Midnight Lily

Chapitre 2 | Mon frère la Carpette et ma mère la salope

People - Libianca
"[...]And if you don't know me well, well, oh
You won't see how buried I am inside my grave[...]"

Plusieurs mois sont passés depuis l'incident avec Dean, et, heureusement, je n'ai eu de contact ni avec lui, ni avec ma mère, hormis le carton m'invitant à leur mariage.

J'ai repris le cours de ma vie monotone, mais les cauchemars de mon passé refont surface de plus en plus. Ils me hantent depuis cette fameuse fugue. Mais il y a deux ans, j'ai décidé de les enfouir au fond de moi pour recommencer une vie.

Je ne me doutais pas qu'il reviendrait aussi vite.

Je soupire, lasse de voir mes démons revenir à la charge.

Mes mains viennent automatiquement s'entremêler entre elles et mes ongles s'attaquent à ma peau. Mon pied tapote le parquet brun de mon appartement dans un tempo rapide. Je sens ma respiration s'accélérer et devenir plus saccadée. Je remue sur ma chaise, sentant la crise arriver. J'ai soudainement très chaud et l'air commence à manquer.

Il faut que je me rafraîchisse.

Je cours vers la salle de bain et ne prends même pas la peine de refermer la porte que je tourne le bouton de la douche pour me jeter sous l'eau glacée.

L'eau froide passant sur ma peau brûlante me fait peu à peu revenir à moi. J'aperçois sur mes avant-bras les cicatrices que mon adolescence m'a offertes. À elles, viennent s'ajouter des plaques rouges dues à ma fièvre, et une multitude de mots tatoués. Ma peau légèrement bronzée laisse les marques qui y sont gravées, ressortir avec un peu trop de contraste à mon goût. J'en ai essayé des crèmes, des lotions pour les effacer. Mais une gravure reste gravée. C'est ainsi.

Mon tee-shirt blanc, devenu transparent grâce à l'eau, me colle à la peau, et mes tétons pointes au travers. Ma petite culotte est complètement trempée donc je la retire délicatement et finis par enlever également mon haut.

Alors que je les jette dans le lavabo pour les laver plus tard, la sonnerie de mon téléphone retentit. Étant toujours sous la douche et ayant littéralement la flemme d'en sortir, je me contente d'attendre, pensant que si c'est important, la personne laissera un message. Peine perdue, la mélodie stridente sonne à nouveau. Je grogne. Ce n'est vraiment pas le moment pour me rappeler que j'ai un service dans deux heures. En plus, l'image que me renvoie le miroir est tout sauf flatteur, et me bouger le cul pour afficher ma tête au premier client ne me paraît pas très attirante comme idée.

C'est tout de même au bout du troisième coup de fil que je me décide à prendre un peignoir et à aller voir.

Numéro inconnu.

De toute évidence, ce n'est pas le boulot. Intriguée, je décroche.

- Oui ?
- Mademoiselle Stone ?
- C'est bien elle.

Mon interlocuteur renifle telle une princesse.

- Bonjour, je suis l'agent Charles Franklin. Il y a maintenant seize mois, vous nous aviez demandé des renseignements sur le dossier classé d'un certain Jake Stone . Un ancien commissaire, c'est cela .

Mon cœur loupe un battement. Mon père.

- Oui... Oui c'est ce que j'avais demandé.

J'inspire une grande bouffée d'air.

- Vous avez eu des informations ? je demande en attrapant mon paquet de cigarettes et mon briquet.
- Nous ne sommes pas disposés à vous en parler au téléphone, mais si vous êtes libre cet après-midi, on peut se retrouver à la bibliothèque municipale, et vous pourrez nous poser des questions.