Les Rappeurs Bisounours

17-Tout explosera

Point de vue de Clara (10 Juillet 2019)

Je suis en visio avec les filles. Je trépigne à l'idée de leur annoncer la grande nouvelle.

Appel Visio :

Moi : Alors les filles, vos résultats ?

Max : Mention très bien pour toutes les deux.

Moi : Ohhhh Félicitations !!!! Bon, sinon, j'ai une autre bonne nouvelle.

Ocè : Qu'est-ce que c'est ?

Moi : Hum, j'hésite, je vais peut-être faire du chonchonnage.

Ocè : Mais heuuu...

Louna : Dis-nous !

Moi : Bon, ok. J'ai enfin trouvé un appart sur Toulouse.

Louna : MAIS NON !

Ocè : AHHHH !

Max : C'EST GENIAL !

Après cet appel, je prends un grand bol d'air. C'est vraiment génial. Nous emménageons dans deux semaines dans le centre de Toulouse. Je vais voir mon beau-père et ma mère pour leur annoncer la nouvelle.

Mon beau-père : Bah enfin ! On en pouvait plus.

Moi : Tu sais pas à quel point je suis contente de plus te voir.

Mère : J'espère que tu te trouveras enfin un petit copain là-bas.

Moi : Mais Maman, je suis lesbienne.

Mère : Oui enfin, c'est juste une passade.

Moi : Maman, tu veux pas écrire de la main droite un peu ?

Mère : Bah non, je suis gauchère.

Moi (caricaturant son ton) : Oui enfin, c'est juste une passade !

Je remonte dans ma chambre et commence à préparer mon départ.

Point de vue de Florian ( 13 Juillet 2019)

Olivio n'arrête pas de m'envoyer des messages. Je ne réponds pas. Je n'y arrive pas en fait. Je n'ai envie d'en parler à personne. C'est comme si j'avais mal à mon esprit. J'en peux plus de tout ça, j'en peux plus du psy, je veux arrêter. C'est trop dur, trop éprouvant. Et puis, je pense qu'au fond, je ne suis pas assez fort pour voir la vérité en face, je préfère me bercer d'illusion. Je voudrais marcher sans m'arrêter, jusqu'à disparaître. Je n'en peux plus des strass et des paillettes.

La nuit est tombée depuis un moment, je m'assois sur les bords de la Garonne, musique à fond dans le casque à m'en briser les tympans.

Je sens une présence derrière moi qui finit par s'assoir à mes côtés. Je remarque que c'est mon frère.

Oli : Plus jamais tu me fais un truc comme ça. Tu te rends pas compte à quel point je me suis inquiéter.

Moi : Désolé, j'ai oublié notre rendez-vous.

Oli : Qu'est-ce qui va pas ?

Moi : Ça va. Tout va bien.

Oli : Ça s'est pas bien passé avec ton psy ?

C'était vraiment la pire question à poser. Il ne pouvait pas comprendre. Moi-même, je ne trouvais pas les mots pour expliquer.

Oli : Tu sais, t'as le droit de changer de psy, s'il te convient pas.

Moi : J'ai pas envie de parler de ça.

Oli : Flo, faut que tu me parles quand ça va pas sinon je peux pas t'aider.

Je reste silencieux.

Oli : Flo, putain !

Moi : Pitié Oli, fous moi la paix. J'en ai assez d'un psy, c'est assez dur comme ça !

C'est à lui de rester silencieux. Je me sens d'un coup très coupable de m'être emporté contre lui.

Moi : Mon psy est bien. C'est juste que voir un psy, c'est... trop dur.

Oli : Tu saurais m'expliquer ?

Moi : Non... C'est dur, je me sens mal après les séances, on parle de trucs dont j'ai pas envie.

Oli : Mais ça te fait vraiment aucun bien ?

Moi : Si... sur le long terme, je suis sûr que ça me servira. Mais à chaque séance, surtout celle-là, on a parlé de choses vraiment difficiles, et je me sens pas très bien. Et je ressens le besoin d'être seul.

Oli : Ok... on va dire qu'après chaque séance, je te laisserai tranquille, si tu veux me parler, tu le fais. Sinon, je te harcèlerai pas ni rien si t'as besoin d'être seul.

Moi : Merci de me comprendre Petit Frère.

Point de vue de Louna (15 Juillet 2019)

La vérité, c'est que j'étais une erreur depuis le début. Pas désirée. Je ne crois pas qu'on puisse m'aimer pour ce que je suis. J'ai de plus en plus de mal à me regarder dans le miroir. Je ne me sens plus de vivre comme ça, j'ai le cœur trop lourd. Mon présent est trop dur à porter. J'aimerai être de ces filles qui arrivent à surmonter leurs démons, moi, ils me terrassent.

Donc je fais semblant pour ne rien laisser paraître. Je me cache derrière les rires, derrière mes blagues. Mais un jour viendra où tout explosera. Je sais que j'ai besoin d'aide mais je ne peux pas. Et puis, parler de ce qui se passe chez moi, ça aurait trop de conséquence.

Dans un désespoir le plus total j'envoie un message à Ocèane :

🗨️A Ocèane🐻✌️💕 à 13h46 : Je suis tellement en détresse psychologique en ce moment, c'est grave !

🗨️A Ocèane🐻✌️💕 à 13h47 : (Désolée pour ce message sans contexte mais fallait que ça sorte)

Ocèane voit directement le message et m'envoie un vocal :

Ocèane🐻✌️💕 : Non mais là je vais te taper, il est déjà hors de question que tu dises « désolée ». Je suis ton amie, nous nous connaissons depuis assez longtemps pour que, Bordel de merde, pour que tu puisse me dire : « J'ai besoin d'aide : psychologiquement, ça va pas du tout ! » Faut venir m'en parler ! Moi, je suis pas là pour te juger ou quoi que ce soit. Si t'as besoin, je suis là. Donc vas-y, parles-en ! Parle-moi de ta détresse psychologique. La prochaine fois que tu t'excuses parce que tu viens me dire ce que t'as sur le cœur, moi je t'en mets une ! ... Non, je rigole. Mais t'as compris : tu peux te sentir libre d'en parler avec moi. Je vais peut-être pas avoir de solutions mais ça fait toujours du bien.

Les larmes me montent. Je me confie à elle et je me sens soudainement moins seule. Nous discutons un long moment. Ça me fait le plus grand bien. Ocèane doit me laisser, elle n'a plus de batterie.

J'ouvre donc mon ordi portable. J'ai suivi le conseil des filles et j'ai sorti le programme court dont je leur avais parlé lors du Stadium. Ça marche plutôt bien. Je ne fais pas énormément de vue mais les retours sont plutôt bon et j'ai eu de supers compliments d'autres humoristes. D'un côté, je suis vraiment contente, d'un autre, j'ai l'impression de pas assez faire, que je pourrais encore travailler plus, être encore meilleure. J'ai l'impression d'être une imposture, que je ne vaux rien et que je n'y arriverai jamais.

J'ai peur. Je vais déménager à Toulouse avec les filles. A ma place, tout le monde serait fou de joie : on m'offre un nouveau départ. Sauf que je ne suis pas sûre d'être assez forte pour pouvoir en prendre un. Au fond, peut-être que je ne mérite pas d'aller bien.

NDA: Love!💖