3

534 31 16
                                    


La maison était perdue au milieu de nulle part, vieille et certainement trop grande pour que la personne payée pour y faire le ménage s'acharne à chasser la poussière dans les moindres recoins. Cependant, elle était plutôt belle et le paysage vide mais tranquille de la campagne environnante offrait un cadre agréable pour passer quelques jours de vacances.

Ce n'était toutefois pas pour des vacances que Osamu Dazai et Chuuya Nakahara se retrouvaient devant la bâtisse, sous le soleil éclatant de midi. Ils avaient rendez-vous avec un informateur vivant dans la région et cette résidence appartenant au boss de la mafia portuaire avait été désignée comme lieu de rencontre. Le rendez-vous étant prévu pour le lendemain matin, ils passeraient la nuit dans la maison. Mais en attendant, il devaient tuer le temps pendant tout l'après-midi.

IIs dénichèrent un jeu de cartes et enchaînèrent quelques parties jusqu'à ce que Chuuya réalise que Dazai trichait depuis le début et lui jette ses cartes à la figure avant de quitter la pièce en l'insultant. Après son départ, Dazai choisit un livre parmi ceux qui débordaient des étagères et s'installa dans un fauteuil. Pendant ce temps, Chuuya entreprit de visiter la maison. Il eut vite fait le tour du rez de chaussée et de l'étage. Quand il arriva dans les combles, il éternua un bon coup.

– Saleté de poussière...

L'endroit était encombré de divers meubles et objets. En se déplaçant entre eux, Chuuya perçut soudain un mouvement derrière lui. Il fit volte face et activa son pouvoir. Il se retrouva face à son reflet.

Un stupide miroir, songea-t-il en soupirant.

Il fut content d'être seul, car Dazai n'aurait pas manqué de se moquer de lui pour avoir eu peur de son propre reflet.

Il continua son exploration. Dans la cave, il fut très enthousiasmé de découvrir les étagères remplies de bouteilles de vin. Après un bref coup de fil au boss pour lui demander l'autorisation, il en remonta une à la cuisine. Il l'ouvrit et s'en versa un demi verre. Dazai, que la soif autant que l'envie de taquiner Chuuya avaient fait lever de son fauteuil, lui adressa un sourire narquois.

– Déjà alcoolique à ton âge ? Tu devrais plutôt boire du lait. C'est meilleur pour ta santé. Et ça te fera peut-être grandir un peu.

– Ta gueule. Je prends juste un verre pour goûter et je ramènerai la bouteille à Yokohama pour Ane-san.

Le vin était excellent. Chuuya sourit à l'idée d'en partager la dégustation avec Koyo. Il dut se retenir de balancer son verre vide à la figure de Dazai qui continuait de le fixer en ricanant.

– T'as entendu les rumeurs sur cette maison ? demanda soudain le brun.

Chuuya fit non de la tête.

– Je savais même pas qu'elle existait avant qu'on soit envoyés ici.

– Il paraît qu'elle est hantée.

– Me dis pas que tu crois à ces bêtises ! s'esclaffa Chuuya.

– Il y a pourtant de nombreux témoignages. Ces gens ne peuvent pas tous être des menteurs ou des fous.

Devant le ton sérieux inhabituel de Dazai, Chuuya ressentit une pointe de doute.

Il n'avait jamais aimé les histoires paranormales. Les Brebis s'en racontaient parfois lors de veillées dans les bâtiments qu'ils squattaient. Chuuya s'arrangeait pour les éviter, la plupart du temps. Quand il ne pouvait se défiler, il ne pouvait s'empêcher de triturer nerveusement son bracelet.

Il avait beau les savoir fictives, ces histoires le faisaient frissonner. En y réfléchissant, la raison pour laquelle elles le mettaient mal à l'aise venait peut-être du fait que, face à un fantôme, esprit, où tout être éthéré et intangible, son pouvoir n'était d'aucune utilité. Crainte tout à fait irrationnelle, ces créatures n'existant que dans l'imaginaire collectif.

Recueil de One Shots SoukokuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant