𝐈𝐕 | 𝐏𝐄𝐀𝐑𝐋

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꧁ 𝐑𝐄𝐂𝐎𝐍𝐍𝐔𝐄 ꧂

À vrai dire, je n'ai jamais été propriétaire de mon propre corps, je n'étais qu'un avis minoritaire et optionnel, résumant à l'inutilité.

À l'entente de mon réveil, j'ai cet instant de réalisation.

Merde.

C'est ma rentrée aujourd'hui.

Je scrute l'heure, réalisant que je ne suis pas en retard mais bien ponctuelle. Il faut croire que les événements de la veille ont permis de bénéficier d'une longue nuit de sommeil. Même si cette dernière fut mouvementée, peuplée de périples.

—  Pearl, c'est bientôt l'heure ! hurle la voix de Christopher dans le couloir.

Les matins avec Christopher conservent les mêmes aspects. Ils sont austères, parce qu'il a ce besoin que tout soit fait à l'heure, il est comme ça depuis que je l'ai rencontré. Il lui faut plusieurs heures afin de gagner un comportement olympien et apaisé.

Je me contemple dans le miroir, balançant une œillade sur mes yeux gonflés, mes pupilles très peu dilatées bordées d'un bleu azur. Ma joue accueille l'injure de Nate sur ma peau, je la parcoure avec mes doigts tout en remettant en mémoire chaque détail.

Chaque. Détail.

Je me redresse de ce lit d'une lenteur somnambulique, mais mon envie de rester engouffrée dans cet amas de couvertures en flanelle est tellement tentante. Cependant je favorise l'idée de ne pas rester une minute de plus dans cette maison lorsque Nate réside dans cette dernière, c'est comme m'infliger une punition.

J'ai trente cinq minutes devant moi, je pense que le temps me suffit. Un haut à manches longues vient s'ajuster à ma morphologie, la couleur grisâtre de ce haut ne fait que renforcer la nuance blafarde de mon visage. Une étoile noire vient s'inscrire au milieu. Je déploie l'un de mes nombreux jeans tailles basses, avant d'en choisir un d'un gris délavé, ainsi que ses strass extirpés suite aux nombreux passages à la machine. J'hume l'éther autour de moi évacuant l'anxiété qui s'accentue dans mon corps en abondance, tentant d'enfiler une ceinture opalescente à strass et paillettes tout en canalisant mes tremblements incommodants.

Alors que je saisis mon téléphone sur mon chevet, mon laboratoire d'esprit ne pense sans cesse qu'à mes médicaments non-entamés.

Et j'hésite pendant plusieurs minutes.

Après tout, j'en ai bien besoin, pour cette fois.

Juste une seule fois, pour cette rentrée, si je ne prends que ceux contre l'anxiété, je ne risque pas d'en devenir dépendante, il en faut bien plus.

Enfin, j'espère.

Il n'y a pas de doute.

J'ouvre un paquet, et en déploie un médicament, avant qu'il ne glisse au fond de ma gorge à l'aide de ma salive. Un soupir de soulagement brise le silence pesant de ma chambre insipide.

— Pearl, tu descends tu dois y aller, maudite voix de mon beau-père lorsqu'il est pressé.

Je ne réponds pas, prends mon sac et enfile mes écouteurs, Christopher m'attend devant les escaliers, accoté contre la rambarde des escaliers en tapotant des doigts cette dernière, je passe devant lui.

Il est vêtu de sa cravate parfaitement nouée.

—  Tu aurais pu prendre le bus, montre un minimum d'enthousiasme Pearl, plaisante-t-il, d'un ton réprobateur satirique.

IMBALANCE [ sous contrat d'édition chez PDW ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant