6 - SAMUEL.

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Un sourire stupide placardé sur les lèvres, je le regarde dormir. Je n'ai pas le droit d'être-là. La seule raison pour laquelle je suis allongé à ses côtés dans sa couchette, c'est qu'il est le commandant de bord et que personne, en ce soir de fête, n'a eu le courage de venir gâcher notre moment. Il y a des règles à respecter à bord, et je le sais, mais les contourner ne va pas pour autant déclencher un cataclysme. Et j'en suis heureux.

Il est beau. Terriblement craquant. Allongés sur le profil, face à face, je balade mes doigts dans ses cheveux et papouille sa tempe tandis qu'une énorme bouffée d'affection m'envahit. Cet homme incroyable est mon petit-ami. Je peine encore à le réaliser.

Notre relation est atypique. Si cela n'avait pas été un genre de coup du destin, nous n'aurions jamais dû nous rencontrer. Mais c'est arrivé, et je vis depuis ma plus belle histoire à ses côtés. Il me rend heureux et audacieux ; la preuve, je suis dans cet avion ce soir.

Lorsqu'il est parti le week-end dernier, je me suis fait la promesse d'amener le réveillon à lui. Pas le genre de réveillon où on aurait bu et mangé, car je sais que cela aurait été impossible, mais au moins un réveillon où on aurait été ensemble. Et quoi de mieux que le surprendre en ce jour si spécial sur un Paris-NewYork, ce même long courrier sur lequel nous nous étions rencontrés ? Je n'ai pas réfléchi et j'ai foncé. Trois jours plus tard j'embarquais pour Paris, totalement à l'arrache. Et conscient qu'il était occupé là-bas, j'en ai profité pour rendre visite à quelques amis, laissés sur le carreau lors de mon départ pour une nouvelle vie, avant de me pointer à l'aéroport pour le vol retour.

— Samuel...

J'esquisse un sourire en l'entendant murmurer mon prénom, paisible, quasiment endormi. Ses yeux sont fermés mais il vient blottir son visage au creux de ma paume, posée sur sa joue. Je me penche et dépose un baiser sur ses lèvres pleines, sur son front ensuite, et murmure à mon tour :

— Quoi...?
— Je t'aime.

Je lui murmure que je l'aime aussi et ferme les yeux. Je me gorge de sa présence, de la chaleur et de l'odeur que son corps dégage, et je me sens bien. À ma place. En fait, dès qu'il est là, c'est comme si la vie devenait subitement plus facile. Parfois, je me dis que j'aimerais la vie même si nous nous retrouvions sur une île déserte, avec rien de ce que nous connaissons du monde moderne. Sa présence me donne la force, et tout à ses côtés me semble surmontable.

— Commandant, nous approchons des côtes.

Je me sens idiot d'être surpris par l'un de ses collègues, mais je décide bien vite que je me fous de ce que les autres pensent. Il faut quelques secondes à Warren pour émerger, mais il semble retrouver bien vite sa lucidité.

— Tu pars ?
— Ouais. Je suis en charge de l'atterrissage.

Il quitte la couchette et je m'accorde quelques secondes pour le regarder tandis qu'il ajuste sa chemise et lisse son pantalon. Il remet sa veste, la boutonne, et une bouffée de chaleur m'envahit. Si sexy.

— Promets-moi de ne pas te changer avant notre arrivée à l'appart'.

Il ricane, regarde si sa cravate est droite, et se tourne pour me faire face. Il me tend la main, m'incite à me lever – je sais que je dois maintenant rallier mon siège pour les dernières heures de vol – et m'attire doucement contre lui. Son sourire fait des ravages dans mon coeur et mon ventre.

— Oh et pourquoi donc ?

Je lui vole un baiser et murmure à son oreille, une main vagabondant sur ses fesses :

— Parce que c'est moi qui vais déshabiller le commandant de bord, ce soir.
— J'ai hâte.

Sa réponse n'est qu'un souffle mais je l'entends, tandis que son corps réagit instantanément. Après un dernier baiser sur sa joue, je le laisse retourner à son travail.

Christmas Flight.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant