Ils ont décoré ma chambre avec tellement de goût. Ils ont su la mettre à mon image. Une danseuse, des coussins. Je rentrai à l'intérieur doucement, je découvrais un bureau très sympa, un grand lit avec des coussins dessus et une peluche, un mouton. J'étais très touchée par cette attention. Je continuais et vis quelques cadres représentant une danseuse, une rose, une guitare. Je tournais ma tête et vis, déposé dans un coin, une basse. Je m'en approchai, la caressa.
- Elle est à toi.
Je reconnu cette voix si douce, cette voix qui m'avait tant manquée. Louis. Louis. Ce nom résonnait. Les larmes me montèrent en même temps que la colère. Il m'avait littéralement abandonné et pensait que j'allais lui sauter dans les bras pour une basse ? Je me retournais, et m'aperçus qu'il ne restait plus que lui et moi dans la pièce. Je me rapprochai de lui jusqu'à avoir mon nez quasiment contre le sien.
- C'est quoi ton problème ? Tu comptes m'acheter ? Tu crois qu'une basse va régler le problème ? Le problème ne se réglera jamais Louis. Car le problème, c'est toi. Je te hais, je te déteste, tu n'es plus rien pour moi.
Ces phrases m'échappèrent, les yeux noirs, le visage sévère, il a senti toute ma haine dans mes yeux, je le savais, je le connaissais. Au fur et à mesure que ces mots sortaient, les yeux de Louis s'embuèrent. Je le fixais, je voulais qu'il sente toute ma souffrance. A la fin, il me fixa, une larme dévala sa joue, puis, il parti en fermant la porte. Sa réaction me fit encore plus mal. Il fuyait. Je voulais qu'il m'engueule, qu'on échange, qu'il s'excuse, qu'il me prenne dans ses bras. Mon cœur avait mal. Je hurlai un gros « merde » en m'en allant sur le balcon avec la petite pochette surprise, la pochette illégale, mon échappatoire, mon herbe. Pour accompagner ce joint qui me faisait tant de bien, je mis de la musique dans mes oreilles. Sur le balcon, assis contre le mur à coté de la fenêtre, j'étais bien, je respirais enfin.
Quelques minutes plus tard, je sentis quelqu'un s'assoir contre moi. Je ne savais pas qui c'était. Je n'avais pas envie de bouger ma tête pour cette personne. Cependant je pris le soin de baisser la musique au cas où elle parlerait. En réalité, j'espérais que ça soit Victo, je me souviens, avant, je me confiais beaucoup à lui, il savait me remonter le moral, m'aider.
- Tu me laisses tirer ?
A ces mots, mon cœur battait plus vite, c'était lui, c'était Victorien. Je lui tendis la cigarette, il tira dessus et me la repassa. En même temps il me prit un écouteur qu'il passa dans son oreille. Cela me faisait du bien de partager ce moment avec Victo. Je le retrouvais un peu. Sans m'en rendre compte des larmes coulaient sur mes joues ce qui n'échappa pas à mon compagnon. Tendrement il ouvrit ces bras et m'entoura. Je me retrouvais blottis contre lui, je sentais son odeur, elle n'avait pas changé. Il me fit un léger baiser sur le front et me dis avec une tendresse infime « ne t'en fais pas, je suis là maintenant, on est là, et tout va s'arranger ». Je voulais le croire, je voulais que tout se passe comme il le prétendait mais je n'y croyais plus.
- Je te laisse, me dit-il, installes toi et prépares tes affaires, demain on reprend les cours !
- « On » ? Dis-je très surprise.
- Oui Lucas, toi et moi ! On a décidé de continuer nos études car être musicien à 21 ans ne nous garanti pas une carrière toute la vie !
- Oh je vois, et vous faites quoi ?
- Lucas en BTS management des unités commerciales dans ton lycée d'ailleurs et moi un BTS en informatique.
J'acquiesçais en souriant. Savoir que Lucas serait dans mon établissement me rassurait un peu.
- Bon, installes toi, prends une bonne douche et viens nous rejoindre au salon. Me dit-il d'un ton entrainant.
- D'accord mais pour le salon, je préfère rester dans ma chambre.
Il s'assit sur mon lit et me fit signe de le rejoindre. Je m'exécutais. Il me prit dans ces bras et déposa son menton sur ma tête
- Écoutes, dit-il en chuchotant, je sais que tu veux que ça s'arrange entre vous deux, je sais qu'il te manque mais que tu éprouve une haine immense. Mais réagir comme ça ne fera qu'attiser cette haine.
Il se leva en me faisant un sourire et s'en alla.
Victo avait sûrement raison. Je l'avais retrouvé au moins, lui.
Une heure plus tard, je descendis et m'installa sur le canapé, Victo me sourit, il avait l'air fière de moi. Nous regardions la télé quand Jean Etienne nous avertis que le repas était prêt. J'observais beaucoup durant le repas. Les blagues fusaient, les conversations passaient. Mais le sujet principal demeurait la musique. En relevant la tête mes yeux s'arrêtèrent sur Louis. Il avait le nez dans son assiette et jouait avec sa fourchette, il n'avait rien avalé. A ce moment, je voulais me lever et le prendre dans mes bras. Je repensai aux paroles de Victo, je regardais Louis, mes yeux s'embuèrent.
D'un bond je me levai, passa autour de la table pendant que tout le monde me dévisageais. Louis me regardais avec un air peureux. Je m'avançai vers lui.
- Lèves toi ! Dis-je d'un ton sec.
- Euh, pourquoi ?
- Vas-y lèves toi, merde !
Louis se leva, ahuri. Lorsqu'il fut sur ces deux jambes, je me jetai dans ses bras, lui serrant la taille le plus fort possible. Il fut d'abord surpris puis me serra à son tour, il me serrait tellement fort. J'entendis un petit « je t'aime, pardon » dans mon oreille et je lui répondis en lui faisant un énorme bisou sur sa joue qui m'avait tant manqué.
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Journal d'un ange égaré... (Louis Delort & the Sheperds)
FanficMoi, Ysia Delort, née un 4 avril 1996 et délaissée. Voilà ce qu’aujourd’hui je peux dire. Un frère absent malgré nos promesses, notre pacte ; des parents inexistants pour moi ; un copain effrayant. Tout cela est le fruit de mon renfermement et de m...