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Défi n°4 : Proposition : dire oui

 Dimanche 4 décembre 2022

Quelle agréable surprise de découvrir six centimètres de neige lorsque j'ouvre mes volets ! Une belle couche blanche recouvre l'horizon. Ne voulant pas déranger mon voisin, je décide de laisser ma voiture sous sa couverture laiteuse pour me rendre à pied dans le centre de la station. Quel plaisir d'entendre le crissement de la poudreuse sous mes chaussures ! Dès qu'il neige, je redeviens la petite fille que j'étais. J'ai presque envie de faire un bonhomme de neige en rentrant cet après-midi ! En passant devant la maison des Deruaz, j'aperçois Florent déneiger sa voiture en sifflant.

— Salut, Florent ! Alors, content d'être revenu ? lui demandé-je en m'approchant de lui.

— Salut, p'tit Lu ! Si je te dis que ça me manquait, tu me crois ?

— Pas sûre. Mais puisque tu sifflais, j'imagine que tu es content d'enlever cette fine couche.

— Si tu penses que je vais me mettre à râler dès qu'il neige un peu, c'est mal me connaître, sourit-il. Je peux même te dire que ça me manquait et que je n'ai qu'une hâte, pouvoir rechausser mes skis.

— Plus qu'une semaine pour se faire plaisir !

Après l'avoir salué et souhaité bon courage, je reprends mon chemin. Mais à peine ai-je avancé de quelques pas que je sens une boule de neige m'arriver sur la tête, suivie d'un grand éclat de rire. Je me retourne, faisant les gros yeux à Florent.

— Tu sembles vouloir t'amuser, ce matin ! rigolé-je, en lâchant mon sac au sol. Tu vas voir ce qui t'attend !

Je me penche, forme une belle boule que j'envoie... devant lui. Oui, j'ai bien dit que j'étais nulle en lancers.

— Ah ! Tu sembles toujours aussi douée pour les batailles de boules de neige, rigole-t-il. Il faudrait, un jour, que tu songes à t'améliorer quand même ! Il n'y a pourtant rien de compliqué ! Regarde !

À peine a-t-il fini sa phrase qu'une boule de neige m'arrive sur la tête, ce qui déclenche son rire. Que j'aime l'entendre s'esclaffer ainsi. Il y avait longtemps que je ne l'avais pas entendu si fort, si vrai. Ça remonte avant l'accident, avec Gabriel. Les entendre tous les deux était le plus beau son que je pouvais écouter. Il finit par relever la tête pour me regarder.

— Ça fait plaisir de t'entendre rire à nouveau ! lui confié-je en souriant.

— Il y a longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Alors merci, p'tit Lu. Bon, il faut que je finisse pour pouvoir aller ouvrir le magasin.

Le sourire aux lèvres, je repars vers le centre. De la neige, le rire de Florent, rien de mieux pour commencer la journée !

La matinée a défilé rapidement. Nous ne vendons que des produits locaux alimentaires ou non-alimentaires. En ce moment, l'alimentation arrive en tête de nos ventes, encore plus ce matin avec nos fermetures de cet après-midi et demain, toute la journée. Cependant, c'est un tel plaisir d'avoir pu monter notre projet ; pour rien au monde, je ne changerais de travail. Même si je sais que les mois à venir vont être intenses. Ce magasin, on l'a imaginé au collège. Et on ne l'aurait pas vu ailleurs qu'ici. Si de nombreux amis ont préféré quitter la station pour aller vivre dans la vallée ou encore dans une autre région, pour nous, c'était inconcevable.

Grâce aux parents de Flo, nous avons trouvé ce local en face de leur magasin. Ce qui nous a permis de bénéficier de l'aide de Magalie, les premiers temps. On a aussi eu la chance d'avoir le soutien des locaux. Il faut dire que deux filles du pays qui s'installent pour ouvrir un magasin les ont ravis. Ensuite, le bouche-à-oreille a fait le reste. La population des villages voisins vient désormais chez nous acheter fromages et autres charcuteries locaux. Les habitués qui viennent skier ont plaisir à nous retrouver tous les ans. Depuis maintenant presque cinq ans que nous sommes installés, ça tourne bien pour nous. On arrive à se sortir un salaire convenable chaque fin de mois. Sans oublier de nous donner une certaine liberté au niveau de nos horaires.