Silence

VII

Les premières semaines de cours ont été calmes. Trop calmes, peut-être. Quel ennui ! Au collège, Calliope ne peut pas risquer de me sortir à tout va. Je commence tout juste à m'y faire. Le soir, au moins, on partage du temps ensemble. Elle alimente peu son compte Pixnpost depuis les vacances d'été. C'est dommage. Le plus clair du temps, elle se contente de balayer mes notifications. La dernière fois qu'elle s'y est rendue, j'ai fait le constat que son nombre d'abonnés a diminué. En même temps, ma petite Calliope, la clé du succès c'est la régularité.

A la maison, j'ai trouvé les Vidar un peu froids avec elle. Depuis leur découverte de ce qu'elle a fait à Amel, ses parents exigent d'elle « de se prendre en main », selon les mots de son cher paternel. A part ça, il arrive à Calliope de me prêter à son petit frère. J'ai horreur de ça. J'ai toujours l'impression que Simon va me rayer l'écran ou, pire, renverser son jus d'orange sur ma belle coque. La plupart du temps, le gamin se contente de se prendre en photo ou de jouer à des jeux, mais on ne sait jamais.

Une bonne nouvelle a quand même égayé mon amie la deuxième semaine de septembre. Sur Misseeve, un de ses copains de classe l'a ajouté au groupe privé des quatrièmes. Pour l'instant, elle n'y a rien publié. Je crois qu'elle n'ose pas. Peut-être parce que Mélanie veille à y poster tous les jours ?

Leur relation ne s'est pas améliorée. Ni empirée, d'ailleurs. Toutes deux s'ignorent. C'est sans doute mieux comme ça. Le problème, c'est qu'au collège, seuls Brad et deux ou trois amis s'adressent à elle. Je pensais ma petite Calliope plus populaire que ça.

J'ai été bien surpris quand, l'autre jour au réfectoire, elle m'a fait tomber en même temps que son plateau. J'étais trempé de sauce bolognaise, quelle insulte ! Et dire que j'ai suspecté Simon de me souiller le premier... Enfin, au moins, ça a fait rire toute la cantine, y compris mon amie. Alors qu'elle me nettoyait l'écran, il me semble même l'avoir vue rire jusqu'aux larmes.