Chapitre 1 : We live, we love, we lie.

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Je traîne mon énorme valise de mes bras musclés sur le bitume cabossé. Mes parents ont chacun une main posée sur mon épaule alors qu'à les voir se sont eux qui ont besoin de soutient. Les portes coulissantes s'écartent à notre passage pour qu'on puisse entrer à l'intérieur de la clinique. Le regard de mon père est soucieux, on dirait qu'il essaie de se raccrocher à ce qu'il voit, un mégot écrasé sur le sol, les lunettes rondes de la secrétaire ou encore une plante en pot ayant perdue toutes ces feuilles laissant uniquement son tronc biscornu. Son regard se pose tour à tour sur les objets de l'accueil en pensant qu'en analysant le moindre des détails de la pièce il se sentira moins nerveux. Pour ma part je n'entends même pas les bruits de conversations des patients. J'ai mes écouteurs bien collés à mes tympans grâce auxquels j'écoute « Lonely » de Palaye Royal. Ça m'empêche d'entendre mon géniteur se murmurer à lui même des mots réconfortants. Des fois je me demande si ce n'est pas plutôt lui qui devrait se faire hospitaliser. Ma mère, elle, s'énerve contre la pauvre dame de l'accueil en tournant en boucle sur le retard du médecin. Que voulez-vous, elle a toujours eu tendance à être en colère pour un rien, en particulier quand la situation est inadaptée. Par exemple, en ce moment même, pour mon hospitalisation à la clinique Saint All migth. Rien que d'y penser je m'imagine déjà des gamins au regard vide, des murs bien blancs, tout comme les blouses des infirmiers, une énorme seringue à la main. Ça me fout des frissons. Sortez-moi de là...

Le psychiatre finit au bout d'une vingtaine de minutes par sortir de son bureau. Dès que j'aperçois sont crâne dégarni, presque chauve je me mets à pouffer. Il se contente m'observer pendant que mon père me réprimande d'un regard. Je l'ignore en restant fixé sur le docteur qui a d'ailleurs des yeux enfoncés dans leurs orbites entourés de ses petites lunettes rondes comme la secrétaire. Il ressemble à une taupe ou plutôt à topiqueur dans pokemon. En y songeant j'ai encore plus envie de rire. La taupe nous invite donc à le suivre à travers un couloir tristement éclairé. Puis il s'arrête devant une porte avec noté « Docteur Serge Sanchez ». Il nous fait signe d'entrer d'un geste de la main sans à un seul moment s'excuser sur son retard ce qui semble énerver ma mère qui serre ses poings d'une rage contenue. Je m'assoie sur la chaise en cuir en face du docteur, entouré par mon père et ma mère.

- Alors... Je me présente, je suis le docteur Sanchez, chef de service de la pédopsychiatrie.

Il tourne ses tout petits yeux vers ma mère.

- Vous m'avez déjà eu au téléphone madame Bakugo pas plus tard qu'hier n'est-ce pas ?

Il croise ses mains sur sa blouse blanche et me sonde du regard.

- Alors comment te sens-tu Katsuki ?

Tout le monde me fixe et je sens un malaise bien connu m'envahir. Ce genre de malaise que tu ressens quand tu te fais gronder pour avoir séché les cours ou collé ton chewing-gum sur la chaise de ton camarade. Je garde malgré tout un visage impassible. J'ai tout sauf envie de lui répondre mais je pense que ça va plus m'attirer de problèmes qu'autre chose que de faire le sourd d'oreille. Je suis un peu nerveux à l'idée de me faire hospitaliser pour un temps indéterminé dans un endroit que je ne connais pas, entouré d'étrangers.

- Ma mère dit que ça va me faire prendre conscience de la grandeur de mes bêtises, de l'ampleur de mes actes. Comme si j'étais violent par plaisir. Tandis que mon père pense que je vais pouvoir souffler un peu avant le bac et réviser plus. Et moi... moi je pense que je ne changerai pas parce que nous, être humain, ne changeons jamais. Mais au moins ça me permettra de réfléchir et de savoir quel sens je veux donner à ma vie.

La taupe écrit sur une feuille ce que je dis, des observations ou je ne sais quelle bizarrerie médicale. En tout cas, pendant ce temps, je ne m'arrête pas de parler. De tout, de rien mais c'est comme si je devais combler un vide, moi qui voulais rester muet comme une carpe juste avant... Mon père a du percevoir ma nervosité car il pose affectueusement sa main sur mon bras. Chose que je déteste. Plus je parle de ces bagarres au lycée, de ce harcèlement plus je sens que je vais craquer et faire une crise d'angoisse alors je me lève promptement en prétextant aller aux toilettes pour une envie pressante. Personne ne m'empêche de sortir du bureau. Je me laisse glisser contre un mur d'un jaune douteux après avoir déambulé dans les différents couloirs du secrétariat médical. Oui, moi le grand Katsuki j'ai peur, terriblement peur de ce bâtiment imposant et de ces patients à moitié fou. Pourquoi je dois aller dans un endroit pareil ? Pour me soigner sois-disant ? Je souffle par la bouche pour calmer cette vague de panique que je connais si bien depuis le début de l'année, à ce moment où tout à commencé à dégénérer. J'étais sorti avec un garçon d'un lycée voisin au mien et je suis vite devenu « la tapette » du bahut. Génial, non ? Surtout quand ça fait un mois qu'on a rompu avec son ex. Les ados sont tellement puériles...

- Ce que les gens pouvaient être homophobe par moment me murmurais-je.

- Ouais, c'est pas faux.

Je sursaute en remarquant la présence d'un jeune homme de mon âge aux cheveux rouges flamboyants et aux yeux brûlant d'une flamme ardente.

- Oups, désolé je t'ai fais peur. Eijiro Kirishima pour vous servir euh...

Je le regarde de haut en bas avant de me relever. OK, OK, il est canon mais pourquoi je dirais au premier venu mon prénom ? En plus c'est probablement un psychopathe du genre à étrangler son hamster pour le plaisir de le voir souffrir. Rien que d'y penser ça me glace le sang. Il me retient par le bras et – omg ces mains... elles sont musclées et veinées.

- D'acc si tu veux pas qu'on sympathise porc-épic ronchon mais s'il te plaît ne dis à personne que tu m'as vu.

- Porc-épic ?

Il hoche la tête en souriant dévoilant ses dents pointues.

- Ronchon complète-t-il.

- Si tu veux tête d'ortie.

- Mais euhhh, moi je t'ai donné mon nom.

J'ai un sourire carnassier, qu'il est beau ce gosse.

- M'en fous.

Et je pars dans le couloir le laissant accroupi contre le mur.

J'essaie de retrouver la sortie en vain. Je finis par croiser mon père près de l'accueil. Il semble inquiet et pendant qu'il m'énonce tous les risques que j'ai encouru en me perdant dans la clinique je repense à ce Kirishima. Et s'il s'échappait, est-ce que ce serait de ma faute ? Non... Il fait ce qu'il veut et puis je ne vais pas me mêler des affaires des autres, même quand ils ont un visage magnifique.

L'entretient avec le chef du service ou plutôt la taupe de service reprend et se termine au bout d'une trentaine de minutes d'interrogatoire. Une infirmière du nom d'Hinko Midoriya nous rejoint pendant ce laps de temps. Elle me fait ensuite traverser la cour intérieure pour qu'on rejoigne la pédopsychiatrie. On s'arrête devant une porte vitrée pendant que l'infirmière nous annonce que c'est l'heure des « au revoir ». Je prends mes parents dans mes bras, enfin, c'est eux qui me câlinent le plus - je suis un mal alpha je vous rappelle - et je les laisse sur le pas de la porte pendant que je pars à la découverte de l'inconnu avec Hinko.

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NDA:
J'espère que vous allez bien, voici ma nouvelle histoire assez courte j'espère qu'elle va vous plaire, sur ce, bonne lecture mes choubidous !

We fell in love in October... | KiribakuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant