Los Angeles, Décembre 2021.
Après une année d'un silence pandémique, voilà que mes sens sont secoués par l'euphorie des enceintes et la fièvre concéreuse d'un public assoiffé de nous retrouver, de me retrouver.
Le monde se réveille de son long sommeil et dans mon cœur s'ouvre la fenêtre d'une envie de voyager ; celle de se rencontrer ; celle de se reconnecter à la terre brute.
Enfin ma solitude n'est plus, car ils sont là à m'accompagner dans mes folles aventures. A leurs côtés je ne suis pas l'homme que je suis sous les projecteurs. Je devins un simple être humain, un voyageur, égaré dans la folle histoire de la vie.
Devant moi se dresse un panorama tropical et herbacé. Des grandes vallées qui dessinent l'immensité des paysages de ce pays qui m'inspire. Tout ici me rappelle ce qui m'a manqué un an durant : l'odeur de la vie, le parfum humide de la flore embrassé par les gazouillis discrets de la faune, le tout lié par les senteurs matinales de la nature verdoyante après la rosée du matin.
Cependant, les routes goudronnées me redonnent ce sentiment d'oppression que je fuis. Je voudrais partir à la quête utopique d'un endroit où mon identité ne serait pas un fardeau. Où je ne serais pas les deux lettres de mon nom mais seulement un anonyme parmi d'autres.
Je navigue dans les rêves de mon inconscient et mon esprit prend le large. Il atteint le lagon bleu d'un océan azur vers des côtes bordées par une mer tumultueuse. Je ne sais pas où est-ce que je suis mais je m'en fiche car je suis exactement là où ma destinée m'a menée.
Soudain, une voiture s'arrête. Elle est embrumée par la poussière d'une terre rouge et aux teintes ferreuses. A son bord se trouve des personnes aux sourires contagieux. Ils s'expriment en une langue qui m'est inconnue mais la tonalité dans leur voix m'indique leur bienveillance.
Leurs peaux caramélisées par les lueurs d'un soleil ardent contraste avec la mienne, blanche comme du lait. J'aime ce contraste qui luit dans la dissemblance des palettes de l'être humain. Elle me fascine car je puise dans la diversité des sentiments de l'Homme, l'encre qui façonne mes mélodies.
Ces gens heureux me demandent de monter dans leur véhicule, une vétuste embarcation de campagne et nous naviguons vers l'inconnu. Des routes sinueuses se crayonnent au loin. Chaque virage épouse une colline, elles embrassent les bords farouches des montagnes et leurs pentes escarpées.
Mon cœur virevolte et mon estomac se crispe à chaque tournant. Une nature sauvage nous comprime, couvé par un ciel couleur océan. La voiture file à toute vitesse, ignorant les autostoppeurs et les passants inconscients qui s'écartent lorsque le klaxon du véhicule les alerte.
Mes cheveux indisciplinés sont fouettés par un vent malicieux. Un sentiment de liberté me revêt. Il est propice à emprisonner mon anxiété et mes tracas. Il annihile également la fatigue de ces quatre jours intenses où j'ai nourri mon public de toute la puissance de mon âme d'artiste.
Désormais, c'est ma propre essence qui a besoin d'être nourrie. Celle du voyageur vagabond flânant ici et là, celle du simple homme que je suis. In fine, ma vie est dominée par les paillettes éphémères de cette destinée à laquelle j'ai toujours aspiré. Toutefois, mon âme elle, ne respire vraiment que lorsque je suis sur les routes.
Seul dans la galerie d'art de la vie.
N.
Dédicace aux belles et tortueuses routes de Tamatave (Madagascar) qui m'ont inspirée pour cet écrit.
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[OS Namjoon] Feuille déchirée : Les témoignages de mes phalanges
Poesía2020. Séoul. Les écrits non publiés d'un écorché de la vie, voué à demeurer secret. Série d'OS avec Namjoon (RM of BTS). Statut : Terminé.