Un rayon de soleil réchauffe soudain ma coque. Ça y est, je suis libre ? Le visage de Calliope me sourit. Je crois, du moins. Ma batterie est presque vide, je me sens fragile. Elle s'empare de moi, qu'il est bon de revoir toutes ces couleurs ! Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?

Une fois relié au chargeur d'alimentation, j'y vois tout de suite plus clair. La date s'affiche sur mon écran. Ça ne fait qu'un pauvre jour qu'on m'a coupé de la lumière ! En toute apparence, Calliope profite de l'absence de ses parents. En tout cas, je n'entends pas le moindre bruit, autour. Bizarre, ses coups d'œil sur la porte se répètent. Elle ne doit pas avoir beaucoup de temps. J'en profite pour afficher une série de notifications sur mon écran d'accueil. Plusieurs mentions « j'aime » sur ses photos Pixnpost, quelques mails publicitaires et deux sms.

Mélanie « ??? »

Brad « Alors ? Qu'est-ce... »

Mon amie ouvre ce dernier message pour y découvrir « ... que ça a donné ? Mon père m'a dit que tonton avait appelé. » en guise de suite. Deux œillades supplémentaires sur la porte plus tard, ses doigts rédigent sa réponse. Non, maintenant c'est clair. Elle n'a pas l'air rassuré.

« Privée de portable, ça me gonfle. J'ai pas trop de temps, on se voit bientôt de toute façon. Bisou »

Elle n'a pas le temps d'ouvrir le message de Mélanie que deux silhouettes couvrent la lumière devant la porte. Ni une, ni deux, Calliope arrache le cordon d'alimentation et me jette à son tour dans le tiroir, qu'elle ferme aux trois-quarts. Non ! Pas encore... Je ne vois plus que son dos et l'entends saluer ses parents. Ils lui répondent d'un ton froid. Il me semble même que sa mère ne dit rien.

— Qu'est-ce ... Tu fais... ce tiroir ? interprété-je à partir de la voix de son père.

Cette fois, Calliope pousse le tiroir à son terme mais le bougre claque. Me revoilà plongé dans le noir, j'ai horreur de ça. Un frisson me fait vibrer contre le bois. C'est la réponse de Brad. J'entends la voix de son père s'élever à nouveau. Celle de mon amie lui répondre en éclats, avant de se briser. Les marches de l'escalier tonnent encore aujourd'hui, et je devine à travers ses plaintes les pleurs de ma pauvre Calliope.

SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant