Chapitre 8 : Et maintenant ?

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Dimanche 13 Septembre 2020 (GP de Toscane)

« Pierre, tu sais je crois que je t'aime aussi. »

Des larmes silencieuses continuent de perler sur les joues du monégasque. Il reste là, immobile sa tête posée sur leurs deux mains liées. Étonnement il se sent soulagé, plus léger comme libéré d'un poids.

Libéré de cette cage, de ce moule auquel il essayait se conformer et qui l'enfermait, qui l'empêchait d'être lui même. S'il avait su que se libérer de ce secret serait si agréable il l'aurait fait plus tôt, il n'aurait pas attendu d'en arriver à un événement si dramatique.

S'il avait su ... Mais avec des si, on pourrait refaire le monde. C'est tout un enchaînement d'éléments qui ont conduit Charles à cet aveu, et malheureusement il est bien conscient que sans toute cette tragédie, il n'aurait peut être jamais réussi à surmonter sa peur. Non, il lui a fallu une peur beaucoup plus grande et plus intense pour réussir à faire face à cette part de lui, celle qui aime Pierre et surtout à l'accepter.

Mais alors qu'il se refait le fil de ces derniers jours dans son esprit, Charles demeure inconscient du monde autour de lui. Il ne remarque pas que l'électrocardiogramme à sa droite s'affole. Il ne remarque pas que la main qu'il serre tressaille légèrement. Il ne remarque pas que tout vient de changer, que son miracle est arrivé.

Non, Charles ne remarque rien.

Pierre lui a commencé à revenir à lui il y a plusieurs minutes déjà. D'abord tout semblait lui parvenir à distance, il n'entendait qu'une voix indistincte. Mais peu à peu, il a commencé à réalisé, cette voix, cette présence qu'il ressent : c'est Charles.

Peut être est-ce le paradis ? Voilà ce qu'il s'est dit dans un premier temps. Mais quand ses yeux à force de papillonner difficilement ont fini par s'ouvrir complètement, il l'a vu : Charles à son chevet. Son visage était dissimulé, mais il savait que c'est lui, son cœur savait que c'est lui. Et puis ce dernier a pris la parole, alors le doute n'était plus permis.

Cela fait plusieurs minutes que le silence règne dans la pièce. Charles car il est perdu dans un monde de souvenirs, priant pour que le français se réveille. Pierre car il revient de loin, et qu'il lui faut quelques instants pour être pleinement conscients et capable de prendre la parole.

« Si tu crois seulement, je ferais bien de me reposer encore jusqu'à ce que tu sois sûr de toi Charles. »

La voix du français vient briser le silence dans la pièce, et si d'abord Charles semble ne pas réagir soudain il réalise. Il se relève brutalement sans lâcher la main du français et lorsque son regard se tourne et se pose sur Pierre c'est comme si son monde venait de s'éclairer.

Pierre est là, il réveillé. Il lui est revenu.

Et à cet instant, c'est tout ce qui compte. Charles ne sait pas s'il a déjà été aussi heureux. Évidemment ses larmes redoublent, troublant légèrement sa vue, mais alors que Pierre lui sourit il ne réfléchit pas, il laisse parler son coeur. Le français se redresse légèrement et ce mouvement coïncide avec celui de Charles qui vient passer ses bras autour de lui pour le serrer dans ses bras.

Charles a besoin de ce contact pour assimiler pleinement l'information, pour que le fait que Pierre soit en effet là, vivant et réveillé devant lui devienne réel. De toute façon il ne sait pas quoi dire, alors il se dit que les gestes seront plus parlant que des mots maladroits.

De son côté, s'il est plus qu'heureux de sentir la présence de Charles contre lui, et que cette étreinte est tout ce dont il a besoin, Pierre ne peut pas lui rendre son geste. Son corps meurtri prend le dessus et se rappelle à lui, alors il ne retient pas un gémissement de douleur.

PS : I think I'm in love. [SHORT STORY]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant