des rails

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23:18, 2012. point de vue ken.

— on parie combien que louis va me retomber dessus ? ça sert à rien que j'me ramène si j'ai envie d'me barrer au bout de cinq minutes !

cigarette à la bouche, dix minutes qu'elle me supplie de pas la sortir du lit.

— tu sais très bien comment ça va s'finir : ils m'aiment pas, je les aime pas, tu vas encore devoir te justifier pendant des heures et des heures sur le pourquoi du comment tu me fréquentes toujours, et pire, pourquoi tu me ramènes encore en soirée ! tu vois bien que j'suis pas la seule à y voir un problème ken, elle me retombe dessus en voyant que je renfile mon t-shirt. je.. je comprends pas pourquoi tu t'obstines.

céleste se dédouane maladroitement en voulant à tout prix laisser mes sentiments de côté. elle se retient d'ajouter, sûrement pour pas me blesser, que nous deux, c'est la cause du problème qu'elle soutient. on se voit pour une raison qui semble lui échapper, ou qu'elle a du mal à endosser.

elle n'aime chez moi que l'image que je me fais d'elle. c'est tout ce qui l'intéresse.

— habille-toi, on va être en retard, je réponds en regardant l'heure sur ma montre.

— comme si t'en avais quelque chose à foutre, elle lève les yeux au ciel, puis écrase sa clope dans le cendrier.

— puis c'est bon, tu les calcules pas, ils auront toujours quelque chose à dire de toute façon.

— comme si j'en avais quelque chose à foutre, pour le coup, elle rigole, amusée.

— alors lève-toi.

j'attends patiemment sur le canapé de sa chambre qu'elle se change, tout en m'énumérant dans le vide toutes les raisons qui la pousserait à ne pas me tenir compagnie à cette soirée. céleste ne comprend pas que c'est pertinemment pour toutes ces raisons que je tiens à ce qu'elle m'accompagne.

faut bien que mes potes se fassent à l'idée de notre relation, et qu'ils continueront à la revoir dans les alentours, puisque c'est quand même grâce à elle que j'ai un toit sur la tête.

— ken, t'aurais pas vu mon sac ?

— sous ta table de chevet, je réponds sans la regarder.

— ah ! elle se met à quatre pattes comme si elle voulait à tout prix que je détourne mon attention sur elle. on y va ?

— ah bah tu vois, maintenant c'est toi qui veux y aller, je me lève en me tenant dos à elle pendant qu'elle soigne son rouge à lèvres dans la glace.

— j'veux juste que ça s'finisse, elle m'attrape la main pour me faire signe d'ouvrir la porte de sa chambre.

on dit au revoir à son grand frère qui est assit dans le salon à pianoter sur son ordinateur avant de sortir de l'appartement.

— ça fait deux semaines qu'il est là, il a pas bougé une seule fois.

— j'sais, elle me répond sèchement en marchant collée à moi, histoire de me dire de pas m'en mêler.

céleste aime son frère plus que tout au monde. elle sait qu'il va pas bien, qu'il a jamais été bien, mais on dirait presque qu'elle a lâché l'affaire. je crois qu'elle a simplement du mal à assumer que ça a dépassé le stade de la dépression.

aquarius (nekfeu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant