'à ce que je m'endorme avant même de toucher l'oreiller.

Rapelle-toi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant