PS : I think I'm in love. [SHORT STORY]

Chapitre 2 : Dans la cour des grands.

Mercredi 14 mars 2019 (GP de Melbourne)

« Pierre ?

- Hmmm.

- Pierre !

- Qu'est-ce qui se passe Charles ? » demande le français.

Et tandis qu'il se redresse pour s'asseoir lui qui était jusqu'ici allongé près de s'endormir remarque tout de suite que son ami semble assez agité. Celui-ci est désormais en train de faire les cent pas dans la chambre du français et Pierre sort immédiatement de son état de pré-sommeil, alerté par l'attitude du monégasque.

« Charles ? » reprend-t-il sur un ton plus doux pour ne pas le brusquer.

Celui-ci semble revenir à la situation, et son regard croise celui du français et après avoir lâché un long soupir il s'installe sur le fauteuil qui fait face au lit où se trouve Pierre. Il se prend la tête entre les mains, et commence à tirer sur ses cheveux comme si cela allait l'aider à se calmer ou à sortir toutes ces choses de sa tête.

Pierre qui voit bien que quelque chose ne va pas et que son ami est en lutte, se lève et vient s'asseoir sur le bord du lit pour être plus proche de Charles. Il ne sait pas trop comment agir avec lui, pas certain de savoir quel est le problème et craignant de le brusquer. Mais face à la détresse grandissante de son ami, il pose une main sur son épaule ce qui lui fait relever la tête et alors que leurs regards se fixent, le français reprend :

« Charles, parle-moi. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »

Le silence se fait, les entourant à nouveau, mais ce silence n'est pas gênant. Pierre sait que son ami prend juste le temps de formuler ce qu'il va dire, il voit dans ses yeux qu'il a besoin de se confier tandis que de son côté il lutte contre une soudaine envie de le prendre dans ses bras pour lui dire que tout ira bien.

« Et si je n'étais pas à la hauteur ? »

Les yeux de Charles commencent à briller, et Pierre soupire en même temps que son ami.

Évidement, il aurait dû comprendre tout seul.

L'an dernier lorsqu'ils sont arrivés ici avec le statut de rookies les choses étaient plus simples, les attentes moins grandes, la pression beaucoup plus faible. Mais cette année tout est différent. Ils ont tous les deux connu une première saison plus qu'honorable, si bien qu'ils ont tous les deux été promus. Si cela les a forcément réjoui : c'est un honneur et une grande joie d'avoir enfin une monoplace pour se battre aux avant-postes, cela implique également beaucoup plus de responsabilités.

Si pour sa part le français va piloter à partir de ce week-end pour l'écurie mère Redbull, pour Charles la pression est beaucoup plus grande, incomparable même car il a rejoint une écurie iconique, sûrement la plus grande de toute : la mythique Scuderia Ferrari. Un rêve de gosse, le français sait que c'était le souhait de son ami mais il sait aussi que cela représente un immense poids sur ses épaules.

Bien sûr il y a les Tifosis qui vouent une passion sans limite à l'écurie au cheval cabré, des italiens excessifs en tout mais qui ont tant d'amour à donner que les pilotes portant la combinaison rouge ont tous à cœur de les rendre fiers. Mais pour Charles, il y a autre chose, une volonté plus profonde, plus intime de réussir : rouler pour Ferrari était son rêve, mais pas uniquement. C'était aussi et surtout celui de son parrain qui les a tristement quittés suite à un accident dramatique quelques années plus tôt.

Il n'échappe jamais à la comparaison, Charles doit beaucoup à Jules il le sait, et maintenant qu'il va pouvoir faire ce que ce-dernier n'a jamais eu l'occasion de faire car il est parti trop tôt, bien trop tôt, le poids des attentes et de la pression se fait immense sur Charles. Il doit être à la hauteur de son héritage, il doit le rendre fier.