Chapitre 56 - Beck

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J'ai réussi à dormir quasiment tout le trajet, soit plus de dix heures d'affilée. C'est un exploit. Quand je me suis réveillée, ma tête reposait sur l'épaule d'Allan, concentré sur l'écran de son téléphone. Nolan nous observait, l'air ailleurs. A vrai dire, il fixait Allan, lequel n'avait pas l'air de s'en soucier.

La culpabilité m'assaille lorsque je me remémore notre conversation de la veille. Je n'ai pas pu faire autrement que de l'impliquer, à nouveau, dans mes plans. S'il m'a fait comprendre que l'idée de trahir une nouvelle fois Nolan ne lui plaisait pas, il n'a pour autant pas encore refusé. Il a peur des conséquences, et je le comprends. Je ne sais pas vraiment ce qui le motive à potentiellement me couvrir et je ne suis pas très à l'aise avec le fait de l'utiliser de la sorte. Toujours est-il que je n'avais pas d'autres solutions, les probabilités de réussite étaient trop minces. Il était hors de question que Nolan soit au courant. 

Alors que je le pensais perdu dans ses pensées, Nolan se lève d'un bond, intimement Allan de le suivre à l'écart. Ce n'est pas vraiment une question, mais plutôt un ordre, prononcé sèchement. Isolée du groupe, j'en profite pour consulter mon téléphone. Yuda ne m'a rien envoyé de nouveau, et ne s'est d'ailleurs pas connecté depuis notre dernière conversation d'hier. Je m'apprête à verrouiller mon portable, mais je me rappelle soudain du message reçu hier, venant d'un numéro inconnu. De fil en aiguille, j'ai complètement oublié de le lire. Je m'étonne lorsqu'aucun message non lu n'apparaît. Pourtant, la conversation est belle et bien présente. Lorsque je lis ces quelques mots, j'en reconnais immédiatement l'expéditeur. Intriguée je vérifie l'heure à laquelle il a été envoyé et... Merde.

Un mauvais pressentiment s'empare de moi lorsque je me rends compte que le message a été lu quelques heures plutôt, alors même que je dormais. Je me mets à tourner sur moi-même, à la recherche d'Allan et Nolan. Je panique à l'idée que ce dernier puisse faire une énorme connerie, l'enjeu est bien plus important que la dernière fois. Qu'est-ce qu'il fait des traîtres déjà ?

Nolan

Il ne paraît pas désolé lorsque je lui dis être au courant. Il ne détourne pas le regard non plus, déterminé à me tenir tête. Planqués dans un des bureaux de l'aéroport, mon arme à quelques centimètres de son front, nous nous défions du regard. Il sait qu'aujourd'hui, je suis capable d'appuyer sur cette putain de gâchette et d'effacer son foutu sourire de traître.

- Tu aurais fait la même chose, ose-t-il rompre le silence.

- Pas s'il s'agissait de trahir un homme avec qui je travaille depuis des années.

- Sauf qu'il s'agit de Rebecca, insiste-t-il.

Il sait qu'il a raison, et ça me rend fou. Comment cette putain d'Abramovitch a pu nous retourner le cerveau de cette façon. Ma main tremble d'énervement, et il s'en aperçoit. D'un geste lent et calculé, il pose sa paume sur mon arme et la baisse doucement. Je le laisse faire, sans pour autant le lâcher du regard.

- S'il lui arrive quoi que ce soit, je te jure sur ta fille que tu n'auras plus jamais l'occasion de lui sourire.

- Je n'en doute pas une seule seconde, répond-il d'un mouvement de tête entendu.

- Ses hommes, on n'en a rien à branler, compris ?

Pour toute réponse, Allan se contente de rire, frappant mon épaule du plat de sa main. D'un seul regard, il me fait comprendre qu'il n'y a qu'elle qui compte. Comme pour se racheter, il m'explique en détails ce que Stephan et ses hommes ont l'intention de faire. En revanche, et pour éviter que le plan ne foire, il ne précise pas comme il entend protéger Rebecca, et ça me va très bien. Moins il y aura de personne au courant, mieux ce sera.

Nous rejoignons rapidement les autres près de la porte de sortie de l'aéroport. Tous sont désormais réunis. Rebecca est quelques mètres plus loin des autres. Son visage est fermé et elle paraît inquiète. Lorsqu'elle nous repère soudain, tout son corps semble se détendre. Alors qu'elle se dirige vers nous, son élan est interrompu par un homme. Elle blanchit à vue d'œil.

- Alya ?

Aussi choqué qu'elle, je m'avance de quelques pas pour entendre un peu mieux la conversation qu'ils s'apprêtent à avoir. Visiblement mal à l'aise, Rebecca déglutit avant de répondre.

- Vous devez faire erreur, je...

- Non, c'est moi ! Zayn ! Oh peut-être que... Tu étais blonde la dernière fois que je t'ai vu !

Elle secout frénétiquement la tête et recule lorsque la main de cet homme s'approche de son bras. Il semble s'excuser, avant de finalement tourner les talons tout en sortant un téléphone de sa poche. D'un rapide coup d'œil, je m'aperçois que Rebecca me regarde. D'un geste de la tête, elle me prévient de ne pas le lâcher. Sans plus attendre, je charge Russell de le suivre et de s'en occuper. Avant même que je ne demande quoi que ce soit, Rebecca prend la parole.

- Zayn Haddi. C'était un homme de Yuda avant qu'il ne décide, au cours d'une mission, de nous abandonner pour se rallier à l'IC. Il ne connaît pas ma véritable identité mais je ne nous donne pas plus de cinq minutes avant qu'il ne fasse le lien, murmure-t-elle proche de mon oreille en maintenant son regard de sa direction.

- Russell s'en occupe, il pourrait nous être utile.

Lorsqu'elle me regarde à nouveau dans les yeux, la proximité de nos deux corps me frappe soudain. Elle semble aussi s'en rendre compte, décollant alors son bras du mien pour rétablir une distance de sécurité entre nous. Je me retiens difficilement de m'approcher à nouveau. 

Détestables (Tome 1) [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant