Recueil de One Shots Soukoku

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Chuuya se laissa tomber dans le canapé. La journée touchait à sa fin.

Pas trop tôt.

Il avait passé la journée à remplir les tâches administratives de son boulot de capitaine de la mafia portuaire. Malheureusement, il ne pouvait pas partir tous les jours pour des missions exaltantes. Il y avait les jours comme aujourd'hui, qu'il passait enfermé dans son bureau à travailler. C'est donc avec un certain soulagement qu'il était rentré chez lui et s'apprêtait maintenant à profiter de quelques moments de détente.

Il alluma la télévision. Les images qui se mirent à défiler devant ses yeux le firent soupirer. Le reportage en cours relatait l'exploit d'un membre de l'Agence des détectives armés. Un certain Kunikida Doppo avait joué un rôle décisif lors d'une prise d'otages et évité de nombreux dégâts.

L'Agence des détectives armés. L'éternel adversaire de la mafia portuaire. Et aussi l'organisation que Dazai avait rejoint après avoir quitté la mafia. Mori, qui se méfiait toujours de son ancien lieutenant et le faisait espionner de temps à autre, avait récemment informé Chuuya de son nouveau travail. En plus d'être un traitre, il avait rejoint le camp adverse.

Cet événement le renvoya trois ans en arrière, lors du départ soudain de Dazai. Quand il l'avait appris, Chuuya s'était montré grandement satisfait. "Bon débarras" avait-il dit.

En rentrant chez lui ce soir-là, il avait ouvert une bouteille de Petrus de 1989 pour fêter ça. Mais la célébration avait pris un tournant moins festif. Aidés par l'alcool, des souvenirs pas si lointains, mais qui semblaient déjà si éloignés, avaient refait surface. Ses missions en duo avec Dazai, leurs disputes, leurs parties de jeu vidéo à la salle d'arcade, les soirs où le brun l'emmenait boire au bar Lupin en compagnie de ses amis Oda et Ango.

Les souvenirs avaient vite laissé place à son imagination. Il s'imaginait marchant à ses côtés, partageant un verre avec lui, riant de bon cœur à ses plaisanteries douteuses. Il voyait ses yeux aux reflets changeants, brun, rouge, éclats d'or dans le soleil couchant. Il l'imaginait se pencher vers lui, glisser ses doigts dans ses cheveux, prendre sa main dans la sienne, lui murmurer des paroles insaisissables dans le flou du songe, mais qu'il sentait emplies de tendresse.

Ces rêveries un peu pathétiques, bien loin de la réalité de leur relation, le faisaient soupirer de désespoir.

Le lendemain, de nouveau sobre, la colère avait remplacé la nostalgie et il s'était mis à maudire Dazai et mépriser son lui de la veille, qui pleurnichait sur les souvenirs d'une enflure n'ayant pas la moindre pensée pour lui.

Puis, comme s'il avait purgé tous les sentiments que lui inspiraient cet événement, il était passé à autre chose. Enfin, pas exactement. Il lui restait tout de même un regret. Un sentiment d'inachevé. Avant que Dazai ne parte sans dire un mot, il aurait aimé pouvoir lui dire...

La sonnette de l'entrée retentit.

Agacé d'avoir été interrompu dans ses pensées, Chuuya éteignit la télévision et se dirigea vers la porte. Que pouvait-on bien lui vouloir à cette heure ? Quand il ouvrit et vit qui se tenait sur le palier, il se demanda s'il était en train de rêver. Il n'avait pourtant pas bu ce soir-là, et ne se sentait pas fatigué. Pourtant, c'était bien Dazai qui se tenait là, sur le palier.

Dans un état lamentable.

Trempé des pieds à la tête, il était de toute évidence frigorifié. Ses lèvres étaient violettes, son visage d'une pâleur alarmante. Tout son corps était secoué de tremblements. Il tenait à peine debout et semblait sur le point de s'écrouler à tout instant. Il leva son visage vers Chuuya, lui lançant un regard suppliant à travers les mèches trempées qui lui barraient le visage.