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Après une dure journée de travail, quoi de mieux que traîner dans le canapé en jouant aux jeux vidéo ? Rien, d'après Chuuya. C'était son moment préféré de la journée. Surtout quand l'autre débile n'était pas encore rentré. À peu près tous les jours, il avait environ une heure de solitude, en tête à tête avec sa console, jusqu'à ce que...

Un bruit de clé pénétrant dans la serrure retentit. La porte s'ouvrit, claqua.

Finie la tranquillité, songea Chuuya.

Pour son plus grand malheur, il était obligé de partager un appartement avec Dazai. "Pour la cohésion d'équipe" avait dit Mori. Selon Chuuya, le parrain prenait un malin plaisir à leur faire passer le plus de temps possible ensemble juste pour les voir s'engueuler. Certes, l'appartement était spacieux, bien équipé et décoré avec goût, mais la simple présence du maquereau suicidaire suffisait à diviser par dix sa valeur aux yeux de Chuuya.

S'il avait été un peu plus honnête avec lui-même, il aurait admis que la colocation avec Dazai n'était pas si terrible, même si ce dernier ne faisait aucun effort pour participer aux tâches ménagères. La seule solution que Chuuya avait trouvée pour remédier à cette fainéantise était de jouer les corvées aux jeux vidéo. Lors de ces parties à l'enjeu vital, une défaite obligeait le perdant à accomplir la tâche que l'autre lui assignait. Le visage décomposé de Dazai lorsqu'il perdait n'en était que plus satisfaisant.

Une masse s'effondra dans le canapé en face de lui. Pour la première fois depuis que Dazai était rentré, Chuuya leva les yeux vers lui. Il remarqua tout de suite les marques rouges sur son cou. Pas besoin de l'interroger pour savoir que cette couleur était le résultat de l'irritation causée par les frottements d'une corde, ou de quoi qu'il ait utilisé pour sa tentative.

– Je croyais que tu avais abandonné cette méthode. Trop douloureux, risque de se rater...

– Crois-le ou non, cette fois je n'y suis pour rien.

Chuuya fronça les sourcils.

– Comment ça ?

– Tu te souviens de ce gang qu'on a battu il y a trois mois, dans le quartier nord ? J'ai recroisé d'anciens membres qui sont restés ensemble et ont pour projet de reformer un groupe similaire. Eux se souvenaient bien de moi. Ils étaient cinq ou six, ils me sont tombés dessus d'un coup. Rancuniers, ces gars-là. Ils m'ont d'abord roué de coups, puis l'un d'eux a remarqué une corde qui trainait et a eu l'excellente idée de vouloir me pendre. Ils m'ont passé la corde au cou, l'ont attaché à un réverbère et ont commencé à me hisser. C'était très désagréable. Tu imagines ? Mourir au milieu de ces abrutis, pour une stupide histoire de vengeance, pendu avec une vieille corde sur les docks ? Non, une mort pareille aurait été tellement décevante.

Il secoua la tête, comme si cette idée le dépitait. Chuuya se souvenait parfaitement du groupe évoqué par Dazai. Ce gang leur avait posé problème quelques mois plus tôt, en faisant exploser des hangars appartenant à la mafia portuaire. Mori avait missionné Double noir pour se débarrasser d'eux le plus vite possible. Trouver leur planque fut un jeu d'enfant pour Dazai, et la détruire ne posa pas plus de problèmes. Ils étaient en réalité peu nombreux et mal équipés, leurs quelques armes à feu ne faisant pas le poids contre la manipulation de la gravité. Chuuya croyait qu'ils avaient tous péri dans l'attaque, mais ce n'était visiblement pas le cas.

– Et qui a eu la malheureuse idée de te sauver ?

– Hirotsu est arrivé à ce moment-là. Je savais qu'il était en mission dans le coin, et dès que j'ai repéré que ces types me suivaient, je lui ai envoyé un message pour le prévenir. Il est arrivé et a tué celui qui faisait le guet. Les autres ont eu le temps de s'enfuir. Et il n'a même pas eu besoin de me détacher. La corde était pourrie, elle s'est rompue.

Recueil de One Shots SoukokuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant