ℙ𝕣𝕠𝕝𝕠𝕘𝕦𝕖 : ɪ ᴡᴀɴᴛ ɪᴛ ᴀʟʟ

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Le monde est injuste. Les inégalités sont partout, même dans les lieux jugés les plus réglementés. Les gens sont simplement trop naïfs et lâches pour s'en apercevoir. Il faut vraiment tout faire soi-même.

Voilà à peu près les pensées qui occupaient l'esprit de William James Moriarty en ce lundi matin ensoleillé, alors qu'il se dirigeait d'un pas nonchalant vers son établissement scolaire. Une nouvelle année scolaire venait de débuter ; et il avait l'intention de la mettre à profit.

Il n'était pas sensé avoir cours avant encore deux heures ; mais Albert avait reçu une convocation pour une réunion de dernière minute, l'empêchant d'accompagner Louis à l'école ce matin-là. Or celui-ci était timide (bien qu'effrayant lorsqu'il se mettait en colère, mais ça, peu de personnes pouvaient en juger) et avait paru angoissé à l'idée de faire seul le chemin. Et William, détestant voir son cadet ainsi en détresse, avait spontanément proposé de remplacer leur aîné, assurant à un Louis embarrassé que ça ne le dérangeait absolument pas de partir en avance, si tant est que c'était pour son petit frère adoré.

Les voici donc marchant côte à côte sur le trottoir menant au bâtiment, juste descendus du bus, William les yeux levés au ciel, laissant son esprit dériver tranquillement sur le cours de ses pensées, et Louis, avançant à la même cadence, silencieux, n'osant pas sortir son grand frère de ses réflexions. De toute façon, il n'était pas un grand bavard.

Les deux frères se séparèrent sitôt arrivés, l'aîné laissant le cadet se rendre en cours pour se diriger vers la bibliothèque. Puisqu'il était là, autant en profiter pour étudier. Voilà quelque chose dont il ne se lassait jamais. Il voulait tout apprendre, tout savoir ; rien ne l'arrêtait, tout l'intéressait. Cette intelligence terriblement profonde dont il avait été doté rendait sa curiosité et sa soif de connaissance intarissables.
Il entra dans la bibliothèque, et remarqua, avec une légère déception, que d'autres avaient eu la même idée que lui. La pièce n'était pas vide, comme il l'avait espéré, au contraire. Elle était bien moins remplie que lors des heures de pointe, mais la quinzaine de personnes présentes suffit à lui arracher une moue contrariée. Il aimait être seul pour travailler, une foule d'adolescents chuchotant sans cesse dans les parages constituant un élément plutôt perturbateur.
Mais bon, il ne pouvait rien y faire... Il se dirigea donc vers une table du fond, le plus loin possible des élèves présents, et s'installa silencieusement. Le bruit des conversations, qui s'était tu lors des quelques instants qui avaient suivis son arrivée, reprit de plus belle dans un chuchotis incessant. Il n'y prêta pas la moindre attention, et sortit tranquillement ses affaires. Il avait l'habitude.
Il ne saurait pas réellement s'il devait se définir comme une personne sociable ou non... Disons le clairement, ses cheveux dorés, son intelligence, ses aptitudes incroyables dans toutes les disciplines et sa sympathie naturelle, le tout ajouté à son charisme certain, faisaient de lui quelqu'un de très populaire. Les autres l'admiraient, et il en était conscient. Mais pour sa part, ses sentiments étaient mitigés. Oh, il n'avait rien contre ses camarades, bien au contraire ; il était très heureux d'échanger avec eux et appréciait de leur venir en aide sur n'importe quel point. Toujours avec le sourire, avec calme et douceur, et avec une modestie à toute épreuve face à leurs compliments.

Mais, au fond, parfois, sans qu'il ne puisse réellement rien y faire, leur existence le faisait soupirer. William n'était pas fier de ce sentiment, et parvenait d'ailleurs généralement à le mettre de côté ; mais il refaisait surface dès qu'un peu de fatigue ou de lassitude prenait le dessus. Ils étaient bien gentils, ces gens... normaux... mais ils n'avaient pas une once d'intérêt. Ils l'ennuyaient. Tous la même rengaine, les mêmes centres d'intérêt, les mêmes goûts, et les mêmes besoins... Ennuyeux. C'était plus fort que lui ; il adorait interagir et sympathiser avec eux ; mais une petite part de lui ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine condescendance à l'égard de cette masse grise et bruyante. Il se savait différent, et dans certains moments, la présence de ces êtres si banals autour de lui... lui faisait simplement ressentir encore plus fortement à quel point il était à part. Et la solitude qui l'envahissait un peu plus chaque jour ces temps-ci s'accentuait douloureusement lorsqu'il se trouvait près de joyeux groupes d'élèves comme celui présent à cet instant.

Alors qu'il tentait de noyer les bruits de fond de plus en plus nombreux des conversations dans la lecture d'une encyclopédie quelconque, un éclat de rire beaucoup plus intense que les autres (et dont le volume sonore dépassait très certainement celui normalement autorisé dans une bibliothèque) lui fit relever la tête.

𝐏𝐥𝐚𝐲 𝐭𝐡𝐞 𝐆𝐚𝐦𝐞 | ᴡs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant