Chapitre 1

849 55 13
                                    

Ploc ploc ploc

Il regardait l'eau du robinet dévaler le long du tuyau et s'éclater sur la surface de son bain. C'était relaxant et en même temps, affreusement dérangeant. Cela faisait bien deux mois qu'il avait quitté l'hôpital et avait emménagé avec Sherlock. Il avait l'impression que c'était hier qu'il arrivait dans cet appartement, petit mais charmant. Vivre avec l'homme le remplissait d'un sentiment indéfinissable, un mélange de joie et d'angoisse. Ils ne se voyaient que le soir, et parfois le matin quand Liam se réveillait tôt, mais leur appartement était rempli de sa présence.

Il savait à quel point cela avait dû être dur pour le détective de tout quitter et de s'installer dans un pays étranger, seul, sans certitude que le blond se réveille. Maintenir un style de vie saint avait aussi dû être une sacrée épreuve pour l'homme. Mais il l'avait fait. Pour que William se sentent bien. Il lui en était infiniment reconnaissants. Mais parfois, il se sentait coupable, comme s'il ne méritait pas une once de la gentillesse de Sherlock. Ça le faisait se sentir malade. Puis il y avait les cauchemars. Car peut importait à quel point il s'en voulait d'avoir condamné son ami, il ne supportait pas de le voir le regarder avec mépris, la colère brillant dans ses yeux. Ce genre de songes arrivait de plus en plus fréquemment et il avait peur de faire du bruit et de réveiller son colocataire. Il ne voulait pas que celui-ci l'entende geindre juste parceque Liam rêvait de sa haine et de son départ.

Les cauchemars n'étaient pas quelque chose de nouveau pour lui. Il en faisaient régulièrement quand il était encore le seigneur du crime. Il voyait les mains des personnes qu'il avait tué, couvertes de sang, essayaient de le saisir par les chevilles et l'entraîner en enfer pour qu'il y brûle pour l'éternité. Il se souvenait, avec un certain embarra, comment ses frères insistaient pour dormir dans la même pièce que lui, quand certains rêves étaient plus affreux que d'autres et qu'il ne parvenait pas à se calmer. Puis Sherlock était apparue et ses cauchemars avaient diminué. Même quand il n'était pas près de lui, la pensé du détective avait un effet calmant. Malheureusement, après la chute, les cauchemars étaient revenus, exploitant cette nouvelle peur qui s'était encrée en lui. La peur d'être à nouveau seul, de perdre l'unique personne qui le comprenait.

Pour éviter d'inquiéter son ami, il essayait de dormir sur le ventre pour que son visage soit pressé contre l'oreiller, et qu'il étouffe ses plaintes. Il ne voulait pas le déranger, lui qui travaillait si dure pour eux deux. Ce n'était pas juste. Alors il se taisait.

L'eau du bain devenait froide. Il sorti de la baignoire, faisant attention à ne pas glisser. Il lui était déjà arrivé de trébucher, quand il était encore à l'hôpital, et une infirmière avait dû l'aider à s'habiller et à se mettre au lit. Il s'était senti tellement humilié que son visage avait viré au rouge. Sa seule consolation était que Sherlock ne l'avait pas encore vue dans une situation compromettante. Il ne le supporterait pas.
L'air froid frappa sa peau, le faisant frissonner. Il n'avait qu'une envie, se blottir sous sa couette, mais il avait obtenu de Sherlock qu'il le laisse préparer les repas du soir, afin de soulager son fardeau, alors il alla s'habiller et commença la préparation du dîner.

Il venait de finir quand son colocataire arriva, les cheveux ébouriffés par le vend du dehors. Il faisait rarement froid à New-York, mais les rares jours de tempête étaient rudes. Comme à son habitude, Sherlock vérifia l'état du blond, s'assurant qu'il n'était pas trop fatigué, qu'il se reposait bien et que l'état de ses blessures s'améliorait. L'homme ne cachait même pas à quel point il se sentait coupable de ne pas avoir pu le protéger. Son regard s'assombrissait et sa mâchoire se contractait. Il souhaitait pouvoir lui caresser le visage et lui dire à que ce n'était pas sa faute, mais le courage lui manquait. Plus rien ne le retenait d'avouer ses sentiments mais il y avait toujours cette peur que cette attraction ne soit pas réciproque, que ça briserait leur amitié. Le brun lui envoyait des messages contradictoires. D'un côté il était surprotecteur et au petits soins avec lui, de l'autre il limitait les contacts physiques et avait tendance à le fuir. Il ne le regardait plus en face quand ils se parlaient, seulement quelques secondes avant que la culpabilité brille dans son regard et qu'il ne détourne de nouveau les yeux. Il avait l'impression que cette distance était beaucoup plus faible quand il était encore à l'hôpital. Comme si le problème avait vu le jour quand ils avaient emménagé ensemble.

Près de toi, le monde est coloréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant