Recueil de nouvelles

Un ange passe

Dehors il pleut, le ciel gris est d'une tristesse infinie à l'image du climat familial. Ma chambre est installée dans le grenier mais ça ne m'empêche pas pour autant d'entendre les cris comme s'ils étaient juste à côté. Une dispute sans début ni fin, juste 2 personnes incapables de se parler normalement, 2 personnes remplies de colère et de peine qui n'arrivent plus à communiquer autrement. Ces sentiments je les ressens également mais je préfère les garder pour moi. Finalement chacun vit son deuil à sa façon non ?

Cela fait 8 mois que notre vie a basculée... que mon grand frère, mon héros, a décidé de rejoindre les étoiles. Sa gentillesse n'était pas fait pour ce monde. En l'absence de réponses à nos questions, mes parents ont préféré se rejeter mutuellement la faute, d'où cette ambiance invivable à la maison. "Valentine à table!!" on m'appelle pour le dîner.

Ma mère est seule dans la cuisine, les yeux rouges et humides. Papa a de nouveau choisi de fuir en quittant la maison quelques heures. Le repas est à peine entamé que maman prétexte une migraine afin de s'éclipser dans sa chambre. Je me retrouve une fois de plus complètement seule. Je finis machinalement mon repas sans véritable appétit, débarrasse mon assiette et retourne dans ma chambre où je finis par m'endormir. 

Je suis réveillée en sursaut par de nouveaux cris, Je décidai alors d'aller me promener afin de prendre un peu l'air. Passant devant eux, je pris ma veste et sortis sans la moindre réaction de leur part. J'ai l'impression d'être totalement transparente c'est dingue ! Casque sur les oreilles,musique à fond, je traverse mon quartier sans prêter attention à ce qui m'entoure. Alors que je m'apprêtais à faire demi-tour, mon regard est attiré vers cette fille s'apprêtant à traverser la route sans regarder. Et là, comme si la scène se déroulait au ralentit, j'entends des crissements de pneus, la jeune fille est percutée et se retrouve propulsée quelques mètres plus loin.

Tout s'accélère, je me précipite vers elle en composant maladroitement le 112 sur mon portable. Elle est consciente mais lutte pour le rester. Je lui tiens la main, on se parle, elle me dit qu'elle s'appelle Joy et qu'elle a 16 ans comme moi. J'essaye de la tenir éveillée, je lui fais même écouter ma musique. L'ambulance ne met qu'une dizaine de minutes à arriver mais ça me parait une éternité. Une fois embarquée, je la regarde s'éloigner dans la nuit, qui vient de tomber sans que je ne m'en rende compte...

2 semaines plus tard

2 semaines ont passés depuis l'accident, j'ai bien essayé d'avoir des nouvelles à l'hôpital mais n'étant pas de la famille, on n'a rien voulu me dire ! Le seul avantage à cette triste soirée c'est que, lorsque je suis rentrée ce soir-là et que j'ai tout raconté à mes parents, ceux-ci ont mis leurs problèmes de côté et se sont enfin un peu intéressés à moi. Ça n'a malheureusement duré qu'une soirée avant que les disputes nereprennent de plus belle.

On sonne à la porte, une fois ... deux fois... c'est incroyable ils gueulent tellement fort qu'ils n'entendent même plus la sonnette ! Je descendis ouvrir et là, devant la porte se tenait Joy tout sourire, elle voulait me remercier de l'avoir secourue ! Je la fis rentrer, mes parents ne prirent même pas la peine de lui dire bonjour (visiblement dispute et politesse ne font pas bon ménage). Une fois dans ma chambre, elle m'expliqua qu'il y avait eu plus de peur que de mal et qu'elle n'avait eu qu'une bonne commotion cérébrale qui lui avait occasionné une semaine de repos. Elleajouta qu'elle avait réussi à avoir mon adresse via l'ambulancier. On s'est aperçu très vite qu'on avait de nombreux points commun, l'après-midi passa à une vitesse folle et on se promit de se revoir très vite.

Nous avons donc commencé à nous voir de plus en plus souvent, j'avais vraiment l'impression de la connaitre depuis toujours. Je passais avec elle chaque minute de mon temps libre. Moi qui avait toujours été un peurenfermée et solitaire, je découvrais le plaisir de le partager avec quelqu'un. Nous avions pris l'habitude de nous retrouver en bas de chez moi, toujours à la même heure et sans même nous envoyer le moindre message comme si on était connectées. La magie de l'amitié, j'imagine !