Dimanche 27 Novembre — 21:09.
Kylian ne voyait plus les heures passer. Assis à table, il jouait sans grande exaltation avec sa fourchette. Il en avait trop dis cette fois. Beaucoup trop. Olivier ne l'avait pas ménagé non plus. Le garçon pouvait comprendre sa frustration mais pas sa réaction. Il avait l'impression d'être en deux mille vingt-et-un à nouveau et c'était pesant.
" T'as pas faim ? " lui demanda Marcus.
" Pas trop, non. "
" Envoies. "
Kylian savait qu'il ne serait pas autorisé à quitter la table si son assiette était encore à moitié pleine alors il s'exécuta, renversant les aliments discrètement dans celle de son ami.
Guy l'autorisa a rejoindre sa chambre plus tôt et en se fiant au bruit de chaise qui le suivit, il n'était pas le seul. Il n'avait pas souhaité tourner la tête pour voir qui c'était mais une fois dans le couloir qui amenait à sa chambre, il n'eut d'autre choix que de se tourner puisqu'Olivier venait d'attraper son bras.
" Tu n'as pas mangé. " avait-il remarqué.
" Qu'est-ce que ça peut bien te faire ? "
" Je suis désolé pour tout ce que je t'ai dis tout à l'heure, je n'aurais pas du te parler comme ça, j'étais énervé même si ça ne justifie rien. "
Kylian soupira. Longuement. Et bruyamment.
" Oublions ça. Je n'ai pas été sympa avec toi non plus. "
" Tout ce que je veux c'est qu'on gagne cette coupe. Ensemble. "
" Comme nous tous finalement, je peux comprendre. "
Olivier concéda d'un geste de la tête alors qu'un silence s'installait entre les deux attaquants qui n'avaient vraisemblablement "plus rien à se dire". Aucun d'eux ne s'était encore risqué sur le sujet interdit et le camerounais l'avait intérieurement remercié pour ça.
" Attends. "
Merde.
" Hm ? " une main sur la poignée de sa porte, Kylian s'était retourné.
" Quand tu disais que j'étais devenu indispensable pour toi dans l'équipe, " il se racla la gorge " Je voulais juste que tu saches que c'est pareil de mon côté. Ça a jamais aussi bien marché avec n'importe quel autre attaquant qu'avec toi. Merci. "
Olivier était si proche et le ton de sa voix était si doux... tous les efforts que le footballer avait fait cette semaine venaient d'être envoyé au néant en un clin d'oeil. Un désastre sans nom.
" Y a pas d'quoi, Oli. "
Il se glissa timidement dans ses bras pour lui asséner quelques tapes dans le dos. Jusque là, tout allait bien. Il avait fallu que Kylian relève la tête et qu'il rencontre ses orbes bleus pour que tout dérape. Si ça ne tenait qu'à lui, il se serait sûrement reculé et aurait emporté avec lui tout son malheur. Mais dans l'histoire, c'est Olivier qui avait rapproché son visage du sien. C'est lui qui s'était mit à se lécher les lèvres. Mais c'est aussi lui qui y avait répondu sans perdre une seconde.
Il ne leur fallut que quelques secondes avant qu'ils ne se détachent l'un de l'autre. Une seconde pour réaliser leur bêtise, une deuxième pour reprendre leurs respiration et une dernière pour recommencer. Le numéro neuf s'était baissé pour soulever dans ses bras le numéro dix, qu'il avait fait rentrer dans sa chambre avec lui, les lèvres collés sur les siennes.
Kylian vivait un relâchement impressionnant. Jamais il ne s'était senti aussi léger de sa vie. Et dire que ça n'est pas lui qui s'était forcé le chemin le rassurait un peu.
Les poils de sa barbe chatouillaient son menton pendant que ses doigts emmêlait sa courte chevelure brune dans un faible gloussement. Le plus jeune savait son homologue fort mais sans le prévenir, il avait préféré le lâcher violemment contre la porte. Un couinement s'échappa de sa gorge alors qu'un coup retentissait à sa porte.
Dans un halètement, ils se séparèrent pour de bon cette fois. Giroud le poussa, plus délicatement cette fois, contre le mur à côté de la porte avant de poser son index sur sa bouche. Parler n'était pas au besoin pour savoir ce que l'athlète avait à faire.
" Oliv' ? Ça va ? Tu ne m'as pas prévenu que tu partais. " s'était empressé d'annoncer Didier quand on lui ouvra enfin la porte.
L'attaquant était transpirant et peinait à reprendre sa respiration. Il se demandait si le coach avait entendu le lourd son qu'ils avaient produit contre la porte.
" Ça va, oui, désolé. Journée frustrante et compliquée. "
" J'avais cru comprendre. C'est à propos de Kylian ? "
" Non, non, ça va avec Kylian, j'étais simplement fatigué. "
" Ça me rassure, " il posa une main sur son épaule " Reposes toi bien et ne nous casse pas la porte, s'il-te-plait. "
" Oui coach, encore désolé. "
Une fois la porte refermé, Kylian se tourna vers Olivier, les lèvres pincés.
" On a eut chaud. " répliqua-t-il.
" Je n'te l'fais pas dire. "
Giroud laissa échapper un long soupir, un bras sur la porte.
" Tu devrais sans doute y aller. "
Mbappé pouvait sentir toute sa sérénité rechuter. C'était douloureux mais il s'y attendait. Pourquoi un homme de son âge remettrait-il en question toute sa vie pour un gamin comme lui ? Il avait eut tord d'y avoir cru une deuxième fois.
" Sans doute, oui. "
Le garçon se glissa sous son bras et n'attendit pas qu'il lui ouvre la porte pour le faire. Une main s'était posé sur sa joue.
" On en reparle bientôt, c'est promis. "
La dernière promesse qu'Olivier lui avait faite s'était révélé concluante alors il préféra ravaler son humeur et attendre patiemment. Viendrait peut-être un jour son heure. En attendant, il avait une compétition à gagner.
VOUS LISEZ
Le petit prodige de l'équipe de France. (Giroud x Mbappé)
RomanceLe secret derrière l'entente fulgurante du numéro neuf et dix.