Chapitre 14

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« C'était une erreur, je suis désolé. »

Ces mots résonnent si fort dans ma tête que j'ai l'impression qu'ils vont finir par m'assommer.

Abasourdie, je suis restée quelques dizaines de secondes devant lui, immobile, sonnée, avant de reprendre mes esprits et la poudre d'escampette.

Soudainement pressée, je quitte son bureau sans dire un mot avant de foncer vers les portes du bâtiment. Une fois sortie, je cours à toute allure, sans même savoir où aller, suivant juste cette envie irrépressible de fuir.

De fuir cet homme qui me mène en bateau. De fuir ces vagues d'émotions contradictoires qui me submergent avant qu'elles ne finissent par réussir à me noyer. Ironique pour une sorcière d'eau, n'est-ce pas ?

Je réalise d'ailleurs à cet instant qu'il s'est mis à pleuvoir. Des cordes. Et je ne peux m'empêcher de me demander si ces intempéries ne sont pas juste le reflet mon état actuel.

Je cours à en perdre haleine car j'ai l'impression de manquer cruellement d'oxygène tant mon cœur est serré dans ma poitrine.

Mon instinct m'a menée dans la forêt, ce qui n'est pas l'option la plus sûre qui soit. Mais à cet instant, je n'en ai que faire, je dois partir. Loin.

Je zigzague entre les arbres. Seul le bruit de mes pas mouillés se fait entendre. La pluie ne cesse de tomber. Je sens que je suis déjà trempée mais à nouveau, je n'en ai que faire. Je dois m'éloigner de lui à tout prix.

A bout de souffle, je m'adosse à un chêne, pantelante. Le cardio n'est pas mon fort mais au moins, je ne me sens plus oppressée. Mes pensées désormais oxygénées, je réalise que j'ai quitté l'université en laissant l'intégralité de mes affaires à la bibliothèque. Heureusement que j'ai tout de même mon portable dans la poche de ma jupe d'uniforme.

Je décide d'envoyer immédiatement un texto à Sarah, tant qu'elle est sur place :
« Sarah, désolée, j'ai dû partir en urgence, je te raconte tout ça plus tard. Pourrais-tu récupérer mes affaires à la bibli avant de partir ? Je passerai les récupérer chez toi si ça ne te dérange pas. »

Sa réponse est quasi immédiate :
« Euh oui, d'accord, mais est-ce que tout va bien ?! »

Je la rassure, ne souhaitant pas qu'elle s'inquiète :
« Tout va très bien ! :) »

Ce texto devrait probablement être élu meilleur mensonge de l'année 2022... Le problème de mes affaires maintenant résolu, je continue de me balader, à moindre allure cette fois. Je me sens plus apaisée, comme si j'avais désormais mis suffisamment de distance physique entre le professeur Jones et moi pour pouvoir respirer à nouveau. L'averse s'est d'ailleurs calmée. Mais ce n'est qu'une coïncidence, n'est-ce pas ?

J'arrive à une clairière au milieu de laquelle trône un magnifique lac. La vue est magnifique. Je m'avance vers le point d'eau et y regarde mon reflet, parsemé de gouttelettes de pluie. Je peux alors voir que cheveux sont dégoulinants, que mon uniforme est trempé et que mes yeux semblent rougis par les pleurs. Parfait.

?? : « Aileen ?! Mais qu'est-ce que tu fais là ? »

Je sursaute lorsque le reflet de Tyler apparaît derrière le mien et ma surprise déclenche malgré moi un mouvement brusque dans l'eau, comme si une pierre y avait été violemment jetée.

Je me retourne, la main sur le cœur, essayant de ralentir mon rythme cardiaque.

Aileen : « Tyler, tu m'as fait une peur bleue ! »

Ce dernier me scrute, dubitatif.

Tyler : « L'eau... C'est toi qui a fait ça, n'est-ce pas ? »

Oups. Je déglutis péniblement, mon esprit ne parvenant pas à trouver une excuse potentielle.

Une année à Mystery Spell - Is it Love? SebastianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant