des passés

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22:55, 2012. point de vue ken.

ma vie, c'est une sorte de bordel à sensations très fortes qui arrivent en même temps avec intermittence.

je suis assis sur les sièges en métal du quai, de l'autre côté cette fois. j'étais chez céleste pour qu'on s'explique et elle en profité pour me dire tout ce qui allait pas chez moi. alors j'ai fait pareil.

le problème, c'est que elle, elle était juste. j'ai senti qu'elle avait préparé ces derniers jours une liste de toutes les choses qu'elle détestait chez moi, histoire de libérer sa rancune une bonne fois pour toute si jamais j'en venais à me pointer devant chez elle. moi, j'ai juste fait le lâche. j'ai pas accepté qu'elle puisse me comprendre mieux que moi-même, alors qu'elle m'a donné l'impression tout au long de notre semblant de relation qu'elle ne me connaissait pas vraiment. mais céleste, c'est quelqu'un qui jouit du silence. il n'y a que quand je ne parle pas qu'elle peut me comprendre.

— tu m'attendais ?

— ouais, je réponds en sursautant, avec aucun charisme.

c'est vrai, je l'attendais. je m'attendais pas à ce qu'elle soit vraiment là, mais je me suis dit que y'avait des chances pour qu'elle le soit.

j'avais besoin d'entendre ce qu'elle avait à dire à propos de l'amour. j'allais partir faire un tour à la base, puis je suis passée devant la station de métro. j'ai directement pensé à juliette. notre discussion me trotte dans la tête depuis que j'ai parlé avec céleste.

— ah, vraiment ? elle me répond sur le même ton, un peu étonnée de me voir lui parler avec autant de sincérité.

— j'avais juste envie d'parler avec toi.

— elle t'as quitté. c'est ça ?

— pas vraiment ce dont j'avais envie de te parler, mais c'est ce qui m'a trainé jusqu'ici, ouais.

— vous les mecs, vous avez toujours besoin d'un passe-temps, elle me répond en levant les yeux au ciel, un sourire un peu arrogant sur ses lèvres.

— quand tu m'as dit que y'avait pleins de façons d'aimer quelqu'un, tu voulais dire quoi par là ?

— t'es juste venu ici pour que j'te parle d'amour, juliette rigole, j'ai compris.

le métro arrive en station alors juliette se met dos à moi pour ouvrir les portes du wagon qui lui font face. je la suis, et une fois à l'intérieur, elle s'allonge sur deux sièges d'un carré.

— j'ai quel intérêt à discuter avec toi ? elle me demande en lissant les plis de son jogging.

je prends quelques secondes pour lui répondre. j'ai pleins d'options possibles, mais elle a l'air difficile à convaincre.

— tu passes pas ton trajet toute seule.

réponse nulle. elle soupire. j'aurais pu lui offrir mieux, mais elle est bien trop intimidante.

— ça me dérange pas, d'être toute seule.

— t'as l'air de l'être en tout cas.

— je le suis pas.

— j'avais une chance sur deux.

aquarius (nekfeu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant