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1. Un malheureux soir de Noël

Adam

     Les mains dans les poches de mon manteau noir, mon visage enfoui sous mon écharpe, les flocons tombent par centaines chaque secondes. Je plisse les yeux en marchant dans les rues de Séoul tiraillé par la basse température. Les illuminations et devantures des magasins décorés pour les fêtes éclairent les rues. Autour de moi, des couples, des familles, des amis. Tous, tous ont le sourire aux lèvres. Je me demande pourquoi cette fête rend les gens si heureux. Est-ce que j'ai déjà fêté Noël ? Je n'en ai aucun souvenir, cela fait des années que je passe Noël seul, et quand on est seul, rare sont ceux qui ont l'envie de le fêter.

L'ennui commence à se faire sentir, je sens mes poings me brûler et me gratter. Je ne devrai pas tarder à rentrer à la maison pour me soigner avant que ça ne s'infecte.

Le bruit de mes baskets dans la neige me satisfait. Sans doute la seule chose que j'apprécie durant cette période.

- Quoi ? Non ! Donovan je t'en supplie tu peux pas tout arrêter comme ça ! S'écrit une voix féminine.

Comment peut-on crier comme ça en pleine rue devant pleins de passants. Il faut vraiment avoir aucune gêne. En levant la tête je vois une jeune femme avec un jeune homme, à quelques mètres d'eux j'arrive à distinguer les larmes monter aux yeux de cette tête brune. Pourquoi crie t-elle ainsi ?

- Jody, je t'en prie, écoutes moi. On ne peut pas continuer, lui répond le garçon qui l'accompagne.

J'ai bien l'impression d'assister à une rupture. C'est assez gênant comme situation.

- Dis moi la vérité ! C'est à cause de cette Anna ?! C'est ça hein ? Lui demande t-elle toujours en haussant le ton.

Le garçon baisse la tête sans dire un mot. La jeune femme reste bouche bée, même sans un mot elle a eu sa réponse. Une histoire de tromperie ? Eh bien, c'est fort embarrassant. Comment peut-on se mettre dans un état pareil pour une personne.

La jeune femme tombe sur ses genoux en sanglot, le garçon avec sa tignasse blonde quant à lui s'excuse avant de s'en aller et de la laisser planter là.

Les pleures de cette fille retentissent dans toute la rue, les passants la regardent d'un air mal à l'aise. Comment on peut se donner en spectacle de la sorte. Est-ce que je devrai la laisser se taper la honte ? Je ne vois pas pourquoi j'irai lui venir en aide.

En faisait demi tour je l'entends m'interpeller.

- Eh toi ! S'écrit-elle la gorge nouée.

Je me retourne pour lui faire face, je ne dis rien, je la regarde les joues remplis de larmes. Elle se relève en essuyant ses larmes. Ça y est, elle va vouloir déverser sa colère sur quelqu'un et il fallait que ça tombe sur moi.

La jeune femme s'approche de moi, n'osant pas me regarder dans les yeux.

- Est-ce que t'aurais de l'argent pour un taxi ? Me demande t-elle gênée.

Nos regards se croisent pour la première fois, malgré que ces yeux soit rougis j'aperçois la couleur marron de ses pupilles.

- Je rêve ou t'es en train de mendier ? Je lui demande surpris. Déjà que tu te pleures devant tout le monde maintenant tu demandes de l'argent ? Je reprends en laissant échapper un léger rire et en haussant les sourcils.

Cette fille n'a vraiment aucune honte.

- J'ai pas pleurée devant tout le monde déjà, dit-elle peu convaincue et gênée en regardant tout autour de nous. Bon allez j'ai plus rien sur moi, j'ai tout dépenser de ce qui me restait dans ce restaurant.

- Attends t'es en train de me dire que t'as payé le restaurant pour après te faire quitter comme une malpropre ? Je demande en essayant de garder mon sérieux.

- C'est bon fais comme si tu n'avais rien vu d'accord ? Dit-elle avant de se retourner et de s'apprêter à partir.

- Eh ! Cris-je.

La jeune femme se retourne pour me regarder le regard interrogateur.

En m'avançant vers elle je sors un billet chiffonné de ma poche. Ses yeux se fixent pendant quelques secondes sur ma main amochée. Elle prend le billet sans faire aucune remarque.

- Merci de ne pas avoir rendu ma soirée encore plus merdique, dit-elle en m'offrant un léger sourire avant de se retourner et de partir pour appeler un taxi.

Je pouffe de rire. Eh bien c'est donc ça la magie de noël ? Un si petit geste peut rendre le sourire à quelqu'un ?

Après quelques secondes à poireauté au milieu du trottoir je décide de rentrer chez moi.

Assis sur le rebord de la baignoire; mes mains désinfectées je met un bandage pour recouvrir mes blessures. J'ai eu chaud cette fois ci, j'aurai pu perdre, mon adversaire était de taille, cela faisait longtemps que je n'avais pas combattu un homme avec une telle puissance.

Au rythme de tes poings. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant