Chapitre 2

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Cette première semaine est passée à vitesse grand V. Finissant les cours tôt en ce vendredi, je décide de passer l'après-midi dans la somptueuse bibliothèque du campus afin d'approfondir mes cours. Moi qui suis studieuse, ce lieu me comble de bonheur : les ouvrages se comptent par milliers, de récents comme de plus anciens dont beaucoup de premières éditions quasi introuvables ailleurs. Je commence par me pencher sur mon cours de littérature anglaise, en entamant la rédaction d'une dissertation sur Jane Austen. Après 2h de travail intense, je décide de faire une petite pause et d'aller me chercher un encas au distributeur dans le couloir d'à côté. Je passe par un rayon d'œuvres dont une étagère spécifique attire mon attention : occulte / paranormal.
Je vois toute une lignée de bouquins sur la médiumnité.
Alors que je scrute chaque titre dans l'espoir que l'un d'entre eux puisse répondre à de nombreuses interrogations, je sursaute soudainement au contact d'une main posée sur mon épaule. Ce dernier me déclenche un flash où j'aperçois la nuit noire, puis au loin, la pleine lune.
Il est couplé d'une decharge électrique que je n'avais jamais ressentie auparavant. Les paroles qui accompagnent ce geste me tirent de mes pensées :
"Je ne voulais pas vous effrayer, Mademoiselle Anderson."
Je me retourne pour avoir confirmation de l'identité du propriétaire de cette charmante voix masculine qui me semble désormais quelque peu familière.

C'est bien le professeur Jones qui m'observe, d'un regard à la fois pénétrant et interrogateur. Il a certainement noté mon absence de quelques secondes lorsque ma vision m'est parvenue. Je dois absolument le distraire pour éviter qu'il ne se pose trop de questions. Je me racle la gorge et arbore un grand sourire :
« Professeur, je ne m'attendais pas à vous voir ici ! Je cherchais justement des livres pour approfondir votre cours ! »

Ne semblant pas convaincu par mes dires, il m'interroge :
« Par quel ouvrage souhaitiez-vous commencer ? Je ne vois ici aucune de mes recommandations. »
Son ton est devenu froid et ses yeux continuent de me sonder. Il n'y a pas de doutes, il a compris que je lui mentais. Il enchaîne alors :
« La médiumnité est au programme de cette année mais nous ne l'aborderons pas avant le prochain semestre. Avez-vous des déjà des questions sur le sujet dont vous souhaiteriez me parler ? »

Je suis gênée. Je n'ose plus le regarder de peur qu'il lise en moi comme dans un livre ouvert. Même s'il est expert sur le sujet, je ne le connais pas et ne peux lui faire suffisamment confiance pour lui parler de quoi que ce soit. Il risquerait de me prendre pour une folle. Je dois d'abord en apprendre plus par moi-même.

J'ose à nouveau plonger mon regard dans le sien et lui rétorque avec le peu d'assurance qu'il me reste :
« Je n'ai aucune question à ce sujet, je me suis simplement trompée d'étagère. Savez-vous où je peux trouver ceux mentionnés lors du dernier cours, sur les traditions et rites ancestraux ? »

Il fronce légèrement les sourcils, signe que ma réponse ne le convainc toujours pas. Il me tend néanmoins un livre qu'il tenait dans ses bras :
« Commencez par celui-ci qui devrait déjà beaucoup vous aider. Vous pouvez le garder le temps du week-end et me le rendre lundi après le cours. »

Je saisis l'ouvrage et ma main frôle accidentellement celle du professeur Jones au passage. Je revois rapidement cette pleine lune éclatante mais refuse d'aller plus loin pour éviter que mon interlocuteur n'ait pas plus de doute qu'il ne semble déjà en avoir. Je rouvre immédiatement les yeux :
« Merci beaucoup, je vais le feuilleter de ce pas. Je ne manquerais pas de vous le restituer lundi. Je vous souhaite un très bon week-end, monsieur. »

Je me retourne pour fuir au plus vite cette discussion. Mais sa main se raccroche à mon poignet libre et il me tire avec une certaine force pour me refaire face : « Ail... Mademoiselle Anderson », se reprend t-il, « n'hésitez pas à me contacter si vous avez le moindre doute, sur quoi que ce soit. Je suis disponible, même durant le week-end. Mon adresse mail est affichée sur le site de l'université si besoin ».

Une année à Mystery Spell - Is it Love? SebastianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant