Chapitre 4

12 1 0
                                    

                           Adélaïde
                         10 et 11 ans

- Pff, je ne comprends rien et jamais je comprendrais, je soupire.
- Je suis sûr que si, riposte Louis.
- Winter, on le sait, toi et moi, que je suis la plus nulle en maths sur cette Terre.
- Ce n'est pas si compliqué.
- Parle pour toi, dis-je en levant les yeux au ciel.
Je me couche sur le lit de Louis et regarde le plafond comme si c'était une œuvre d'art.
Louis me rejoint dans ma contemplation.
Je lui prends la main et jette un coup d'œil vers lui.
Ses yeux sont fermés derrière ses lunettes.
J'aimerai qu'il les ouvre pour voir leur couleur noisette.
Ses cheveux châtains lui tombent sur la figure.
Ses lèvres s'étirent en un petit sourire.
- Je vais coller des photos de nous sur le plafond, murmure-t-il.
- Pourquoi ?
- Comme ça, chaque matin, je te vois et me remémore nos souvenirs.
- Tu as peur de les oublier ?, je demande.
Il reste silencieux avant de lâcher :
- Non. Mes moment avec toi sont gravés sur mon cerveau.
- Pareil.
On se fixe sans détourner le regard un seul instant.
- On reprend nos devoirs ?, interroge Louis.
J'attrape un coussin et le frappe avec.
Il éclate de rire.
- Ça va, j'ai compris. Plus de maths pour aujourd'hui.
- Et pour jamais d'ailleurs, j'ajoute.
Il pouffe.
- Ce qui est impossible, Addie.
- Je sais. La vie est cruelle.
- Addie ?
- Oui ?
- Tu te rends compte que dans trois mois, on a fini la primaire ?
- J'ai hâte !
Il ne dit rien. Je sens sa main desserrer la mienne.
Quelque chose ne va pas.
- Winter ?
- J'ai peur.
Je me redresse et contemple Louis qui essaye de cacher ses larmes.
- Tu as peur de quoi ?
Il renifle le nez, puis répond :
- Imagine on n'est pas dans la même classe.
- Oh Louis...
Je le prends dans mes bras.
- Winter, on va être dans le même collège. C'est déjà une bonne chose, mais je suis sûre qu'on va être ensemble.
- Et si ce n'est pas le cas ?
- Bah, on restera pendant les pauses déjeuner. Je ne t'abandonnerai pas, sache-le.
Il sèche ses pleurs.
- Promis ?
- Promis. Jamais on sera séparé. Parole de Adélaïde Carter. Allez, Winter, souris. Je veux voir le Louis Winterson joyeux. Sinon, j'appelle ton frère pour qu'il s'énerve sur toi. Il est toujours de mon côté.
Il obéit et mon visage s'illumine.
Il est le seul à me rendre heureuse.
En ce moment, j'ai besoin de sa présence.
Mes parents commencent à se disputer et à se crier dessus surtout lorsqu'on est couché, mes frères, ma sœur et moi.
Du moins, quand ils pensent qu'on est couché.
C'est leurs cris qui me réveillent la nuit, en sursaut.
Je ne sais pas du tout de quoi leur chamailleries sont dû.
Des fois, j'ai peur, mais je me dis qu'il n'y a rien de grave.
Tous les parents se disputent, non ?
- Addie, ici la terre. Revenez de mars, rit Winter.
- Hein ? Désolée je ne t'ai pas écouté.
- Ça, je l'avais remarqué. Quelque chose ne va pas ?
- Non, j'étais juste dans les nuages. Tu disais quoi au juste ?
- Je disais est-ce que t'aurais aimé que ce plafond disparaîsse ?
- Mais pourquoi ?
J'essaye de cacher mon rire.
Seul mon meilleur ami peut poser ce genre de question.
- Comme ça, la nuit, on peut voir les étoiles. Je sais que tu les aimes.
- Je ne les aimes pas. Je les adore. Nuance. À part ça, j'aimerai beaucoup que ce plafond disparaîsse. Seulement, il ferait froid dans ta chambre et si il pleut ou il neige, la pièce serait inondée.
- Je m'en fiche. Tant que tu les vois et que tu apprécies le spectacle.
- Mais tes livres seront détruit, je déclare.
- Hmm. Laisse-moi réfléchir. Qui choisir, toi ou mes livres ?
- Tu vas choisir tes livres, mais je t'aime quand même.
Le visage de Louis devient rouge.
- Winter, aimer en tant qu'ami.
- Oh... Même chose pour moi.
Mon cœur se serre.
Pourquoi ? Aucune idée.
- Au pire, je sacrifie tous mes livres sauf  " Le Petit Prince" et je te laisse le plafond disparu.
J'éclate de rire.
Je conseille aux gens d'avoir un Louis Winterson dans leur vie. Ce garçon illumine le monde.
Plus précisément, mon monde.
- Est-ce que tu as un rêve, Addie ?
- Beaucoup trop, enfaite.
- Dis-m'en une.
Je ne réponds pas et réfléchis.
J'ai trouvé !
- Pour rester dans le sujet, mon rêve serait de danser sous les étoiles.
Il reste silencieux, à son tour, avant de dire :
- Addie, je te promets que le quatorze février à minuit, lorsque tu auras dix-huit ans, je t'emmène dans un parc et on dansera sous les étoiles.
- Vraiment ?
- Oui, vraiment. Je serai celui qui exaucera tes rêves.
Je me mets debout et commence à sauter sur le lit en chantonnant :
- Je vais danser sous les étoiles avec Louis Winterson ! Je vais danser sous les étoiles avec Louis Winterson ! Je vais danser sous les étoiles avec mon meilleur ami que j'aime beaucoup beaucoup !
- Si ton futur petit copain est d'accord, intervient Winter.
- Ne t'inquiètes pas. Il n'aura pas son mot à dire. En plus, je ne veux pas de petit ami. Les garçons sont chiants et dégueulasses à l'exception de toi, Winter. Tu es et seras le seul gars de ma vie.

BrokenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant