Chapitre II : La Femme de mes rêves

1 0 0
                                    

           Les premiers jours se déroulèrent sans encombre, après ce court épisode relevant d'uneangoissante histoire fantastique, notre vie reprit un court tout à fait normal. Finalement ce domaineen lui-même n'avait rien de véritablement effrayant. Il s'avérait même être accueillant pour peuqu'on s'habitue à son atmosphère pour le moins singulière. Pendant un temps, la restauration desjardins dans leurs intégralités était ma principale occupation, je travaillais tout le jour, sous les douxrayons d'un soleil d'automne, en proie aux souffles du vent, ce qui, au cours de ce labeur, n'était pasdésagréable. 

           Les vastes vergers ne recelaient rien d'extraordinaire, mais de cette simplicité naissait une beautépure. Après quelque jours, grâce à l'aide de ma tendre aimée, le jardin encore envahit par les herbesfolles moins d'une semaine plus tôt avait retrouvé l'étendue de sa splendeur d'antan. Cesrénovations offraient au site une toute nouvelle jeunesse, autrefois disparu sous les éons et lesplantes grimpantes. Ce théâtre de bonheurs naissant éveilla en moi des souvenirs enfouis au plusprofond de ma mémoire.

         Ces réminiscences passées refaisaient surface et portaient avec elle de tendress instantsd'émerveillements. Ce lieu était tel l'œil paisible d'un cyclone de destruction. Au centre, se paradaitun Éden de lumière et de joie, entouré par le Lac à l'eau blasphématoire lui-même enveloppé d'unbois malade, souffrant d'une fièvre inconnue. 

           La plupart du temps, pendant que je jardinais ou travaillais en extérieur, Elisa, quant à ellepréférait l'air doux et frais des pièces intérieurs. Elle passait le plus clair de son temps à dessiner,son talent était tout simplement hors du commun. Son art était d'une magnificence sans nom. Onpouvait voir parmi ses glorieuses créations, de prestigieuses esquisses d'animaux ou des êtres toutdroit échappés de son imagination florissante pour se jeter au gré des mouvements de sa main sur lepapier.  

         Un de ses chef-d'œuvre était l'exemple même de la perfection. Un oiseau mystique duquel sedégageait une aura, une sorte de halo doré de grâce et de dignité, ses grandes ailes déployéesresplendissaient de somptuosité, ses plumes semblaient caresser les vents de leurs angéliquesduvets, ses serres puissantes, repliées contre son corps fin, pourfendaient l'air lors de son ascension.De longues plumes de paon pendaient derrière lui et dansaient avec harmonie et joliesse sous lerythme dynamique des Siroccos et des Alizés. Sa majestueuse tête était penchée vers le bas, commesi il regardait le monde avec toute la fierté de sa vénusté opulente. De son œil vif se délivrait unesouveraineté prestigieuse qui avait quelque chose de sacré. Les éclats de fusains de cette feuilleétaient une des raisons qui me fit tomber amoureux de cette jeune femme. Son art était à son image,d'un charme et d'une délicatesse divine.

           Elle créait en moi un profond sentiment d'amour éternel, un bien être harmonieux et paisible. Jeme souviendrai toujours du jour de notre rencontre, un après-midi pluvieux mais calme, sans orage,le genre de temps qui attriste les cœurs. Les fines gouttelettes venaient éclabousser dans un fracassilencieux les fenêtres de la bibliothèque de l'université du Miskatonic. Elle était là, devant unefenêtre, à fixer l'horizon, fusion entre les sombres forêts de la région et le ciel gris, terne, emplis denuage. Son regard semblait se perdre au loin dans les méandres confus de ses pensées. Elle resta làun bon moment, à contempler les cieux obscures et tristes qui surplombaient toute la ville. 

           Les minutes se succédèrent, puis elle finit par se retourner, affichant sur ses lèvres un sourireheureux, qui, instantanément me transporta dans un autre univers dans lequel tous mes problèmes,ennuies ou sentiments négatifs s'envolaient à jamais. Je venais de tomber amoureux de cette femmesans même connaître son nom. Alors, je lui rendis son sourire, ce qui la fit terriblement rougir, etelle s'en alla sans dire un mot. A partir de là, notre histoire avait commencé. 

L'InsondableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant