Chapitre 12 - Beck

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Présent.

Trois jours. Trois putains de jours que j'ai replongé et que mon envie de vengeance est plus puissante qu'une envie de pisser. L'avantage de la situation, c'est que personne ne se souciera de la mort d'un vieux SDF. Ils se contenteront tout bonnement de jeter son corps dans la fosse commune, si ce n'est pas déjà fais, et personne n'en parlera jamais. C'est la triste réalité.

Comme une camée, j'ai dû m'isoler pour éviter de refaire une bêtise, prétextant devoir partir pour le boulot. Kate a fait la gueule les deux premiers jours, jouant la carte de la sœur délaissée, puis a fini par tout oublier lorsque son très cher Derek lui a fais la surprise de l'emmener en weekend à Bolton, chez sa famille. Ce qui, personnellement, m'arrange puisque je vais pouvoir bosser tranquillement, au chaud dans mon motel cocooning – ou miteux, tout est une question de point de vue.

Steph est passé plutôt dans la semaine me déposer un dossier contenant toutes les nouvelles infos qu'il a pu dégoter sur ce Nolan. Trop occupée à ne pas devenir plus folle que je ne le suis déjà, je ne l'ouvre qu'aujourd'hui. Alors que je soulève la lame de parquet sous laquelle est cachée la petite pochette en kraft, mon cœur tambourine. Très certainement le résultat de l'excitation malsaine qui coule dans mes veines. Ma psy dirait très certainement que je suis irrécupérable. Heureusement que je n'en ai pas.

Le dossier est rempli de clichés, de rapports de police à rallonge, du style de ce que l'on ne voit que dans les séries télévisées policières : vols à mains armées, trafics de drogue, meurtres, cambriolages, incendies. Rien que ça. A l'intérieure du dossier, se trouve également une petite clé USB, sur laquelle une étiquette m'indique qu'il s'agit d'enregistrements audios. Certainement des échanges téléphoniques qui ont pu être interceptés.

Je parcours scrupuleusement les clichés, déçue de ne pas voir apparaître son visage. Mon obsession devient sacrément craignos.

Un des rapports de police attire cependant mon attention :

« Manchester, le 15/12/17

Ce jour, à 21h43, ce qui s'apparente à un règlement de compte a eu lieu au sein d'un appartement situé sur la 52ème. Deux hommes, d'origine israélo-palestinienne ont été aperçus, sortant du domicile où un couple a été retrouvé mort, l'une égorgée l'autre, tué par balle. Leur identité n'a, pour l'heure, pu être déterminée.

Les deux hommes vêtus de manteaux noirs, mesurant tous deux aux alentours d'1,80m, ont été aperçus entrant dans un véhicule noir de type Mercedes classe G longue immatriculée « BD 66 MSR », inconnu de notre base, par les caméras de surveillances posées à l'angle de ladite rue. Un des deux hommes a pu être identifié ».

Sous ce court paragraphe est inscrit, à l'encre rouge, un nom qui me glace le sang. Isaiah Abramovitch.

- C'est quoi ce bordel ? Pensé-je à voix haute.

Renonçant à l'envie dévorante d'appeler Steph pour en savoir plus, je poursuis ma lecture. Malheureusement pour moi, tous les rapports de police suivants ne mènent à rien. Toujours aucune mention n'est faite de la Red Star, qui demeure invisible. Mais si ces documents sont aujourd'hui dans mes mains, ce n'est pas pour rien. Tous ces rapports ont un point commun, l'Israël ou, plus précisément, l'IC.

Contrairement à cette pourriture de pègre israélienne, ce mec, ou plutôt ces mecs, si on en croit cette multitude de transactions qui ne peuvent avoir été effectuées par un seul homme, sont vraiment bons. Les seules traces que l'on a d'eux sont à première vue inutilisables et ne mènent nulle part. Du trafic d'arme à la prostitution, en passant par la drogue, tout y passe, ces fils de pute touchent à tout et ce, dans la quasi-totalité du pays.

Alors que j'entame la lecture du sixième et dernier rapport, plus anciens que les autres, concernant la ville de Preston où une vingtaine d'armes a été perquisitionnée dans le garage d'une mère de famille – bah voyons -, un prénom attire mon attention, Silas. Au dos du document, une note est à nouveau inscrite :

« Silas Kurt, j'ai pas encore trouvé d'infos, mais ça m'étonnerait pas que ce soit son paternel ».

- Oui chéri, j'te le confirme. Ça, c'est papa Kurt, répondé-je comme si quelqu'un pouvait m'entendre.

Bon, c'est bien joli tout ça mais il me manque l'information clé : qu'est-ce que mon putain de paternel a à voir avec le sien ? Alors que je m'apprête à insérer la clé USB dans mon ordinateur, mon téléphone vibre à côté de moi.

- Ouep' ? Je m'apprêtais justement à...

- T'as écouté les audios ? Me coupe Steph, visiblement inquiet.

- J'allais le faire, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Écoute moi bien Beck, je ne déconne pas avec toi. Je viens juste de réussir à déchiffrer le dernier appel téléphonique émit depuis le téléphone d'un des gars, un certain Allan. Ils comptent mettre à exécution leur plan ce soir. J'ai pas l'plan ni l'pourquoi du comment mais... Putain, souffle-t-il, où est Kate ?

- Oh tout doux, c'est quoi cette histoire Steph ? Qu'est-ce que tu en sais que ça a à voir avec moi ?

- Où est Kate, Rebecca ? Hurle-t-il au téléphone.

- En weekend ! Elle est partie en weekend, putain. Détends-toi et dis-moi ce qu'il se passe.

Il ne me répond pas tout de suite, soupirant bruyant, sûrement de soulagement, à l'autre bout du fil.

- J'ai réussi à choper qu'un extrait de leur conversation, elle était brouillée mais on à réussi à bidouiller avec mon gars. En gros, ils savent qui tu es. Fin ils connaissant ton nom.

- Et ? M'impatienté-je.

- Délire de vengeance, j'ai pas tout saisi. Reste sur tes gardes, il va sûrement se passer un truc ce soir. D'ici cinq minutes, Joe va passer au motel et te filer de quoi te défendre, juste au cas où. Après, tu rentres chez toi.

- Chéri j'ai ce qu'il faut, rié-je.

- Il te faut un truc encore plus discret. T'es dans la cour des grands là, alors fais ce que je te dis pour une fois, termine-t-il la conversation en me raccrochant au nez.

- Bonne journée à toi aussi, connard ! Crié-je en jetant mon téléphone sur le lit.

Clairement, ça pu. Alors que je m'apprête à remettre le dossier de Yuda à sa place, laissant la clé USB près de mon ordinateur, quelqu'un toque à ma porte. Vigilante, bien que personne ne soit censée connaître cette planque, je vérifie à l'aide du judas si c'est bel et bien Joe qui se tient devant. Joe est genre le courtier du groupe. Chaque fois que l'on doit se transmettre des documents, des armes, ou tout genre de matos, c'est lui s'y colle. Je crois que depuis que je fais ce boulot, je n'ai jamais entendu le son de sa voix. Ce mec c'est un putain de pigeon voyageur, il vient, il toque, il repart. Son niveau de sociabilité avoisine le zéro.

Le voyant s'en aller, j'ouvre finalement et me saisis du petit colis posé sur le pas de ma porte. Refermant à double tour derrière moi, je me dirige vers le lit, toute excitée à l'idée de découvrir mon nouveau joujou.

La boite est assez remplie. A l'intérieur, un cran d'arrêt automatique noir m'attend sagement dans son étui. La lame est parfaitement lisse, gravée d'un logo que je ne connais pas, certainement une des dernières acquisitions de Steph. Alors que je m'en saisis pour le regarder de plus près, l'entièreté du contenu de la boite se révèle à moi.

Du désinfectant. Oh...

Des compresses. Bordel...

Des sutures chirurgicales. De merde...

- Putain, pas encore ! Pesté-je.

Détestables (Tome 1) [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant