6-Dans le champ des possibles

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Point de vue de Clara (31 décembre 2018)

Je suis à cette soirée du Nouvel An. Je me sens belle avec cette robe pailletée. Je danse. La musique est assourdissante. Tant mieux, j'entendrais moins le chaos du monde actuel. Puis je la vois. Je redoutais tant qu'elle vienne. Je l'aime encore à la folie. Sandra. Elle est si belle dans ce haut moulant avec ce pantalon en cuir et ces talons. Elle me voit aussi, détourne le regard et va se servir un verre.

Je me mets en tête de la reconquérir. Je n'arrive pas à me résoudre qu'elle a rompu avec moi juste à cause de mes parents. Je leurs en veux tellement. Je finis ma vodka cul sec pour me donner un tant soit peu de courage et je me dirige vers elle.

Sandra : Clara...

Moi : Salut !

Sandra : Salut !

Moi : Tu me manques. Et c'est dégueulasse ce que mes parents ont fait.

Sandra : Je l'ai pas super bien vécu pour tout te dire.

Moi : Je peux t'inviter à danser?

Sandra : C'est pas une bonne idée. On n'est plus ensemble et je veux pas qu'on se remette en couple. Par contre, si tu veux, on discute.

Moi : C'est déjà ça...

Nous allons sur la terrasse et nous nous asseyons côte à côte. Nous mettons les choses au clair sur notre relation pendant un moment.

Sandra : Tu sais, tes parents c'était la goutte d'eau mais y'a pas que ça. Je pense qu'on se convenait plus. Et puis, je me sens plus en phase avec moi-même et l'idée d'être en couple. Je préfère pas rester avec toi juste par routine. Tu comprends ?

Moi : Je comprends. Ça fait très mal mais je comprends.

Sandra : T'as été une super histoire d'amour Clara.

Elle m'embrasse sur la joue et s'en va.

Le fameux « 3-2-1 ! BONNE ANNEE ! » retentit à ce moment-là. Bonne année, oui, on peut dire ça... Je vais rentrer je pense et manger du chocolat.

Le lendemain, repas de famille. Horrible ! Mon beau-père et ses horribles gosses m'en font voir de toutes les couleurs avec leurs reproches, leur sexisme et leurs blagues douteuses sur mon orientation sexuelle. Je souris de manière hypocrite.

Je suis scotchée sur mon téléphone pour survivre. J'envoie des messages à Louna qui vit elle aussi un repas de famille désastreux. Ocèane doit être avec Thomas et Maxence est en famille également sauf qu'elle a une famille assez cool pour ne pas se réfugier sur son téléphone.

Beau-père : Lâche un peu ton téléphone Clara !

Clara : Pourquoi ? Vous avez terminé d'être intolérant ?

Je me fais un peu réprimander pour ma réponse mais ça valait le coup, au moins, ils ne veulent plus que je participe à leur discussion.


Point de vue de Léo ( 02 Janvier 2019)

J'ouvre les yeux. Ce ne sont pas les murs de ma chambre. Je remarque très vite que je suis dans une chambre d'hôtel. Une fille magnifique dort à mes côtés. C'est évidemment Aurélie. Elle est en sous-vêtements. Ses longs cheveux noirs soyeux retombent sur ses yeux. Je me souviens qu'elle n'a pas pris le temps de se démaquiller hier et que son maquillage a un peu coulé.

Nous avons passé une nuit magique. Je suis vraiment heureux. Je lui caresse la joue pour la réveiller.

Moi : Salut...

Auré : Salut !

Moi : J't'aime !

Elle me sourit. Ce sourire-là, je pourrai en devenir accro. Elle se lève et me tire pour que je lui fasse face.

Auré : Et t'es un sacré bon coup, bébé !

Moi : Merci !

Elle m'embrasse longuement.

Auré : Tu viens avec moi dans la douche.

Moi : Heu je sais pas trop, ça me gêne.

Auré : C'était pas une question.

Elle me prend la main et m'emmène dans la salle de bain avec une douceur que j'aime. Aurélie est une femme franche qui n'a pas peur de dire les choses et de s'assumer. Je l'admire pour ça. Je n'ai pas cette qualité, moi.

Dans l'après-midi, je me retrouve seul chez moi. Ascenseur émotionnelle. Ma petite amie me manque. Je me questionne. Qu'est-ce que je vais faire de ma vie ? J'adore travailler avec Oli et Flo mais ce n'est pas un vrai métier. Je devrais me trouver un travail pour ne pas dépendre d'eux. J'ai l'impression de penser comme mes parents ou des profs. Et en même temps, je suis tellement fier de participer un peu aux rêves de BigFlo et Oli. Je sais que c'est compliqué pour eux cette célébrité parfois surtout pour Florian. Quand j'y repense, j'avais tort, nous n'aurions jamais dû jeter la vraie vie dans la Garonne.


Point de vue de Louna (02 Janvier 2019)

Je discute avec un éducateur sur les réseaux sociaux que je ne connais absolument pas. Je l'ai questionné par rapport à un de ses post et on a discuté. Je lui ai parlé de mon mal-être et de ma situation familiale en restant vague. J'avais trop besoin d'en parler. Son message tourne dans ma tête:

🗨️:Je suis pas psy mais ce que tu me racontes, ça ressemble à un trouble anxiodépressif. Renseigne-toi et je pense que tu devrais aller voir un psychologue et un psychiatre."

Un trouble anxiodépressif. Putain ! Je n'arrive pas à m'y faire. Je tape sur Internet et passe des heures à me renseigner. Les symptômes sont là. C'est sûrement ça que j'ai.

Aller voir un psy? Comme si c'était simple. Mes parents ne me laisseraient jamais. Et même si j'attends d'être majeur, ça coûte trop cher, je ne pourrais jamais me le permettre. Au fond, je sais que j'en ai besoin. Je sais qu'il faut que je me fasse aider mais c'est simplement impossible.

J'en ai marre! Je n'en peux plus des crises d'angoisse, des pensées suicidaires, de cette fatigue constante. J'ai l'impression que je ne suis pas faite pour cette vie-là.

Je prends ma paire de ciseaux et hésite un moment. Je la passe doucement le long de mon bras. J'avais pourtant arrêté. J'observe les cicatrices qui datent d'il y a quelques années déjà. Je repose la paire de ciseaux, il faut que je résiste à la sensation. Je ne peux pas me laisser retomber dans ce cercle vicieux.

Ma respiration se bloque. Crise d'angoisse. J'essaie de me calmer, de respirer à fond. Je prends mon téléphone, mets mes écouteurs et lance ma playlist spéciale crise d'angoisse, celle qui permet de me calmer. Je tombe sur "Début d'Empire". Je me concentre sur les paroles.

"Un câlin avec moi-même, ça peut te sembler taré

Mais si tu ressens d'la haine, tu devrais faire pareil"

...

"Dans l'champ des possibles, j'ai jeté une graine hier soir

Malpoli, j'parle la bouche pleine ouais pleine d'espoir"

Les Rappeurs BisounoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant