Let me hate you! Tome 2

Chapitre 1

Tu auras l'impression que cette peine va durer pour l'éternité, que tu parviendras jamais à l'apaiser. Malgré ça, rappelle-toi que tout ça ne dure qu'un temps et qu'on finit toujours par guérir.

Suis-je guéri ?

Je souris toute seule face à cette question absurde. Les personnes bousillées comme moi ne guérissent jamais. Elles se bercent d'illusions, pensent qu'elles finiront par remonter la pente puis quand elles sont sur le point de réussir, il arrive à nouveau quelque chose qui saccage tout sur son passage, en prenant le soin de vous rappeler que la vie n'a rien d'un conte de fée.

Pourtant, j'ai beau me repasser l'histoire en boucle, je comprends toujours pas comment tout ça a pu arriver, pas même un peu.

Mais cette fois ci j'ai appris de mes erreurs, je ne me suis pas repliée sur moi-même, je n'ai pas laissé la douleur me faire sombrer. J'ai passé cet examen que j'avais déjà raté une fois et je l'ai eu. J'ai même décroché ma place pour l'université privé de Miami et obtenu mon permis de conduire. En cinq mois j'ai plus avancé dans ma vie que ces dix dernières années alors pourquoi n'arrivais-je pas à ressentir ne serait-ce que de la fierté pour tout ce que j'ai réussi à accomplir ?

Tout simplement parce que je suis arrivée à un stade où je n'ai plus d'émotions. Je m'en fous de tout, encore plus qu'avant. Je ne suis pas triste, ni en colère. Je ne suis rien, je suis vide. Ça fait des mois que la solitude est devenue ma plus fidèle amie. Se manifestant même dans une foule pleine de gens, accompagné du sentiment que t'as plus rien. Plus rien, et plus personne.

Au moment où cette pensée me traversa, ma tante me fit revenir à l'instant présent en pressant mon épaule avec sa main et je me sentis coupable d'avoir de telles pensées alors que j'ai deux femmes extraordinaire à mes côtés qui se battent pour moi depuis des mois pour l'une et des années pour l'autre.

- Victoire ma chérie, tu te sens bien ? Tu sais que tu peux sortir si tu as besoin de prendre l'air.

L'inquiétude dans la voix de ma tante fit retourner ma grand-mère et toutes deux se mirent à me jauger, ce demandant combien de temps vais-je réussir à tenir le coup avant de m'effondrer une nouvelle fois.

Je me force à sourire, voulant les rassurer comme je peux mais la vérité c'est qu'elles ont raison de s'inquiéter car à la seconde ou j'entends la voix du premier homme à avoir causé ma perte, j'ai envie de vomir. Elle n'a rien à voir avec celle de mon souvenir, elle est froide et éteinte comme si aucune âme ne l'habitait. Si je n'avais pas entendu le juge prononcer son nom j'aurais été incapable de le reconnaitre. Comment cet homme est-il devenu un tel inconnu pour moi ?

J'ai l'impression de ressentir une dizaine d'émotions en même temps sans savoir comment toutes les gérer d'un coup.

Malgré la curiosité, je garde les yeux fixés sur le dos de ma tante devant moi. Je me suis volontairement mis derrière elle et Mamita pour être le plus cachée possible. Redoutant que l'un ou l'autre ne s'adresse à moi directement.

J'ai beau ne rien voir de ce qui passe autour, j'ai l'horrible sensation de sentir le poids du regard d'Alan sur moi. Je suis certaine que si je levais les yeux à ce moment même, ils tomberaient sur ce regard fou et ce sourire diabolique qui le caractérise tant et qui hante encore mes nuits de temps en temps.

Un frisson me parcourut tout le corps et je crus d'abord qu'il était causé par l'évocation de ce souvenir mais quand j'entendis mon père marquer un temps d'arrêt et que je sentis quelqu'un s'assoir à côté de moi, je compris que tout ça n'avait rien à voir avec lui.

L'odeur de son parfum est la première chose que je reconnus avant de sentir mon cœur se mettre à battre à toute vitesse.

J'eus envie d'appeler ma tante ou Mamita pour être sûre que je ne rêve pas mais je suis incapable de bouger, de prononcer un mot par peur de me rendre compte que je n'imagine rien, qu'il est bien là à quelques centimètres de moi. Qu'après tous ces mois d'absences il a fini par revenir.